L’équipe nationale tunisienne de football disputera cette semaine deux rencontres : la première l’opposera à l’Eswatini, demain, vendredi 22 mars 2019, à Radès, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2019), en Egypte; et la deuxième sera amicale, à Blida, contre l’Algérie, le 26 mars.
Par Cherif Ben Younès
Ces deux matches ne seront pas à enjeu, étant donné que la Tunisie a déjà assuré son billet pour la phase finale de la CAN, mais ils sont tout de même importants…
D’abord parce qu’il s’agit de la dernière ligne droite avant la CAN, qui aura lieu en juin prochain, et en laquelle beaucoup d’espoir est placé compte tenu de la belle génération footballistique dont nous disposons; et ensuite parce que ce sont les toutes premières rencontres du nouveau sélectionneur, Alain Giresse, ce qui attirera forcément les regards.
Quels enseignements peut-on donc tirer, pour les différents compartiments du jeu, de la liste des 26 joueurs convoqués par le coach français ?
Gardiens
Sont convoqués : Farouk Ben Mustapha, Mouez Hassen et Aymen Mathlouthi.
Ce secteur a été particulièrement préoccupant avant le Mondial 2018 pour l’ancien sélectionneur national, Nabil Maaloul, qui était dans l’obligation et l’urgence de trouver une alternative de qualité au vétéran Aymen Mathlouthi (alias Balbouli), suite à la baisse de forme de ce dernier.
Finalement, deux gardiens sont venus le sauver : Farouk Ben Mustapha, au sommet de son art depuis son départ en Arabie Saoudite, et surtout le jeune Mouez Hassen (23 ans), qui a montré toute l’étendue de son talent pendant les préparations qui ont précédé la compétition, et également lors des 15 minutes qu’il a disputées lors du premier match de la Tunisie au Mondial, contre l’Angleterre. Un quart d’heure qui lui a été suffisant pour impressionner tous ceux qui l’ont vu, grâce à des parades aussi spectaculaires que décisives… avant de tristement quitter les siens, sur blessure. Ce fut d’ailleurs sa dernière apparition sous le maillot national.
Pour sa première liste, Giresse a logiquement choisi de faire confiance à ce trio mondialiste. Et même si le jeune gardien de l’OGC Nice (Ligue 1 française) revient tout juste de blessure et manque encore de compétitivité, sa présence et celle de Ben Mustapha semblent évidentes pour les raisons qui ont été mentionnées. Ce sont, tout simplement, les deux meilleurs gardiens tunisiens à l’heure actuelle, et on voit mal comment un sélectionneur pourrait s’en passer.
En revanche, les critiques n’ont pas tardé à faire surface en ce qui concerne la sélection de Balbouli. Recruté l’été dernier par le Club africain (CA), ce dernier n’a été, pendant toute la première partie de la saison, que la 3e option dans l’effectif du club. Toutefois, malgré cette mise à l’écart, les arguments justifiant sa sélection ne manquent pas…
Sur le plan sportif, son retour à la compétition avec le CA, ces dernières semaines, a été saillant, comme en témoigne sa série – en cours – de 8 matches consécutifs sans encaisser le moindre but.
Mais si l’ancien étoilé est là, c’est surtout pour d’autres motifs : d’abord, parce qu’il est l’un des cadres de l’EN, dont il fait partie depuis plus d’une décennie. Ensuite, parce qu’il a prouvé au Mondial, et également lors de la CAN 2013, qu’il avait suffisamment d’humilité et d’esprit sportif pour accepter d’être rétrogradé le banc, en tant que 2e ou même 3e gardien, sans polluer l’ambiance du groupe.
Aymen Mathlouthi.
Plusieurs observateurs reprochent également à Giresse la non-sélection de Rami Jeridi, titulaire avec l’Espérance sportive de Tunis (EST) depuis le début de l’année 2019. Mais là encore, le choix du sélectionneur nous semble largement compréhensible…
L’ancien portier du Club sportif sfaxien (CSS) n’est plus tout jeune (il aura 34 ans le mois prochain). Et même si les gardiens de but peuvent être performants à cet âge-là, il n’est pas judicieux de les intégrer en EN à moins qu’ils aient un impact considérable dans le vestiaire, ou les qualités pour s’imposer comme titulaires. Or, Jridi ne semble satisfaire ni l’une ni l’autre de ces deux conditions.
De plus, il ne faut pas avoir la mémoire courte et oublier les boulettes à répétition de ce gardien lors des matchs importants de la Ligue des champions africaine, en début de saison. Une irrégularité qui avait fini par lui coûter son statut de titulaire à l’Espérance (au profit de Moez Ben Chrifia, notamment lors de la finale, contre Al Ahly) et qui n’a, de toute évidence, pas dû rassurer le nouveau sélectionneur.
Défense
Sont convoqués : Larry Azouni, Ramy Bedoui, Siyam Ben Youssef, Dylan Bronn, Mohamed Drager, Oussama Haddadi , Wajdi Kechrida, Ali Maaloul et Yassine Meriah.
Ce secteur constitue un véritable casse-tête en équipe nationale, tant le niveau a été déplorable lors du Mondial, où seul Dylan Bronn (qu’on ne verra pas sur le terrain cette semaine, puisqu’il s’est blessé), avait convaincu les footeux tunisiens.
Alain Giresse a malgré tout choisi de faire confiance aux cadres habituels en défense centrale et sur le côté gauche : Ben Youssef, Meriah, Bedoui, Maaloul et Haddadi. La nouveauté se situe, en revanche, à droite, où celui qui occupe habituellement ce poste, Hamdi Nagguez, n’a pas été convoqué.
Le nouveau sélectionneur lui a préféré, entre autres, le polyvalent Larry Azouni. Capable également de jouer au milieu, en tant que relayeur ou milieu défensif, le joueur de Courtrai (1ère divison belge) occupe cette saison le poste de défenseur latéral droit, où il rivalise, chaque semaine, avec son jeune co-équipier serbe, Petar Golubovic, pour une place de titulaire.
L’ancien joueur de Nîmes faisait partie des habitués de l’EN sous l’ère Kasperczak, qui l’avait notamment emmené au Gabon, pour disputer la CAN 2017.
Auteur de prestations quelconques lors de ce rendez-vous africain, le natif de Marseille avait par la suite logiquement été ignoré par Nabil Maaloul, faisant les frais de la forte concurrence qui s’était installée dans son secteur de jeu de l’époque, le milieu de terrain, surtout après l’intégration dans l’effectif des Aigles de Carthage de deux autres franco-tunisiens : Ellyess Skhiri et Seîf Eddine Khaoui, en plus de Ghaylen Chaâlali. Trois nouveaux joueurs qui avaient des profils bien plus séduisants que celui d’Azzouni… Ce dernier a donc aujourd’hui une nouvelle carte à jouer dans un poste où la concurrence est moins rude.
Giresse a également appelé deux autres jeunes joueurs occupant le poste d’arrière droit : l’étoilé Wajdi Kechrida (23 ans, 0 sélection) et Mohamed Dräger (22 ans, 1 sélection), qui évolue en deuxième division allemande, avec le SC Paderborn 07. Deux titulaires indiscutables dans leurs clubs respectifs, et qui semblent partir de la même ligne, eux et Azzouni, pour décrocher un billet en Égypte, l’été prochain.
La quantité est donc là, pour ce poste, pouvant également être occupé par Rami Bedoui ou les absents Hamdi Nagguez et Hamza Mathlouthi, voire Sameh Derbali… en espérant que la qualité suive, sur le terrain.
Milieu défensifs
Sont convoqués : Mohamed Amine Ben Amor, Bilel Saidani, Ferjani Sassi et Ellyess Skhiri.
Pas de surprises en ce qui concerne l’entrejeu. Les habitués Ben Amor, Sassi et Skhiri sont là, même si ce dernier s’est finalement blessé. Et le «Cabiste» Bilel Saidani complète la liste.
Ce qui est à signaler, par contre, c’est le petit nombre de joueurs (4 seulement) dans ce compartiment du jeu, ce qui laisse supposer que Giresse compte mettre en place un schéma tactique à 2 récupérateurs : le 4-4-2 ou le 4-2-3-1, puisque les schémas à 3 défenseurs centraux sont à écarter pour le moment, si on en croit le sélectionneur lui-même, interrogé sur le sujet dans l’émission télévisée ‘‘Dimanche sport’’.
Milieux offensifs et excentrés
Sont convoqués : Anice Badri, Ayman Ben Mohamed, Seîf Eddine Khaoui, Youssef Msakni, Naïm Sliti, Bassem Srarfi.
Mis à part l’absence de Fakhreddine Ben Youssef (blessé), il n’y a aucune surprise à signaler en ce qui concerne les milieux excentrés convoqués. Un secteur de jeu présente indéniablement l’un des points forts de l’équipe nationale…
En effet, des joueurs comme Msakni, Sliti ou encore Srarfi, dotés d’un niveau technique largement au dessus de la moyenne, sont capables de faire la différence à tout moment dans un matche. Le premier, chouchou des supporteurs tunisiens, sera particulièrement attendu par ces derniers, puisqu’il s’agit de sa première sélection après la maudite blessure qu’il a subie l’année dernière, et qui l’avait privé de disputer la coupe du monde, en Russie.
Plus précieux tactiquement, Anice Badri n’a rien à envier aux 3 premiers cités, et devrait même faire partie du onze type de Giresse.
Quant à son co-équipier en club, Ayman Ben Mohamed, capable également de suppléer Maaloul et Haddadi sur le côté gauche de la défense, où il joue en club, il devrait, à priori, se contenter d’un statut de joker de luxe dans cet effectif.
Enfin, Seîf Eddine Khaoui, plus à l’aise dans l’axe que sur un côté, il devrait évoluer en régisseur si le coach choisit un schéma tactique faisant appel à ce poste (le 4-2-3-1 par exemple). Sinon, il ne serait pas étonnant de le voir occuper une position plus reculée sur le terrain, comme ce fut le cas au mondial, lorsqu’il a été relayeur aux côtés de Ferjani Sassi. Quoi qu’il en soit, on le voit mal partir titulaire demain, même si tout est possible.
Youssef Msakni.
Avant-centres
Sont convoqués : Firas Chaouat, Yassine Chamakhi, Wahbi Khazri et Taha Yassine Khenissi.
Après la blessure de Wahbi Khazri, l’un des meilleurs joueurs tunisiens évoluant en Europe, si ce n’est le meilleur, il ne reste que 3 avant-centres dans cette liste, 3 joueurs locaux qui vont vraisemblablement se disputer une seule place sur le terrain… car, sauf surprise, Giresse n’alignera pas deux attaquants dans son onze de départ, lui qui est adepte des schémas tactiques à une seule pointe. Et s’il décide de le faire, il y a fort à parier que la pointe soit accompagnée par un attaquant de soutien (Khazri, justement, lorsqu’il sera de retour, ou encore Msakni peuvent jouer ce rôle).
L’attaquant de l’EST, Taha Yassine Khenissi, part favori pour cette place de titulaire, à moins que Giresse ne lui préfère le jeune Firas Chaouat (22 ans), déjà auteur de belles sorties en équipe nationale, avec Faouzi Benzarti et Maher Kanzari (3 sélections, 2 buts).
L’attaquant du CA, Yassine Chamakhi (24 ans), convoqué pour la première fois en équipe nationale, essayera de chambouler la hiérarchie s’il veut être du voyage pour la CAN, car il est improbable que le sélectionneur emmène plus de deux attaquants de pointe «classiques» en Égypte, pour accompagner Khazri, qui a un profil différent, et qui ne sera pas aligné seul en attaque, selon les dires de Giresse.
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