Le rythme de raréfaction des ressources énergétiques s’accélère en Tunisie mettant en danger l’approvisionnement futur sur le marché pétrolier à un prix imprévisible.
Par Imed Bahri
Si l’Etat n’agit pas rapidement, en relançant l’exploration et la production, cette situation grèvera lourdement les déficits jumeaux du pays.
C’est la conclusion d’une étude intitulée ‘‘Tunisie : histoire des réserves pétrolières’’, réalisée par Nouri Fethi Zouhair, professeur en sciences économiques à la Faculté des Sciences économiques et de Gestion de Tunis, spécialiste dans les questions énergétiques et financières, publiée dans le ‘‘Billet économique’’ de l’intermédiaire en bourse Mac SA (n° 37, août 2017).
Depuis les premières découvertes d’hydrocarbures en Tunisie en 1964, date de la première la plus importante découverte d’huile au Sahara tunisien (El-Borma) jusqu’à aujourd’hui, les découvertes cumulées pétrolières effectives s’élèvent à peu près à 2 milliards de barils dont 1,5 milliard de barils ont été déjà exploités, rappelle l’expert.
Quant aux découvertes de gaz, ce dernier les évalue à 123 milliards de m3 jusqu’à 2014, dont 65 milliards ont été extraits, ajoute-t-il.
Par ailleurs, «les réserves prouvées restantes s’élèvent à 496 millions de barils pour le pétrole et 59 milliards pour le gaz» et, au rythme actuel de la production, «il restera encore aux Tunisiens 17 ans de pétrole», avertit M. Nouri.
Les chômeurs bloquent le réseau de transport de pétrole et de gaz à Tatouine et Kébili.
En d’autres termes, la Tunisie enregistre une dégradation de son indépendance énergétique, qui est passée de 93% en 2010 à 56% en 2017, mettant ainsi en péril les approvisionnements futurs de la Tunisie. D’autant que, selon la direction générale de l’Energie, les resserves énergétiques prouvées de la Tunisie s’élèvent à 419 Mtep, dont 296 Mtep déjà épuisées, laissant dans le sous-sol tunisien l’équivalent de 123 Mtep, réparties entre 54% pour le pétrole et 46% pour le gaz.
«D’ici 2030, la production du pétrole brut chutera de 2,3 MTep en 2016 à 0,5 Mtep en 2030, le gaz suivra la même tendance baissière pour passer de 2Mtep à 1Mtep au cours de la même période de prévision», souligne l’expert, qui parle d’un «avenir sombre» de l’approvisionnement énergétique de la Tunisie, au moment où, sous la pression des chômeurs bloquant les sites de production et les réseaux de transport de pétrole et de gaz, notamment à Tataouine et à Kebili, obligent les entreprises étrangères à mettre la clé sous le paillasson.
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