Abir Moussi, Samir El-Wafi, Mohamed Boughalleb, Neji Zairi et Meriem Belkadhi.
Redoutable débatteuse, pugnace et droite dans ses bottes, ne faisant aucune concession à ses interlocuteurs, Abir Moussi a mis à nu le manque de tact et, disons-le, l’amateurisme des journalistes vedettes de nos chaînes de télévision.
Par Tarak Arfaoui
À l’approche des échéances électorales le paysage médiatique est naturellement en ébullition. Les plateaux télé en particulier ne dérogent pas à la règle et constituent assurément après les baromètres de sondage la meilleure mesure de la température ambiante électorale.
Il faut dire qu’en parlant de télévision en Tunisie, il n’y a pas de quoi pavoiser, la médiocrité affligeante des chaînes TV surtout privées tous programmes confondus est insoutenable variant entre feuilletons bas de gamme, divertissements médiocres avec leurs corollaires de pitreries et de vulgarités et plateaux inconsistants.
Des chamailleries en guise de débats
Les débats politiques étaient une occasion pour redorer le blason de certaines chaînes mais malheureusement leur niveau laisse à désirer du fait des insuffisances et de la médiocrité voire du manque flagrant de professionnalisme des journalistes qui les conduisent. Ils sont en général agressifs, boostés par leurs employeurs, et ont du mal à cacher leurs convictions politiques. Les exemples sont quotidiens, vérifiables sur n’importe quelle chaîne où des chamailleries sous forme de débats vous donnent immédiatement envie de zapper.
La médaille d’or revient certainement à Samir El Wafi, journaliste animateur à Attessia (après avoir sévi à El-Hiwar Ettounsi) dont le talk show est une véritable injure aux téléspectateurs. Sans rappeler les antécédents connus du journaliste, son émission est une farce télévisuelle dans le fond et dans la forme, atteignant le degré zéro de la décence.
Quant à Mohamed Boughelleb, ci-devant chroniqueur politique en chef de la chaîne Attessia, il ne peut s’empêcher de s’énerver, de vociférer et de crier comme un marchand de tapis à la figure de ses invités pour les confondre, dépassant maintes fois les règles de la bienséance comme c’était le cas, récemment, lors d’une discussion avec Yassine Brahim, secrétaire général de Afek Tounes, qui a eu le mérite de garder tout son sang froid en la circonstance. Ses emportements vont jusqu’au clash pur et simple en pleine émission sans que la direction de la chaîne ne le rappelle à l’ordre.
Une redoutable débatteuse nommée Abir Moussi
L’apparition récente sur la scène médiatique d’Abir Moussi, secrétaire générale du Parti destourien libre (PDL) une redoutable débatteuse il faut le reconnaître, a mis à nu le manque de tact et, disons-le, l’amateurisme de nos journalistes vedettes une fois opposés à un interlocuteur pertinent.
Si Sami Fehri qui a affronte Abir Moussi s’est fourvoyé dans ses bégaiements habituels et n’a pas pu la déstabiliser, Meriem Belkadhi, vedette de l’audiovisuel habituée à malmener sur son plateau les grands de ce monde qui se font tout petits a fait de gros efforts pour ne pas se départir de son semblant de neutralité journalistique mais est tombée dans le même travers que son collègue en y ajoutant un soupçon d’hypocrisie teinté d’exaspération devant la pertinence et la ténacité de son invitée.
Le comble était l’interview de la même Abir Moussi par le journaliste Néji Zaïri de la chaîne Carthage+ où l’on a assisté à un débat surréaliste mené par un journaliste (?) inquisiteur prenant le rôle d’un procureur accusateur coupant systématiquement la parole à son invitée et réalisant l’exploit de répondre lui-même à ses propres questions, se couvrant de ridicule devant une invitée qui, droite dans ses bottes, ne lui a fait aucune concession.
Les médias sont sans aucun doute une arme redoutable dans les débats politiques préparant les prochaines échéances électorales. Les journalistes, dans cette perspective, ont un rôle crucial à jouer pour éclairer les électeurs et doivent oublier leurs convictions politiques ainsi que les directives de leurs employeurs en laissant de côté leur égo dans le respect de la déontologie de la profession.
Les débats agressifs et hypocrites pour essayer d’abattre leurs interlocuteurs, les manigances, les inquisitions et les flagrants partis-pris ne feront que discréditer leurs auteurs et revaloriser leurs supposées victimes. L’exemple récent des attaques contre Abir Moussi l’a démontré, et la leçon devrait être retenue..
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