Lors de sa rencontre, mercredi 23 septembre 2020, avec le chef de gouvernement Hichem Mechichi, le président de la République Kaïs Saïed a dit à celui-ci qu’il ne peut pas nommer des individus faisant l’objet de poursuites judiciaires, sauf que Nadia Akacha, la superpuissante directrice du cabinet présidentiel et sa principale collaboratrice fait l’objet de poursuites judiciaires et doit comparaître en tant qu’accusée devant le tribunal de 1ère instance de Tunis, le 28 octobre prochain.
Par Imed Bahri
Comme le dit le proverbe français, «il faut balayer devant sa porte», ou comme le dit un proverbe bien arabe, «quand notre maison est de verre, on ne lance pas de pierres sur les autres», à moins que notre cher président veuille appliquer la célèbre formule «Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais».
La ministre directrice du cabinet présidentiel Nadia Akacha a reçu une convocation du tribunal de 1ère instance de Tunis il y a quelques semaines pour se présenter devant cette juridiction en tant qu’accusée lors d’une audience fixée au 28 octobre prochain suite à la plainte pour diffamation déposée à son endroit par Mouna Kraïem Dridi, sa collègue à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis.
La citation à comparaître précise l’attribution de faits illégaux à un agent public sans apporter la preuve de leur validité, et la diffamation par l’allégation de faits non avérés de façon publique.
Ce que dit M. Saïed les autres doivent l’appliquer, mais pas lui
Donc si on applique la logique de M. Saïed, selon ce qu’il a dit mercredi à son chef de gouvernement, comment a-t-il pu nommer lui-même Mme Akacha et de surcroît au poste très important de directrice du cabinet présidentiel avec rang de ministre ? Et surtout maintenant qu’il ait énoncé mercredi publiquement cette règle et qu’il exige son application, que fait encore Mme Akacha à ce poste? À moins ce que dit M. Saïed les autres doivent l’appliquer, mais pas lui.
Par ailleurs, et en exigeant que les responsables nommés ne fassent l’objet d’aucune poursuite judiciaire, M. Saïed, homme de droit dit-on, s’assoie sur la présomption d’innocence. Toute personne pas encore condamnée est présumée innocente, en quittant l’université et en se drapant de la cape du grand révolutionnaire (qu’il n’a jamais été d’ailleurs), M. Saïed a-t-il oublié ce principe et l’a-t-il remplacé par la présomption de culpabilité ? Ou bien seule sa très chère Nadia Akacha y a droit ?
On ne peut intimer une conduite exemplaire aux autres et s’en exempter soi-même
D’ailleurs, le député Yassine Ayari n’a pas manqué de le lui rappeler dans un poste Facebook, en évoquant d’abord le cas de Mme Akacha et en se basant sur le verset coranique de la sourate ‘‘Al-Baqara’’ que notre pieux président ne peut méconnaître qui stipule qu’on ne peut intimer une conduite exemplaire aux autres et s’en exempter soi-même. Puis il lui a dit que la présomption d’innocence ne peut pas s’appliquer à Nadia Akacha et Elyès Fakhfakh et pas à Taoufik Baccar et Mongi Safra.
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