Par son ampleur, sa virulence et la rapidité de sa propagation, la pandémie du coronavirus (Covid-19) a mis en difficulté la recherche médicale, qui a montré, à cette occasion, ses limites dans un contexte d’urgence sanitaire planétaire. Aussi devrait-elle mettre en place des mécanismes pouvant mieux réguler, à l’avenir, les essais cliniques et éviter toute cette cacophonie à laquelle nous assistons depuis plusieurs semaines dans le milieu médical.
Par Pr Faouzi Addad *
Il est fort probable que la recherche thérapeutique dans le domaine du Covid-19 n’aboutisse au final à aucun traitement efficace.
Le traitement du pauvre, le fameux hydroxychloroquine, a été rejeté, dès le départ, par certains pour des biais méthodologiques, à mon sens justifiés, et par d’autres pour des calculs d’intérêts. L’artillerie lourde des big datas vient d’être sortie pour essayer de définitivement l‘enterrer. Juste que ces big datas, utilisant l’intelligence artificielle, ont confondu un hôpital asiatique avec un hôpital australien (ce n’est pas si loin que cela vous me direz-vous) et nous a permis de comprendre qu’un patient habitant en Afrique a les mêmes caractéristiques qu’un Américain (toute la différence entre la vraie vie et les outils statistiques pour comparer les mêmes patients dans les différents groupes). Sauf que ce coronavirus, a bien montré que nous sommes différents face à ses ravages.
Par ailleurs, même les médicaments les plus chers, et les moins critiqués comme par miracle, n’arrivent pas à sauver des vies. Le Remdesivir, par exemple, raccourcit la durée d’hospitalisation en réanimation aux Etats-Unis mais il est sans bénéfice en Chine.
Le Tocilizumab, quant à lui, malgré les promesses de la molécule, a vu son étude dans les hôpitaux de Paris mise en difficulté par le comité de surveillance pour forte suspicion de manipulation des résultats.
Mais le drame va probablement toucher les prochains vaccins qui sont aussi menacés de ne jamais réellement voir le jour par la baisse rapide des cas dans les pays européens, asiatiques ou même en Amérique du Nord. Il n’y a aura bientôt plus des patients en nombre suffisant pour permettre de juger le niveau de protection du vaccin. En plus, le terrain de prédilection des testeurs de vaccins, l’Afrique en l’occurrence, s’en est bien sortie cette fois et n’a pas enregistré beaucoup de cas.
La recherche médicale a donc ainsi montré ses limites dans un contexte d’urgence sanitaire planétaire. Aussi devrait-elle mettre en place des mécanismes pouvant mieux réguler, à l’avenir, les essais cliniques et éviter toute cette cacophonie médicale.
* Professeur en cardiologie.
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