Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Dix mois après la conférence «Tunisia 2020», les promesses d’aides à la Tunisie de la part de ses amis et partenaires internationaux ont presque déjà été oubliées.
Dans un article intitulé ‘‘Emprunts extérieurs : où sont les amis de la Tunisie ?’’, publié le 30 septembre 2017 par l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE), l’économiste Chafik Ben Rouine rappelle qu’à la conférence internationale «Tunisia 2020», tenue à Tunis les 29 et 30 novembre 2016, les amis et partenaires de la Tunisie lui avaient promis des financements de 34 milliards de dinars à la d’ici 2020, en faisant remarquer qu’à fin juillet 2017, aucun appui budgétaire bilatéral ou multilatéral n’a été enregistré dans les caisses de l’Etat. Aussi l’Etat tunisien a-t-il dû faire appel aux marchés financiers internationaux pour combler le manque de soutien financier de ses partenaires.
«Suite à la conférence « Tunisia 2020 » censée redonner confiance aux partenaires et amis de la Tunisie, les médias, les observateurs et les autorités tunisiennes étaient unanimes à souligner ce tournant historique avec un résultat inespéré : un engagement de 34 milliards de TND d’ici 2020», écrit l’économiste. Et d’ajouter : «Cependant, à la suite des deux réunions de suivi avec les parrains de cette conférence (Qatar, France, Banque Mondiale, Banque européenne d’investissement), en mai et en septembre 2017, le ministre des Affaires étrangères a été très discret sur les retombées concrètes de cette conférence. Et pour cause, selon les derniers chiffres du ministère des Finances datant de juillet 2017, à cette date, aucun appui budgétaire bilatéral n’a été enregistré dans les caisses de l’Etat. Pire, alors que l’Etat avait prévu d’emprunter quasiment 4 milliards de dinars d’appui budgétaire multilatéral (auprès des institutions financières internationales), les caisses de l’Etat étaient encore vides à la fin du mois de juillet 2017.»
Cela a obligé l’Etat à recourir aux marchés financiers internationaux à travers deux grands emprunts, rappelle M. Ben Rouine : un emprunt de 850 millions d’euros auprès des marchés financiers internationaux et un emprunt de 998 millions de dollars auprès du Qatar, dont la moitié permet de rembourser un ancien prêt qatari sur lequel, sinon, la Tunisie aurait fait défaut.
«Ces deux emprunts ayant déjà été transférés dans les caisses de l’Etat en totalité, les marges de manœuvre de la Tunisie face à ses bailleurs de fonds se trouvent réduites à néant», souligne l’économiste, qui s’interroge, à juste titre : «Où sont les amis de la Tunisie? Ceci traduirait-il une résistance (de la part des autorités financières, Ndlr) aux conditionnalités de réformes, contrepartie des prêts prévus ?»
I. B.
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