Les augmentations successives et significatives des salaires des employés de la fonction publique augmentent de façon exponentielle le poids de la masse salariale dans le budget de fonctionnement de l’Etat et hypothèque les chances de relance de l’investissement, de la croissance et de la création d’emploi.
Par Imed Bahri
Ces augmentations salariales, accordées par le gouvernement Youssef Chahed à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), au début de l’année 2019, sous la pression, et suite à une longue grève des employés des administrations et des services publics, sont réparties sur trois tranches, les deux premières ont déjà été octroyées et ont alourdi la masse salariale de la fonction publique et le budget de fonctionnement de l’Etat. Il reste la troisième tranche exigée par l’UGTT… pour ce mois d’août 2020.
La masse salariale de l’administration augmente de 13,5% en 2019
La masse salariale de la fonction publique a augmenté, en 2019, de 13,5% pour atteindre 16.767 MDT contre 14.776,0 en 2018, révèle le rapport annuel de la Banque centrale de Tunisie (BCT) au titre de 2019.
La masse salariale représente, selon la BCT, la part la plus importante des dépenses de l’État liées au fonctionnement, soit 63,4%, et ce, malgré l’adoption d’une politique de réduction des recrutements et la non-reconduction de la mesure relative à la création du crédit d’impôt.
D’après la BCT, les dépenses de fonctionnement relatives notamment aux rubriques des salaires et de la compensation prédominent encore la structure des dépenses de l’État, au détriment des dépenses d’investissement.
L’investissement peut toujours attendre et la croissance avec…
Ainsi, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une augmentation de 11,6 % en 2019 contre 10,5%, en 2018, pour se situer à 26.426 MDT.
Ce niveau qui demeure élevé , estime la BCT, a été toutefois tiré par la hausse continue des charges liées à la masse salariale de l’administration suite aux augmentations salariales décidées au début de l’année 2019 outre les charges liées à la compensation (carburants, transport et produits de base) qui restent, néanmoins, prépondérantes.
L’investissement peut toujours attendre en Tunisie et la croissance avec… et le chômage ne sera pas ainsi résorbé. Puisque l’Etat s’endette pour payer des hausses salariales et des emplois fictifs espérant ainsi acheter une paix sociale qu’elle ne réussira jamais à obtenir vraiment. Et pour cause, cette politique enfonce la Tunisie dans un cercle vicieux : les hausses salariales dopent l’inflation, laquelle réduit le pouvoir d’achat des salariés et accroît le mécontentement social, et ainsi de suite.
Par ailleurs, en augmentant ses dépenses de fonctionnement, l’Etat réduit ou absorbe les fonds pouvant être destinés à l’investissement, et, par conséquent, cela réduit ses capacités à créer des richesses et des emplois.
Allez expliquer tout cela aux grévistes et sit-inneurs qui, du bassin minier de Gafsa au bassin pétrolier et gazier de Tataouine et Kébili, qui, pour aggraver une situation déjà largement compromise, continuent de paralyser la production minière et énergétique et obligent des entreprises à s’endetter davantage pour pouvoir survivre…
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