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Etats-Unis : les cent jours les plus longs pour Donald Trump

Donald Trump n’a plus que cent jours, pour inverser, s’il le peut encore, la tendance qui en fait un président vaincu. Pris au piège des crises sanitaire et économique, il est desservi par son ego démesuré face un rival démocrate qui suscite plus d’empathie.

Par Hassen Zenati

Donald Trump ne décolle pas dans les sondages. À cent jours d’une élection présidentielle qu’il devait gagner haut la main, il reste scotché à ses 40% d’opinions favorables, qui forment son socle intangible de Républicains prêts à lui renouveler leur confiance quoi qu’il en coûte. Mais, il est en retard de 8 à 10 points sur son rival démocrate Joe Biden, 77 ans, qui se prépare à recevoir l’investiture de son parti mi-août à Milwaukee dans le Wisconsin au cours d’une convention virtuelle. Il s’est résolu à faire une campagne à minima, persuadé par ses «spin doctors» que s’il ne fait pas de gaffe, il sortira vainqueur de la confrontation, parce que Donald Trump l’a déjà perdue, selon eux. À ce niveau de la compétition, aucun candidat n’a jamais pu rattraper un tel retard sur son adversaire, martèlent-ils.

America First pour le nombre de morts du Covid-19

Le candidat démocrate s’est même payé le luxe rare de s’approprier l’un des slogans favoris de son adversaire : America First, pour le retourner contre lui à la manière d’un judoka : avec Trump, c’est America First pour le nombre de morts du Covid-19, le nombre de chômeurs et le nombre d’entreprises qui mettent la clé sous la porte, le nombre de pauvres, etc. Il en ira sans doute ainsi tout au long de la campagne à venir : moins il parlera de son programme et plus il attaquera son adversaire sur le sien, plus il a de chances de réussir.

Accusé par Trump de n’être qu’une «marionnette» entre les mains de la gauche, qui menace l’«American Way of Life», Joe Biden rétorque qu’il se bat pour «sauver l’âme de l’Amérique». Ça ne mange certes pas de pain, mais ça fait mouche à tous les coups dans les rangs de ceux qui se disent excédés par les «extravagances» de leur président, sa gestion brouillonne de la pandémie, ses sorties à l’emporte-pièce contre ses détracteurs de plus en plus nombreux et son manque de vision pour une sortie de crise en bon ordre. L’économie américaine en lambeaux vit la plus sévère des récessions depuis des décennies.

D’autant que désormais sur le devant de la scène pour le soutenir, Barack Obama, affiche sa complicité avec son ancien vice-président, et ne cesse de répéter qu’«au delà de toutes les politiques spécifiques qui seront mise en place, il y a d’abord un énorme appétit de décence», qui se dégage de l’électorat.

Le scrutin se jouera sur la morale et l’éthique des candidats

Convaincu que le scrutin se jouera sur la morale et l’éthique des candidats, Barack Obama, 44e président des Etats-Unis, ne doute pas que Joe Biden sera, le 21 janvier prochain, le 46e locataire de la Maison Blanche, brisant à jamais le rêve d’un second mandat de Trump.

Depuis qu’il a déclaré que le coronavirus n’était qu’un «canular» qui ne manquerait pas de disparaître «comme par miracle» au printemps, Donald Trump n’a cessé de s’enfoncer dans le piège qu’il s’est tendu à lui même au fur et à mesure que progressait le nombre de morts. Il a dépassé aujourd’hui 140.000 victimes et 4 millions de contaminations, sans que le «pic» de l’épidémie n’ait été encore atteint de l’avis des experts en infectiologie. On sera aux alentours de 200.000 morts dans peu de temps, prédisent-ils.

Le président lui même, a force d’être contredit par les faits, de guerre lasse, a fini par reconnaître que la situation devrait «empirer avant de s’améliorer», et de recommander le port de masque comme un «acte patriotique», alors qu’il lui déniait toute utilité il y a très peu. La scène où on l’a vu se dirigeant vers la salle de presse de la Maison Blanche arborant un masque noir, entouré d’une escouade de conseillers eux aussi masqués de noir, était un moment de ce revirement douloureux pur son ego et un aveu d’échec relevant de l’anthologie.

Après un premier «four» à Tulsa, Oklahoma, fin juin, où il s’est produit devant une salle au trois quart vide, Donald Trump a dû annuler la convention républicaine de Floride, l’un des Etats les plus atteints par le coronavirus, qui devait l’introniser fin août candidat officiel du parti Républicain. «Je dois protéger les Américains» et «donner l’exemple», s’est-il excusé, accentuant ainsi son changement de ton sur la pandémie.

Ne se déclarant pas vaincu, Trump se moque des «sondages bidons»,

Pugnace comme jamais, le président américain ne se déclare pas vaincu pour autant, se moquant des «sondages bidons», mais sans trouver l’angle d’attaque qui lui permettrait de déstabiliser Joe Biden fuyant comme une anguille. Si l’on exclut une reprise économique à laquelle personne ne croît plus pour les mois qui suivent, il faudrait un miracle pour que Donald Trump redresse la barre. Il ne pourrait venir que d’une bonne nouvelle médicale, attestant de la découverte d’un vaccin efficace – ou d’un remède – contre le mal dévastateur, disent ses conseillers.

À défaut de «miracle», il ne lui resterait plus qu’à ressortir les vieilles recettes de la sécurité, qui lui avaient si bien réussi pour se faire élire la première fois. Car, s’il rate la marche, il sera le premier président à un seul mandat depuis un quart de siècle. Humiliant. Mais bien mérité.

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