Le secteur tunisien des assurances souffre de carences structurelles, mais il ne manque pas d’atouts et son potentiel de croissance reste important.
Dans une étude intitulée «Enjeux et opportunités pour le développement du secteur des assurances tunisien» publié dans le N° 10 (1er semestre 2017) de ‘‘Mac Info’’, bulletin d’analyse financière de l’intermédiaire en bourse Mac SA, Ghazi Boulila passe en revue la situation de ce secteur qui connaît une profonde mutation dans le monde, avec «un accroissent de la concurrence, une transformation des modèles de distribution, une digitalisation accrue de la relation avec les clients, une conformité réglementaire de plus en plus exigée, une multiplication des services associés et une pression à la libéralisation».
Ces mutations, les acteurs du secteur de l’assurance tunisien devront s’y adapter «en renouvelant leur business model et en reconsidérant en profondeur leur mode de gouvernance, leur organisation et leur réseau de distribution», estime M. Boulila, qui fait remarquer, au passage, que le secteur tunisien des assurances reste dominé par l’assurance des véhicules en raison de l’accroissement constant du parc d’automobile et du nombre d’accident de la route.
«Les autres activités mobilisatrices d’épargne comme celles liées à l’assurance vie et à la retraite par capitalisation complémentaire sont peu développées par rapport à la moyenne mondiale. Cette faiblesse est due à l’importance du sentiment de solidarité entre les membres des familles en général et au fort comportement altruiste des enfants envers leurs parents. Ces comportements remplacent en fait en partie l’assurance vie et les compléments de retraite puisqu’ils permettent des transferts de fonds d’une part entre les membres d’une même famille et d’autre part entre les jeunes actifs et leurs parents à la retraite», analyse le professeur universitaire.
Conséquence de ces contraintes structurelles : un faible taux de pénétration (rapport entre le chiffre d’affaires global hors transactions internationales et le PIB) dans l’économie qui est estimé à 2% contre un taux moyen mondial proche de 6,5% et une faible densité (chiffre d’affaires par tête d’habitant) évaluée à 150,517 dinars tunisiens (DT) en 2015 contre une moyenne mondiale proche de 1500 DT.
«Presque la moitié de cette prime d’assurance est consacrée à l’assurance automobile et environ 16% est réservée à l’assurance vie dont une bonne proportion est liée à l’activité des crédits bancaires aux particuliers», souligne M. Boulila, qui fait remarquer que «ces proportions sont inversées dans les pays développés dont le portefeuille est constitué entre 50 et 70% par l’assurance vie.» Et pour ne rien arranger, déplore le chercheur, «la majorité des Tunisiens ne sont pas satisfaits de la qualité des prestations, des délais de règlements et de la tarification des assurances et surtout celles automobiles.»
Malgré de ces carences structurelles, qui risquent de perdurer, le secteur tunisien des assurances ne manque pas d’atouts et dispose d’un fort potentiel de croissance à exploiter à court et moyen termes.
Dans ce contexte, le chercheur propose plusieurs pistes pour assurer cette croissance: développer l’assurance vie dans l’objectif de mobiliser l’épargne et améliorer la situation financière des compagnies; améliorer l’image des compagnies en réduisant le retard excessif de l’indemnisation et la lourdeur des procédures administratives; renforcer le réseau de distribution traditionnel par l’introduction des nouvelles technologies d’information et de communication, et notamment le digital et l’exploitation du canal internet haut débit, du mobile et des réseaux sociaux (Facebook, réseau professionnel Linkedin, etc.); développer la bancassurance pour consolider le partenariat gagnant-gagnant entre les banques et les compagnies d’assurance et partager ainsi les risques.
I. B.
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