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Finale-retour de la Ligue des champions : Quel dispositif tactique pour l’Espérance ?

Cette semaine, les regards se tournent, en Afrique, vers la finale-retour de la Ligue des champions (LDC) qui opposera, vendredi 31 mai 2019, au Stade de Radès, le Wydad Athletic Club (WAC) à l’Espérance sportive de Tunis (EST). Contrairement à ce qu’on est tenté de penser, la situation de l’EST est moins confortable sur le plan tactique que son adversaire…

Par Cherif Ben Younès

Le match aller, tenu à Rabat (Maroc), vendredi dernier, 24 mai, s’est soldé sur un nul 1-1. Un résultat qui laisse aux deux équipes toutes leurs chances de remporter le titre, même s’il donne un avantage non négligeable aux Tunisiens.

Cet avantage vient du fait que les «Sang et Or» à domicile, et en étant virtuellement vainqueurs (le score de 0-0 est à l’avantage de l’Espérance). Toutefois, le WAC n’a besoin que d’un seul but pour changer la donne.

Si les choses sont donc claires pour les Marocains qui n’ont pas d’autres choix que de jouer l’attaque dès la première minute, avec un pressing très haut sur le terrain, en phase défensive, pour tenter de récupérer le ballon rapidement et à proximité du but tunisien, la situation de l’EST est moins confortable sur le plan tactique…

Hors de question, bien entendu, d’abandonner l’avantage du terrain et de viser le nul vierge, en essayant, de tenir le résultat initial durant les 90 minutes de la rencontre, au risque d’encaisser un but fatal dans les dernières minutes. L’Espérance tentera, sans doute, elle aussi, de gagner, mais tout en relevant le défi de rester tactiquement équilibrée, à l’image de ce qu’elle a réussi au match aller de la demi-finale, contre le TP Mazembe.

Le coach de l’Espérance, Mouine Chaabani, est appelé, par conséquent, à être plus stratège que lors du match aller, où il a été particulièrement passif en deuxième mi-temps et incapable de profiter de la supériorité numérique de son équipe, suite à l’expulsion de Brahim Nakach, dès la 49e minute.

Le premier casse-tête qu’il doit résoudre est celui de décider avec quel schéma il abordera le match, et de choisir les joueurs qui remplaceront leurs co-équipiers suspendus, à savoir Moez Ben Cherifia, Chamseddine Dhaouadi et Ghailene Chaalali, suite à leurs deuxièmes avertissements respectifs dans la compétition, au match aller.

Si les le choix des substituts aux gardien, Ben Cherifia, et au défenseur central, Dhaouadi, sont évidents, les choses sont un peu plus compliquées en ce qui concerne le milieu de terrain, Chaalali… Dans les cages, c’est Rami Jridi qui sera présent sur le terrain s’il se rétablit à temps de sa blessure, sinon ce sera le troisième gardien, Ali Jemal. Tandis que l’absence de «Chameau» sera palliée par la titularisation de Mohamed Ali Yaakoubi.

Remédier à la suspension du relayeur gauche, Chaalali, est plus complexe parce que le choix ne concernera pas seulement le joueur remplaçant, mais il dépendra surtout du schéma tactique que le staff tunisien voudra mettre en place.

Mohamed Amine Meskini pourrait bien tenir sa place au milieu.

Première option : Libérer, couvrir, protéger et faciliter la relance, en restant avec le 4-3-3

La première hypothèse, et la plus plausible, consiste à évoluer en 4-3-3 : ne rien changer, sur le plan tactique, par rapport aux 3 derniers matchs disputés par l’EST en Ligue des champions. Et remplacer donc, poste pour poste, Chaalali par Mohamed Amine Meskini.

Ce jeune joueur – de bientôt 22 ans – a déjà été présent en tant que titulaire, en demi-finale, lors de la double-confrontation face à Mazembe. Ayant un profil polyvalent, c’est sur le flanc droit de la défense qu’il avait évolué. Et sans avoir particulièrement impressionné, l’ancien joueur de Hammam-Lif avait démontré qu’on pouvait très bien compter sur lui dans les rendez-vous importants, notamment grâce à sa discipline tactique et sa solidité défensive.

L’équilibre tactique du onze espérantiste ne sera, par conséquent, pas altéré si le choix s’arrête sur cette option. Cela permettrait d’avoir la densité de l’entre-jeu chère au staff de l’EST, avec le trio Kom-Coulibaly-Meskini. Un trio extrêmement précieux sur le plan tactique, pour plusieurs raisons…

D’abord, il libérerait les deux ailiers et meneurs de jeu de l’équipe, à savoir Anice Badri et Youcef Belaïli, de certaines tâches défensives, leur permettant de concentrer davantage leurs efforts sur la création du jeu. D’autre part, grâce à la largeur qu’il offre au milieu, il permettrait de couvrir plus facilement les arrières latéraux, Samah Derbali et Ayman Ben Mohamed, en phase offensive. Enfin, il ferait aussi du bien aussi à l’axe de la défense qui serait solidement protégée lorsque l’adversaire a la possession du ballon , et qui relancerait plus aisément les attaques, en phase offensive, en s’appuyant notamment sur la sentinelle, poste occupé par Coulibaly.

En revanche, ce choix ne garantirait probablement pas l’apport offensif de l’entrejeu, tel qu’il est généralement recherché par les techniciens qui ont recours au 4-3-3. Un apport habituellement assuré par Chaalali lorsqu’il évolue en étant légèrement décalé à gauche, grâce notamment à sa projection vers l’avant, sa capacité à combiner balle au pied et sa bonne qualité de frappe. Posséder un joueur de ce profil, avec ce schéma, surtout que de l’autre côté, il y a un Franck Kom, qui excelle, au contraire, par ses qualités défensives, est quasiment indispensable.

La question est de savoir donc si Meskini, dont les qualités intrinsèques sont différentes, aurait les épaules de faire le travail de Chaalali sur le plan offensif, tout en restant solide défensivement, dans un match aussi difficile. Pas certain.

Saad Bguir conviendrait dans un dispositif offensif.

Deuxième option : Apporter une touche technique supplémentaire, avec Saad Bguir

L’autre option à laquelle pourrait opter le staff tunisien consiste à titulariser le milieu offensif axial, Saad Bguir, en changeant, par la même occasion, le dispositif tactique, pour passer au 4-2-3-1.

Clairement plus offensif que le premier, là encore, il s’agirait d’un choix amplement justifiable. Ce qui le motiverait, en premier lieu, c’est de bénéficier d’un joueur aussi technique que Bguir dans le onze titulaire, d’autant plus qu’il est en grande forme depuis plusieurs mois, comme le confirmerait Ahmed El-Shenawy, le gardien de but d’Al Ahly lors de la finale de la LDC 2018.

Grâce à sa conduite de balle, sa vision de jeu, sa qualité de passe et de frappe et ses coups de pied arrêtés, Bguir offre, lorsqu’il est dans un grand jour, tout ce que l’on peut espérer d’un numéro 10, à l’ancienne, un profil qui existe de moins en moins dans le football moderne, mais qui demeure précieux dans un effectif.

Par ailleurs, sa présence permettrait à Kom d’évoluer à son poste de prédilection – de milieu défensif –, minimisant ainsi ses devoirs offensifs, puisqu’en reculant d’un cran sur le terrain, il laisserait l’ex-régisseur du Stade gabésien se charger de l’animation offensive dans l’axe du milieu.

Ce qui pourrait, en contrepartie, décourager Mouine Chhabani à se lancer dans cette optique, ce sont les ajustements tactiques, loin d’être anodins, qui devraient l’accompagner. Car en évoluant en 4-2-3-1, c’est toute la philosophie de jeu, aussi bien en phase offensive que défensive, qui changerait, notamment en ce qui concerne les joueurs excentrés…

Si sur le flanc droit, les choses devraient, malgré tout, bien se passer, grâce notamment à la rigueur tactique d’Anice Badri, qui a l’aptitude de s’adapter aisément au poste de milieu droit, qui exige un repli défensif plus constant et rigoureux que celui d’un pur ailier, c’est le côté gauche qui serait préoccupant…

À l’instar de Neymar ou de Messi (toute proportion gardée), Belaïli n’est pas le genre d’ailier qui défend le mieux sur son côté. Bien moins généreux, lorsque la balle est en possession de l’équipe adverse, que son homologue de l’aile droite, la présence d’un relayeur sur son côté est très avantageuse pour l’équilibre de tout le flanc, surtout que défendre n’est pas non plus le point fort de l’arrière latéral gauche de l’EST, Ayman Ben Mohamed, dont le poste de formation est milieu gauche.

Toutefois, rappelons-nous qu’il y a un peu plus de 6 mois, l’Espérance avait évolué avec ce schéma et ces mêmes joueurs lors du match retour de la finale de la LDC contre Al-Ahly, et on se souvient tous de l’issue de cette rencontre… En 2011 également, avec Nabil Maaloul, les «giallorossi» étaient passés du 4-3-3 au match aller de la finale, contre… le Wydad, au 4-2-3-1 lors du match retour, à Radès, lorsque Oussama Darragi avait été titularisé à la place de Khaled Mouelhi pour évoluer devant Majdi Traoui et Khaled Korbi. Et cette fois-là aussi, les Tunisiens sont sortis vainqueurs.

Ce schéma a donc une certaine valeur historique, qui même si elle ne sera certainement pas un facteur essentiel dans le choix de Chaabani, elle pourrait lui chatouiller l’esprit, ne serait-ce que par superstition. Mais, il y a une différence majeure avec les deux exemples cités : le fait que cette fois, l’EST ne commencera pas le match avec l’obligation de marquer, et pourrait donc privilégier l’option plus défensive.

D’autres options envisageables ?

On voit mal le coach de l’Espérance opter pour une autre alternative (sauf en cas de blessure des deux possibles protagonistes, Meskini et Bguir), mais il y a la toujours la possibilité de titulariser Amdou Elhouni, tout en décalant Belaïli dans l’axe, derrière l’attaquant, dans un 4-2-3-1. Chaabani a déjà, à maintes reprises, expérimenté cette configuration, juste après le mercato estival qui a notamment connu l’arrivée du Libyen, mais la non-adaptation de l’Algérien avec ce nouveau rôle semble avoir convaincu le jeune technicien d’abandonner cette idée.

Une autre option s’offre à Chaabani s’il veut titulariser Elhouni, dont les dribbles déstabilisateurs séduiraient n’importe quel entraîneur : le placer à droite, en décalant Badri dans l’axe. Grâce à sa polyvalence, ce dernier peut soit remplacer, poste pour poste, Chaalali en tant que relayeur gauche, une position qu’il a plusieurs fois occupée en équipe nationale, soit évoluer en numéro 10 comme le ferait Bguir (ou Belaïli) dans le 4-2-3-1. Toutefois, n’ayant jamais occupé ces deux postes avec l’EST, on le voit mal quitter son flanc droit dans un match aussi délicat.

Enfin, une dernière hypothèse dont la probabilité est proche de 0, mais qui pourrait être essayée en cours de match si ça tourne mal : évoluer en 4-4-2, en associant Junior Lokosa et Taha Yassine Khenissi en attaque.

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