En remportant la finale de la Coupe du Monde 2018 devant la Croatie hier, dimanche 15 juillet 2018 (4-2), avec la France, Didier Deschamps est entré un peu plus dans l’histoire du football mondial.
Par Hassen Mzoughi
Vingt ans après avoir soulevé le premier Mondial de la France en tant que joueur et capitaine, il a acquis un second trophée mondial en tant que sélectionneur. Seulement deux hommes avaient réalisé cet exploit monumental avant lui : Mario Zagallo, qui a remporté la Coupe du Monde sur le terrain en 1958 et 1962 puis sur le banc en 1970 avec le Brésil, et Franz Beckenbauer, vainqueur en tant que joueur en 1974 puis en 1990 avec le costume de coach de l’Allemagne.
Le boss de la France depuis six ans ne s’arrêtera pas en si bon chemin, vu qu’il est sous contrat avec la Fédération française de football (FTF) jusqu’en 2020. Après sa consécration, et malgré les critiques, Deschamps peut donc rêver plus grand en vue de l’Euro 2020.
Il s’est forgé un palmarès et une culture en Italie.
En 1998, l’équipe de France a gagné la Coupe du Monde; elle le doit aussi à l’Italie. C’est là-bas, dans ce championnat si tactique et relevé, que les Thuram, Blanc, Zidane et Deschamps ont acquis la dimension qui leur a permis de mener les Bleus au sacre.
«DD» n’a jamais caché l’influence que ce pays a eue sur lui. Cette fameuse culture de la gagne. «Dans le foot, il faut être efficace dans les deux zones de vérité et montrer du réalisme. L’Italie a toujours eu de la qualité dans ce domaine. Moi j’essaye d’améliorer l’équipe dans ce secteur-là», répète Deschamps 20 ans après, en parlant de l’équipe de France.
C’est sans doute grâce à l’Italie qu’il est devenu l’entraîneur d’aujourd’hui. Avant de s’asseoir sur le banc turinois, Deschamps a évolué pendant cinq saisons avec la Juventus. Mais, surtout, il s’est forgé avec la Vieille Dame un palmarès incomparable.
Déjà vainqueur de la Ligue des champions avec l’OM en 1993, il récidiva trois ans plus tard, en 1996, avant de perdre les deux suivantes, en 1997 et 1998, il remporta également trois titres de champion d’Italie, la Coupe Intercontinentale, la Supercoupe de l’UEFA, la Coupe d’Italie et la Supercoupe d’Italie à deux reprises.
«Ne rien donner à l’adversaire»
Son style et ses choix tactiques lui ont valu de vives critiques avant le début de la Coupe du Monde. Mais « DD » est devenu le premier coach à mener les Bleus vers deux finales de grands tournois (Euro 2016 et Mondial 2018) mais surtout à remporter le titre mondial.
La patte Deschamps, c’est la solidité défensive, «ne rien donner à l’adversaire», comme il le répète, c’est-à-dire éviter la moindre erreur qui pourrait tout compromettre. Cela implique à faire des efforts tous ensemble, avoir une base, pour ensuite faire mal à l’adversaire offensivement. Mais l’objectif premier c’est d’être une équipe difficile à bouger.
Si les médias ont critiqué l’absence de style de jeu et le côté trop défensif de l’équipe de France, c’est peut-être ça l’arme secrète de Didier Deschamps. La possession de la balle (à l’espagnole) n’est pas la priorité du sélectionneur qui préfère la vitesse en contre-attaque de ses joueurs et cela a payé. Et quand on dispose d’une colonne vertébrale aussi solide avec LLoris, Varanne, Umtiti, Kanté, Pogba, il n’y a pas de raison de jouer compliqué.
Depuis un mois en Russie, cette équipe de France gagne selon le «pragmatisme» associé au sélectionneur. Les Bleus s’adaptent à chaque adversaire, suivant les recommandations du coach qui demande à limiter les espaces, défendre bas pour mieux contre-attaquer.
La jeunesse a fait ses preuves.
Pour la Russie, le sélectionneur a retenu pas moins de 14 joueurs n’ayant jamais disputé une Coupe du Monde.
À la tête de la plus jeune équipe de France de l’histoire (26,4 ans), Didier Deschamps a ajusté son onze-type sans tenir compte des critiques.
Auteur d’une prestation sans relief face à l’Italie en match de préparation, Paul Pogba, devenu cible de toutes les attaques, a été retenu pour la Russie. Une confiance payante, au vu du niveau affiché par le pivot de Manchester United, récupérateur, distributeur et buteur décisif en finale.
La jeunesse a fait ses preuves. Des «cadres» confirmés, mais des jeunes recrues, principalement deux latéraux bourrés de talent : Benjamin Pavard et Lucas Hernandez. Les joueurs de Stuttgart et de l’Atlético se sont vu accorder la confiance du coach pour leurs premières sélections en Bleu. Et ça a payé : indispensable maillon de la défense française, Lucas Hernandez est l’un des joueurs à avoir remporté le plus de duels depuis le début du Mondial. Et que dire du «missile» de Benjamin Pavard, décisif face à l’Argentine ?
‘DD’ a un rôle important au niveau de la relation, de la communication. Déjà joueur il n’avait pas certaines qualités notamment techniques de Zidane, Pires, Petit… mais il en avait une essentielle : c’est un vrai leader.
Il a l’expérience des grandes occasions. Voilà pourquoi c’est l’homme fort de l’équipe de France.
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