Cette année, un volume important de la récolte de dattes en Tunisie n’a pas été à la hauteur de la réputation tant méritée de notre pays: la très célèbre deglet nour nationale a quelque peu perdu de sa brillance, sa transparence et son fondant, pour devenir terne, sèche et ridée. Serait-ce le début d’une fin de règne –que les experts imputent au réchauffement de la planète?
Par Marwen Chahla
En valeur, la Tunisie est l’exportateur mondial de dattes le plus important, avec un apport total à l’économie national de 260 millions de dollars, soit près de 740 millions de dinars tunisiens (MDT), en 2018, selon les chiffres de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri).
Cette année, d’après la même source, de 40 à 45% de la récolte de deglet nour –qui est à 90% la variété la plus cultivée dans notre pays– a été perdue, en raison des hausses exceptionnelles de température, de jour comme de nuit, qu’ont subies les palmeraies du pays.
Une hausse annuelle moyenne de 1,6° Celsius jusqu’en 2050
Et cette tendance de la montée de la température dans notre pays pourrait s’avérer irréversible car, selon les prévisionnistes en climatologie, la Tunisie subira, durant les trois prochaines décennies, c’est-à-dire jusqu’en 2050, une hausse annuelle moyenne de 1,6° Celsius. Et ce serait plus que ne pourrait supporter la Reine des dattes…
Selon Hamza Hamadi, chercheur auprès de l’Institut des régions arides (IRA), cité par Reuters, les changements climatiques peuvent affecter négativement la culture des dattes en Tunisie de trois différentes manières. D’après l’expert, en octobre dernier, la hausse des températures a fait perdre près de 30% de la récolte, avec en fin de parcours des dattes de qualité inférieure.
Un excès de la température non seulement déshydrate le fruit mais représente un environnement propice à l’émergence de mites et d’acariens qui se développent dans la chaire du fruit et le rendent pratiquement non comestible. «Lorsque le taux d’humidité décroît, le nombre d’acariens progresse. C’est tout simple. C’est directement proportionnel…», explique l’expert de l’IRA.
Deglet nour reste fragile face aux retombées des émissions des gaz à effet de serre
Le réchauffement climatique a également désynchronisé les périodes de floraison et pollinisation du palmier dattier –causant un dérèglement parfois irréparable entre les plants mâles et femelles. En effet, en raison de cette désynchronisation entre les plants, près de 10% de la récolte de cette année a été jaunâtre, dure et sèche –donc, perdue…
Cette vulnérabilité au réchauffement de la planète démontre que la dépendance du cultivateur tunisien, presqu’exclusive, de la variété deglet nour a montré ses limites. Certes, les qualités de deglet nour demeurent inégalables, mais elle reste fragile face aux retombées néfastes des émissions des gaz à effet de serre…
En somme, d’autres variétés de dattes auraient de meilleures chances de pouvoir résister au réchauffement de la planète.
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