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L’Espérance de Tunis paye les dérapages de son staff et ses joueurs

Le comité de discipline de la Confédération africaine de football (CAF) a infligé hier, mercredi 4 mars 2020, une série de sanctions sévères contre les deux principaux entraîneurs et deux joueurs de l’Espérance sportive de Tunis (EST), suite aux incidents enregistrés le week-end dernier en quart de finale-aller de la Ligue des champions, face au Zamalek, au Caire.

Par Hassen Mzoughi

Les sanctions sont les suivantes : Khalil Chammam suspendu 6 matches; Abderraouf Benguit suspendu 4 matches; le premier entraîneur Mouine Chaabani et son second Majdi Traoui sont interdits de bancs pendant 4 matches. Une amende de 160.000 dollars est infligée au club tunisois.

Ces sanctions seront appliquées à partir du match contre Zamalek prévu demain vendredi 6 février, même si recours est déposé par le club tunisois. Le recours pour annuler les sanctions prononcées n’aura aucun effet, et toute réduction des peines sera examinée après le quart de finale-retour.

La CAF confirme le carton rouge de Ben Romdhane

Coup dur la veille d’un match retour fatidique. La faute aux deux entraîneurs principaux et aux deux joueurs, qui n’ont d’ailleurs pas été les seuls membres de l’équipe tunisienne (images TV à l’appui) à pourrir le match sur des contestations en dépit du bon sens.

En cas d’échec, demain, face au Zamalek, les deux techniciens et les deux joueurs sanctionnés en seront responsables, comme d’autres joueurs qui ont participé à la furie générale, et qui ont échappé aux sanctions.

Si l’on peut reprocher au comité disciplinaire de la CAF d’avoir confirmé le carton rouge décerné par erreur au milieu de terrain de l’EST, Mohamed Ali Ben Romdhane; si comme l’EST hier, la CAF avait été aussi stricte la saison dernière avec le Wydad Athletic Casablanca (CAF) qu’elle n’a pas suspendu deux ans des compétitions africaines pour avoir quitté le terrain, ni son président pour avoir donné l’ordre à ses joueurs d’interrompre le match, le comportement des joueurs et des entraîneurs de l’EST au Caire est d’une naïveté notoire. Comme dans d’autres circonstances, par exemple en novembre 2010 quand ils ont disjoncté (tout comme leur entraîneur Faouzi Benzarti) en finale aller de la Ligue des champions, perdue 5-0 devant le TP Mazembe, ou encore en finale retour de la Ligue des champions devant Hearts of Oak en 2000 à Accra.

Cure de discipline, sanctions en interne

D’une manière frappante, la cure de discipline est indispensable à l’EST. La communication du staff et de la direction du club ne porte pas plus loin que la contestation des décisions arbitrales ou de vagues «inchallah marbouha».

Les succès sont si beaux et les trophées s’enchaînaient – avec le double sacre en Ligue des champions et les titres de champion de Tunisie – mais au lieu d’humilité, on aperçoit des joueurs déconnectés de la réalité, confondant pelouse et salon de coiffure, qui ont le geste agressif et qui n’affichent pas en fin de compte un franc respect à leur club ni au football, leur vache à lait. Raison pour laquelle on lorgne plutôt du côté de l’Espagne, de l’Angleterre, de l’Italie ou de l’Allemagne, tant pour la modestie et la classe de leurs joueurs, de leurs coaches, et l’extraordinaire ambiance de leurs stades que pour leur rigueur professionnelle. Dans ces pays, les clubs instaurent des règlements intérieurs, sorte de chartes de bonne conduite.

Exemples : pour faire régner l’ordre, les clubs anglais infligent des amendes élevées pour tout écart de comportement de leurs joueurs qui sont le plus souvent reversées pour des associations caritatives. À Manchester City, un retard à la réunion est sanctionné de 120.000 euros. À Chelsea les tarifs sont très dissuasifs. Les joueurs doivent ainsi payer 20.000 livres (23.300€) pour un retard à l’entraînement, 10.000 livres (11.600€) s’ils ne signalent pas une blessure ou une maladie une heure et demie avant un entraînement ou encore 5.000 livres (5.800€) s’ils ne rentrent pas du match en bus avec l’équipe sans avoir prévenu le coach 48 heures à l’avance. Le téléphone peut aussi coûter très cher. S’il sonne pendant une réunion ou un repas d’équipe, un peu plus de 1000 euros est retenu auprès du joueur.

L’EST a-t-elle un règlement disciplinaire comme la plupart des grands clubs qui font intervenir tous les paramètres de la performance, y compris les règles de conduite, le respect du groupe, des couleurs et des supporteurs ?

L’EST devrait sanctionner sportivement et financièrement les fautifs, car ce qu’ils ont commis risque de faire perdre un titre important au club. L’EST en est la victime et se trouve désarmée face à une situation intenable. Au lieu de crier au complot, ses dirigeants seraient inspirés de rétablir l’ordre dans les rangs des joueurs et du staff.

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