Bassem Loukil, Khalil Laabidi et Anis Jaziri.
La première édition du Financing, Investment and Trade in Africa (FITA) aura lieu les 6 et 7 février 2018, à Gammarth, au nord de Tunis (Tunisie).
Plus de 1000 opérateurs économiques tunisiens se sont inscrits à ce 1er rendez-vous consacré au financement en Afrique, organisé par le Tunisia-Africa Business Council (TABC), sous l’égide du chef du gouvernement d’union nationale, Youssef Chahed.
Organisé dans le cadre d’un partenariat public/privé, le FITA a pour objectif d’inciter les investisseurs tunisiens à aller davantage dans le continent africain qui compte aujourd’hui 1,2 milliard d’habitants et devrait, selon les dernières statistiques, atteindre, en 2050, les 2,5 milliards, soit près du quart de la population mondiale.
La Tunisie encore à la traîne
C’est ce qu’a souligné dans son mot de bienvenue, Khalil Laabidi, Pdg de l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa), hier, vendredi 2 janvier, lors d’une rencontre avec les représentants des médias, à Tunis, en présence de Bassem Loukil, président du TABC, et d’Anis Jaziri, le secrétaire général.
L’investissement et le commerce en Afrique constituent, aujourd’hui, un sujet qui intéresse le monde entier, de la Chine à la Turquie et de l’Europe aux Etats-Unis. «Etant des Africains nous-mêmes, nous devons être parmi les premiers à aller dans les pays africains subsahariens, dont certains affichent un taux de croissance entre 6 et 11%», a ajouté M. Laabidi.
Khalil Laabidi.
Une diplomatie économique encore timide
Les Européens n’ont pas beaucoup traîné pour aller dans ce continent plein de promesses et d’opportunités.«La Banque européenne d’investissement (BEI), ainsi que d’autres institutions financières y sont bien présentes. Nous autres Tunisiens nous devons essayer de jouer le rôle de hub entre l’Europe et l’Afrique. Et c’est ce que nous essayons de faire à travers cette conférence, qui est le fruit d’un partenariat privé/public», a expliqué le Pdg de la Fipa.
Tout en rappelant que près de 70 hommes d’affaires tunisiens ont déjà l’expérience du business en Afrique et sont bien outillés pour y réaliser des réussites, M. Bassem a enchaîné: «Nous avons préparé le terrain pour faciliter à nos opérateurs économiques la tâche d’identification d’opportunités et d’investissement en Afrique. Notre objectif est de réussir cet événement organisé en partenariat avec le gouvernement ainsi qu’avec la Fipa et le Cepex» (Centre de promotion des exportations).
Principal maillon faible : le transport
«Pour réussir dans cette mission, nous devons mettre en place une stratégie, comme l’ont fait certains pays, comme la Chine et la Turquie. Nous avons, certes, ouvert quelques lignes aériennes vers plusieurs pays subsahariens, mais pour revenir en force dans ces pays, il faut investir davantage, et ce n’est pas en 24 heures que l’on va réussir à nous y implanter durablement. Puis, il faut tout un programme parrainé par le gouvernement, qui a, d’ailleurs, répondu favorablement à nos sollicitations et s’est engagé à intensifier davantage notre diplomatie économique», a souligné le Pdg du TABC.
Il y a encore plusieurs obstacles qui empêchent le développement des échanges commerciaux et des investissements tunisiens en Afrique. Parmi ces obstacles, les coûts élevés du transport des marchandises par voies maritime ou aérienne. «Nous devons multiplier les lignes aériennes et créer des lignes maritimes tunisiennes vers les pays du continent, car ce n’est qu’ainsi que l’on pourrait réduire les coûts du transport et faire respecter les délais des livraisons», a lancé M. Loukil, tout en déplorant que les marchandises tunisiennes sont parfois bloquées des jours voire des semaines, pour diverses raisons, avant d’être acheminées vers leurs destinations. «Nous devons assurer nous-même le transport», a-t-il martelé.
Bassem Louki et Khalil Laadidi.
Autre maillon faible : le financement
M. Loukil a évoqué un autre obstacle majeur au développement des échanges commerciaux et des investissements de la Tunisie avec l’Afrique : les difficultés de financement. «La Loi des Finances 2018, dans sa version actuelle, n’aide pas à l’investissement», estime M. Loukil. Qui s’empresse d’ajouter: «Nous comprenons la situation économique difficile du pays et le souci du gouvernement de rééquilibrer les finances publiques, mais il faut soutenir les entreprises capables de réussir à l’international, et à cet égard, les banques tunisiennes, dont la présence en Afrique subsahariennes reste très timide, ont beaucoup d’effort à faire pour rattraper leur retard».
M. Loukil cite en exemple l’Egypte, qui dispose de 27 représentations bancaires en Afrique, ou encore la Chine, qui en a 11, ou même la Turquie, qui a mis en place toute une stratégie de financement pour le financement de son business dans les pays africains.
Malgré les carences et les manques soulignés, M. Loukil estime que «la Tunisie jouit d’une certaine notoriété dans les pays africains, grâce à la qualité de ses produits, et a tous les atouts en main pour s’imposer dans cet immense marché».
Tout en se félicitant que plusieurs banques ont confirmé leur participation au FITA, le président du TABC, a appelé les opérateurs à saisir cette occasion pour nouer des relations avec les banques et les institutions financières, afin que celles-ci les accompagnent à la conquête des pays subsahariens
Anis Jaziri a donné un avant goût du programme de cette première édition du FITA, qui se déroulera sur 2 jours à l’hôtel Le Palace, à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, en présence de plusieurs responsables du gouvernement, de décideurs publics, d’opérateurs privés, et notamment de banquiers, assureurs et experts économiques, qui réfléchiront sur les moyens d’aplanir les obstacles et d’identifier les moyens susceptibles de développer le commerce et l’investissement entre des pays africains.
Plus d’informations sur la page Facebook du TABC.
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