Choisissant d’intervenir dans les médias pour répondre à la polémique ayant accompagné la présence de son nom dans la composition gouvernementale présentée par Habib Jemli, Hédi Kédiri, proposé en tant que ministre de la Justice, a tenu à démentir les critiques selon lesquelles il serait proche d’Ennahdha.
Il faut dire que ces critiques ne sont pas infondées. En effet, elles se basent notamment sur le fait que M. Kédiri était le chef de cabinet de l’ancien ministre de la Justice nahdhaoui, Nadhir Ben Ammou, sous le gouvernement de l’autre nahdhaoui, Ali Larayedh, mais aussi sur la montée au créneau des dirigeants du mouvement islamiste, en 2018, pour lui prolonger sa mission, en tant que magistrat, lorsqu’il est arrivé à l’âge de la retraite.
L’insistance des dirigeants islamistes, et notamment de l’ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri, dont on dit qu’il contrôle des pans entiers de la justice, était suffisamment louche pour ne pas être relevée.
Pourtant, M. Kédiri a affirmé ce matin, jeudi, 9 janvier 2020, sur les ondes de Shems FM, qu’il n’était pas proche de ce parti, et il s’est même défini comme étant «l’exemple du juge indépendant», assurant que pour sa part, même s’il aurait aimé «mourir en tant que magistrat», il avait lui-même demandé, à l’écrit, au chef du gouvernement, Youssef Chahed, de ne pas lui prolonger sa mission lorsqu’il a remarqué que cela faisait l’objet de tiraillements politiques. Des tiraillements qui ne l’engagent en rien, selon lui.
D’autre part, il a rappelé que, contrairement aux rumeurs, il n’a jamais été chef de cabinet de l’autre islamiste, Noureddine Bhiri, ministre de la Justice sous le gouvernement de Hamadi Jebali.
Le magistrat a également indiqué que ce n’était pas lui le juge chargé de l’affaire de l’assassinat de Lotfi Nagdh (l’ancien dirigeant de Nidaa Tounes lynché dans une foule) et dont les accusés, des milices islamistes appartenant aux Ligues de protection de la révolution (LPR), ont eu un non-lieu.
Hédi Kédiri a, par ailleurs, déclaré qu’il a toujours défendu le principe de l’indépendance de la justice, que ce soit sous l’ère Habib Bourguiba ou Zine El Abidine Ben Ali, les deux anciens dictateurs ayant gouverné avant la révolution.
Reste que M. Kédiri peut toujours se défendre et donner son propre récit, ses liens avec Ennahdha ne sont peut-être pas organiques, mais elle n’en sont pas moins réelles et beaucoup de ses collègues en parlent ouvertement.
Lui, nahdhaoui, jamais, mais proche du parti islamiste, cela ne fait pas de doute.
C. B. Y.
Donnez votre avis