Dans une interview accordée à notre confrère Ilboursa ce 18 décembre 2019, le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) en Tunisie, Jérôme Vacher, a fait part de l’état des lieux des réformes faites et à faire en Tunisie et leur impact sur le pays.
L’aide du FMI à la Tunisie entre dans le cadre du programme de mécanisme élargi de crédit (MEDC), en vigueur jusqu’au printemps 2020. Lequel programme est mis à jour par l’institution financière en fonction de l’état d’avancement des développements et des réformes faites et à faire, tel que convenu entre le FMI et le gouvernement tunisien.
La poursuite de l’aide du FMI tributaire des réformes à engager
La dernière mise à jour (5e revue) du MEDC remonte à juin dernier et s’est traduite par le versement de $ 1,6 milliard à la Tunisie (environ 4,5 milliards DT) selon Vacher. Le reste, évalué à $ 1,2 milliard (environ 3,4 milliards DT) resterait tributaire des réformes à entreprendre, jugées nécessaires par le FMI.
M. Vacher a aussi soulevé divers points positifs concernant les récentes réformes réalisées, mais aussi les manquements enregistrés, tous tout aussi importants et lourds de conséquences pour le pays.
Parmi les récentes réalisations positives, «la réduction du déficit due a l’amélioration des recettes fiscales, la poursuite de l’ajustement dans les dépenses, et l’amélioration de la politique de change et monétaire, devenues plus souples, en plus d’une meilleure stabilisation macro-économique bien que la croissance soit encore trop faible et le déséquilibre des finances publiques et des comptes extérieurs trop importants».
Or, côté négatif, le vrai «facteur de préoccupation» pour le FMI qu’est la masse salariale de la fonction publique jugée «trop importante (+15% du PIB), et les subventions énergétiques également très élevées (50% du déficit budgétaire)», empêchent toutes deux de prévoir des dépenses dans les «projets d’avenir que sont la santé, l’éducation et les investissements publics».
L’Etat a tardé à réduire les subventions à l’énergie
Vacher précise que les subventions énergétiques sont «très inégalitaires et financent la consommation de produits importés plutôt que l’investissement», estimant que «l’Etat a tardé à les réduire». Il a donc insisté sur la nécessité de réduire ces 2 contraintes qu’il faut précéder d’une «communication et une préparation appropriées, et une compensation adéquate en faveur des ménages les plus démunis».
Côté réformes structurelles, celle des entreprises publiques reste un problème quasi entier «faute de transparence financière et de gouvernance, faute d’informations pour le public et tous les observateurs sur leur situation financière réelle».
Vacher a toutefois salué la mise en oeuvre de la base de données sociales Amen pour «mieux cibler les couches les plus vulnérables» de la population, devant bénéficier de la subvention de l’Etat.
Revenant aux revues du MEDC par le FMI, Vacher précise que la date de la 6e revue n’est pas encore décidée, et que cette revue dépend entre autres «de la capacité et de la détermination du gouvernement tunisien à prendre des engagements».
A. M.
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