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Les fourberies de Rached

Depuis samedi 1er février 2020, Rached Ghannouchi complote et magouille pour parasiter les consultations en vue de former le gouvernement. Il veut à tout prix imposer sa condition, à savoir inclure Qalb Tounes dans le prochain gouvernement, chose dont ne veulent pas Kaïs Saïed, et Elyès Fakhfakh, qui a été chargé par le président de former le gouvernement.

Par Chedly Mamoghli

C’est donc un bras-de-fer qui s’est engagé entre d’une part, le président de la République et son candidat à la Primature et d’autre part, la partitocratie qui veut lui imposer ses conditions et ainsi lui limer les ongles.

Samedi à la dernière minute, Rached exige le report de la réunion des partis qui allait être consacrée à la signature du document-contrat du programme gouvernemental prétextant qu’en raison de son retour de voyage, il ne peut pas être présent.

Les prières de l’absent

Le bonimenteur qui prétendait ne pas pouvoir se rendre à Dar Dhiafa, le samedi après-midi, a reçu le samedi après-midi au Bardo le secrétaire général de l’Union des avocats arabes et juste après, il s’est rendu à la réunion du bureau exécutif d’Ennahdha qui a décidé que le gouvernement doit inclure tous les partis politiques et ne doit donc pas exclure Qalb Tounes.

Donc toute la comédie du samedi après-midi n’était qu’une manœuvre mesquine de la part de Rached Ghannouchi pour gagner du temps afin de ne pas signer le document en question samedi et afin d’avoir la décision de son parti concernant l’inclusion de Qalb Tounes actée par le bureau exécutif avant la réunion dont il a obtenu le report pour lundi. Une fois le jour de la réunion arrivé à savoir lundi, il envoie à sa place Noureddine Bhiri. Donc samedi aussi, il aurait pu envoyer quelqu’un d’autre à sa place. Autre preuve de la fourberie de Rached qui prouve qu’il voulait reporter la réunion afin de gagner du temps.

Ghannouchi a peur d’être éjecté de l’Assemblée

Toutes ces fourberies de la part de Rached sont motivées par trois raisons.
La première raison. S’il accepte un gouvernement Fakhfakh excluant le parti de Karoui, il sait pertinemment que ce dernier se vengera de lui. Le jour où une motion de censure sera déposée pour retirer la confiance à Rached en tant président de l’ARP, Qalb Tounes n’hésitera pas à la soutenir et à ce moment-là, il se retrouvera éjecté hors du Perchoir et Dieu sait s’il y tient. Il a goûté au pouvoir et ne veut plus le lâcher et il a placé toute sa smala autour de lui au Bardo avec les privilèges y afférent. Par conséquent, il ne veut pas prendre le risque d’être éjecté lui et sa cour hors du Bardo.

La partitocratie à l’assaut de Kaïs Saïed

La seconde raison, c’est que Rached mais pas seulement lui, toute la partitocratie tunisienne est venue au secours de Karoui et veut son inclusion au gouvernement alors que le président de la République et Fakhfakh n’en veulent pas. Donc la seconde raison est un bras-de-fer entre Kaïs Saïed d’une part et la partitocratie de l’autre. Déjà pour eux, ce président est un OVNI politique, il ne vient pas du système des partis («mandhoumet al ahzèb»). Ensuite, non seulement il a été élu président mais avec quelle légitimité! Il a obtenu plus de voix qu’eux tous lors des législatives. En plus, eux n’ont pas réussi à former un gouvernement et lui réussit à en former un et avec ses conditions! C’en est trop pour eux! Ils cherchent à lui limer les ongles et à prendre le dessus sur lui en imposant leur condition à savoir inclure le parti de Karoui. D’où les fourberies de Rached et de la partitocratie qui refusent l’ossature et l’esprit du gouvernement tel que conçus par Kaïs Saïed.

Ennahdha veut éviter un gouvernement qui combat la corruption

La troisième raison, l’affaire du «Lobbygate» qui fait l’objet d’une commission rogatoire instruite par l’unité d’investigation de la Garde nationale et dans laquelle sont impliqués Karoui, Ennahdha et 3ich Tounsi avance discrètement mais avance quand même.

Par conséquent, avoir un gouvernement déterminé à combattre la corruption et toutes les formes de violation de la loi inquiète la partitocratie en place d’où sa volonté de toujours mener le jeu et de limer les ongles de Kaïs Saïed.

Kaïs Saïed qui ne veut pas de Karoui au gouvernement est dans la logique de son élection où il a été élu triomphalement car le peuple rejette «Mandhoumèt al fésèd» (le système de la corruption) représentée par l’affairiste véreux Karoui. Quant à Fakhfakh, il a été chargé de former le gouvernement par Saïed avec les directives de Saïed donc il ne peut pas y déroger. Enfin, il s’est engagé à combattre le système de corruption et à moraliser la vie politique une fois chef de gouvernement, donc prendre ses engagements et après inclure Karoui serait un non-sens et le décrédibilise totalement. Par conséquent, Fakhfakh, en éloignant Karoui, est dans une posture logique et cohérente.

Le gouvernement d’union nationale, un «fantasme de boucs»

Quant aux hypocrites qui veulent nous vendre une autre fois l’idée du GUN (gouvernement d’union nationale), rappelons-leur que nous ne sommes pas amnésiques et que ce canular de GUN, nous l’avons essayé en 2016 et c’était, en réalité, un gouvernement de désunion nationale. Pendant trois ans, le GUN était la cible des guerres d’usure permanentes de la part des partis politiques, de l’UGTT, de la pieuvre affairiste et de tous les réseaux d’influence. Par conséquent, cette histoire de GUN, pour reprendre l’expression favorite de son initiateur en 2016, feu Béji Caïd Essebsi, «mnèmit atéris» (un fantasme de boucs).

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