Nous reproduisons ci-après le statut du juriste, philosophe du droit et membre de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), le Professeur Slim Laghmani, qui plonge dans les tréfonds de la personnalité de l’individu arabo-musulman et du déterminisme dont elle est le produit.
L’être humain dans son irréductible singularité, c’est-à-dire l’individu, n’a jamais été pensé par l’idéologie dominante de l’islam comme un sujet, mais comme un assujetti, un destinataire de normes; non pas comme titulaire de droits dérivés de son irréductible singularité, mais comme redevable d’obligations (et titulaire de droits dans la seule mesure où ces droits correspondent à des obligations : il n’y a de droits que par ricochet).
Du reste, la langue arabe ne nomme pas le « droit » (qui étymologiquement dérive de droiture et de rectitude, qualités humaines), elle utilise comme substitut un mot qui signifie vérité (الحق) et qui renvoie à une transcendance : si tu peux revendiquer une chose ou un comportement de la part d’autrui ce n’est pas parce tu y as droit comme individu, c’est parce que ce que tu revendiques est le Vrai, un Vrai une Vérité dont les référents te dépassent.
L’islam comme révélation n’est pour rien dans tout cela. L’islam aurait pu être pensé, compris, interprété, autrement (il l’a été par les Mu’tazilites), mais le drame des musulmans est que leur religion a été pensée, interprétée au plan politique par un empire et au plan socio-économique par une société tribale et patriarcale.
Plus que le drame, la tragédie véritable est que cet empire et cette société ont été à leur tour sacralisés et leur discours divinisé.
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