Certains signes ne trompent pas. Il suffit se scruter les faits et gestes du président de la république Kaïs Saïed pour comprendre qu’un fossé le sépare désormais d’une classe politique qui a perdu toute crédibilité et pour laquelle il n’a désormais plus de considération.
Par Khaled Férid Bensoltane *
Quand on propose au chef de l’Etat des candidatures fantaisistes au poste de chef du gouvernement, notamment le président de la Fédération tunisienne de football (FTF), Wadii Al-Jari, le président de l’Etoile sportive du Sahel (ESS) et député, Ridha Charfeddine, qui a brillé par son absentéisme à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), ainsi que des candidats sur qui pèsent des soupçons de corruption, on peut donc comprendre la colère et l’irritation du président de la république Kaïs Saïed.
On ne badine pas avec les responsabilités premières de l’Etat, le chef du gouvernement mérite une considération particulière et assimiler sa fonction et ses compétences à celles d’un dirigeant sportif ou faire de lui un symbole de la corruption administrative et financière est inadmissible.
Autre raison de cette rupture entre le chef de l’Etat et la classe politique serait l’activité réduite des parlementaires, l’entrave à l’élection des membres à la Cour Constitutionnelle et l’image pour le moins dégradante présentée du travail parlementaire présentée à l’occasion des séances plénières diffusées en direct à la télévision : disputes, perte de temps, occupation des sièges réservés à la présidence, etc.
Dans ces conditions, on peut comprendre, aussi, l’absence du chef de l’Etat à l’Assemblée le jour la célébration de la Fête de la République, le 25 juillet 2020, ces chers parlementaires ayant largement souillé cette instance symbolisant la souveraineté populaire.
Autre événement qui n’a pas échappé aux observateurs, le chef de l’Etat s’est déplacé seul, le même jour, au cimetière du Jellaz, à Tunis, pour se recueillir sur la tombe de son prédécesseur Feu Béji Caïd Essebsi, décédé un an auparavant jour pour jour, et sur celles des autres martyrs de la république, notamment Salah Ben Youssef, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Faire associer certains politicards à ces cérémonies aurait été, en effet, souiller la mémoire des hommes de la nation et c’est peut être ce message que M. Saïed a voulu envoyer à certains de nos hommes politiques qui ne méritent ni respect ni considération ni honneur.
* Universitaire, spécialiste de droit public et international.
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