Commentant un reportage sur les femmes ouvrières agricoles travaillant durement dans les champs, même le jour de célébration de la journée nationale de la femme, le 13 août 2020, chômé dans tout le pays, l’ingénieur agronome Salah Darghouth a réitéré son appel, partagé par beaucoup de ses collègues, pour un développement agricole et rural intégré.
Le reportage de RFI rappelle que les femmes ouvrières agricoles représentent près de 80% de la main d’œuvre du secteur et ont très peu de droits sociaux et économiques. Elles travaillent 6 jours sur 7 pour un salaire journalier de 15 dinars et, pour la plupart, sans aucune couverture sociale. «Je travaille de 6h du matin à 14h. Je n’ai pas l’impression que je peux prétendre à des droits. Pour moi, c’est si tu travailles, tu es payée, si tu ne travailles pas tu n’es pas payée et c’est tout», dit l’une d’elle à la journaliste venue à sa rencontre. Elle n’attend d’ailleurs rien des dirigeants politiques : «Il n’y a rien de bon avec ceux qui nous gouvernent, ils se bagarrent toute la journée, ils volent et mentent. Même quand vous allez voir les représentants locaux, ils ne s’occupent pas de vous», dit-elle encore à la correspondante de RFI.
Tout en louant le courage de sa compatriote, Salah Darghouth estime, pour sa part, que, «malgré toutes les tergiversations du moment», il y a «une petite lueur d’espoir que le gouvernement en cours de formation (par Hichem Mechichi, Ndlr) pourrait faire mieux pour changer de cap et pour de bon!»
Pour l’économiste, «le développement agricole et rural intégré doit être l’un des axes de remise à niveau de notre économie, de la réduction des inégalités et de la gestion durable des ressources naturelles de notre pays.»
Le président de la république Kaïs Saïed aurait été mieux inspiré de développer ce genre d’idées en parlant aux femmes agricultrices qu’il a rencontrées, le 13 août, dans un champ, à Bousalem (Jendouba), au lieu de leur rappeler son opposition personnelle à l’initiative visant à instaurer l’égalité successorale, laquelle égalité aurait pourtant permis à beaucoup de ces femmes d’améliorer leurs conditions en devenant copropriétaires des terres qu’elles irriguent de leur sueur.
M. Saïed, un président dans les nuages, a souvent une vision de la réalité biaisée par ses partis-pris idéologiques.
I. B.
Donnez votre avis