Pour la troisième nuit consécutive, des affrontements ont éclaté, hier, lundi 2 décembre 2019, entre les forces de l’ordre et les protestataires à Jelma, gouvernorat de Sidi Bouzid, qui dénoncent la marginalisation, la pauvreté et le manque d’opportunités dont ils souffrent. Que la tension persiste, cela semble «intéresser» une certaine presse étrangère…
Par Marwan Chahla
Ces manifestations ont commencé au lendemain du geste de désespoir qui a poussé, vendredi 29 novembre 2019, Abdelwaheb Hablani, un jeune habitant de cette ville du centre de la Tunisie, à mettre fin à sa vie en s’immolant par le feu. La mort de ce jeune homme âgé de 25 ans, qui était handicapé physique et qui venait d’être «injustement» privé d’une allocation de soutien social, a suscité l’indignation et la colère chez nombre de jeunes et de moins jeunes Jelmois qui se sont facilement identifiés à ce destin tragique…
A la manière de Bouazizi…
Certains médias étrangers n’ont pas raté l’occasion d’extrapoler et d’aller vite en besogne pour voir dans ce suicide une remontée à la surface du geste désespéré de Mohamed Bouazizi qui, fin 2010, s’était, lui aussi, donné la mort en mettant le feu à son corps… La suite est connue: depuis ce geste de Bouazizi, la tension n’est jamais tombée jusqu’au 14 janvier 2011, où Zine El-Abidine Ben Ali a été «dégagé»…
Depuis le suicide de Bouazizi, de nombreux jeunes Tunisiens ont, hélas, mis fin à leur vie, comme lui, par le feu. La différence entre la situation en 2010 et celle que notre pays a connue depuis la chute du régime de Ben Ali, c’est que la démocratie a remplacé la dictature… Certes, cette dernière ne nourrit pas son bonhomme, mais elle le pourrait si les Tunisiens voulaient y mettre du leur et travailler… et si la corruption est définitivement éradiquée.
Est-ce beaucoup demander? Mais pourquoi on n’y arrive ? Les gouvernements se succèdent mais ne parviennent pas à trouver des solutions au problème du chômage des jeunes malgré des dizaines de milliers de recrutements effectués dans la fonction publique.
Des gouvernements impuissants
Islamistes ou laïcs, technocrates ou politiques, ces gouvernements ne parviennent pas non plus à réhabiliter la valeur travail parmi les populations, à les remettre au travail et encore moins à relancer l’économie, en berne depuis 2011.
C’est cette impuissance à inverser la tendance et à redonner espoir à ceux et à celles qui ont mis beaucoup d’espoir dans ladite révolution, qui a, d’ailleurs, fini par faire regretter à un grand nombre d’entre eux à regretter la chute de l’ancien régime, dont beaucoup de disent même, désormais, ouvertement, nostalgiques. Cherchez l’erreur !
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