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La pauvreté en Tunisie, un phénomène essentiellement rural

La pauvreté en Tunisie est surtout un phénomène rural, aussi bien en termes financiers, que de développement humain (retard de croissance et problèmes de santé), le centre-ouest étant la région la plus pauvre du pays (31%).

Une étude a été diffusée par la Banque mondiale (BM) en 2019, intitulée « Eau et assainissement pour tous en Tunisie : Un objectif réaliste ». La BM a financé cette étude, pour aider le gouvernement tunisien à étudier les liens, entre la pauvreté et les services d’approvisionnement en eau, d’assainissement, et d’hygiène (WASH). L’étude a été menée en 3 phases, de 2015 à 2017.

1er constat: le nombre de pauvres en 2015 était estimé à 1,7 million. Ce sont les régions du nord-ouest (28%) et du centre-ouest (31%) qui enregistrent les taux de pauvreté les plus élevés, contre 12% dans la région centre-est, et 5% dans le Grand-Tunis. La région centre-ouest reste la plus pauvre, qu’on parle de pauvreté ou de pauvreté extrême.

2e constat: malgré les progrès réalisés en termes d’élargissement de l’accès aux services WASH améliorés, environ 250.000 personnes utilisent toujours de l’eau potable non améliorée, provenant surtout de sources et de puits non protégés, et pratiquent encore la défécation à l’air libre.

Même si les Objectifs de développement durable (ODD) pour l’eau et l’assainissement sont réalisables, le gouvernement tunisien doit œuvrer avec diligence à réaliser les cibles des ODD, en matière d’accès universel à des services d’eau et d’assainissement gérés de manière sûre d’ici 2030, et en matière d’élimination de la défécation à l’air libre.

Changement climatique et sécurité de l’approvisionnement en eau

De plus, l’ODD 6 (ODD pour l’eau) fixe des objectifs spécifiques pour l’amélioration de l’efficience de la gestion des ressources en eau, et de protection des ressources naturelles.

Si rien n’est fait, les lacunes risquent de s’aggraver au cours des années à venir. La Tunisie est un pays où les ressources en eau sont rares et, selon les prévisions, la problématique de la sécurité de l’approvisionnement en eau devrait être exacerbée par le changement climatique au cours des prochaines années.

La répartition des ressources en eau entre le nord, mieux doté, et le sud semi-aride, est fortement inégale: 6 gouvernorats concentrés dans les régions nord-ouest et centre-ouest sont confrontés à la fois des problèmes d’accès aux services WASH, et de pauvreté: Béja, Jendouba, Kairouan, Kasserine, Le Kef et Siliana. Il n’y a pas suffisamment de données comparables par gouvernorat pour permettre de tirer des conclusions définitives.

Compte tenu des volumes consommés, les volumes vendus par la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) varient de 70 à 130 litre par personne/jour, selon la zone. La moyenne chez ceux desservis par les GDA (Groupements de développement agricoles), est d’environ 50 litre par personne/jour. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une consommation inférieure à ce seuil peut éventuellement compromettre l’hygiène et la santé.

Aucune information de qualité n’est disponible, sur les niveaux de service d’approvisionnement en eau, par type de prestataire de services et gouvernorat.

Pour un relèvement des niveaux de service et de la consommation

Les dépenses totales par habitant en approvisionnement en eau ainsi qu’en assainissement sont plus élevées en milieu urbain que rural. Concernant l’approvisionnement en eau, cette situation s’explique par les niveaux plus élevés de consommation d’eau, et les plus fortes dépenses liées à l’eau embouteillée en milieu urbain, par rapport au milieu rural. Pour l’assainissement, les dépenses publiques de même que privées sont nettement aussi plus faibles en milieu rural qu’urbain.

Les dépenses en approvisionnement en eau aussi bien qu’en assainissement sont pour la plus grande partie financées par les ménages, soit par le paiement de redevances, soit par des investissements en auto-approvisionnement. Les dépenses privées sont particulièrement élevées, dans les gouvernorats à prédominance urbaine, tels que Ariana, Ben Arous, Monastir et Tunis.

Les politiques devraient être axées sur le relèvement des niveaux de service et de la consommation, afin d’accroître les avantages pour les ménages.

Étant donné que les plus riches consomment plus d’eau, ils absorbent une part bien plus grande des subventions du gouvernement à la Sonede. Cette société publique n’est pas en mesure de recouvrer ses coûts, affichant un déficit financier d’environ 50 millions USD, implicitement subventionné par le gouvernement.

Comme ils sont basés sur la consommation, les tarifs sont, en théorie, progressifs. Toutefois, parce que les 20% des ménages les plus riches consomment 4 fois plus d’eau que les 20% les plus pauvres, ils absorbent une part beaucoup plus importante de la subvention publique.

Pour conclure, l’étude fait 5 recommandations: 1- mener une planification financière stratégique pour le secteur WASH; 2- ajuster les tarifs pour se rapprocher des niveaux de recouvrement de coûts, tout en préservant l’accessibilité financière; 3- mobiliser et cibler de manière plus stratégique, le financement public du secteur WASH; 4- définir une stratégie claire, pour améliorer l’accès à l’assainissement en milieu rural; et 5- améliorer le suivi du secteur, pour mesurer l’avancement vers la réalisation des ODD.

A. M. (Source BM).


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