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Victime d’un campagne de diffamation, Bochra Belhaj Hmida pense connaître l’identité du responsable

C’est avec beaucoup d’émotion que l’avocate et militante féministe, Bochra Belhaj Hmida, est revenue, ce mardi 29 septembre 2020 dans l’émission « Midi show, sur Mosaïque FM, sur la campagne de diffamation qui l’a visée ces derniers jours sur les réseaux sociaux, dans le cadre du débat populaire (et souvent hystérique) autour de la peine de mort, suite au viol et au meurtre tragique de la jeune Rahma Lahmar.

Bochra Belhaj Hmida est certes contre la peine de mort, mais elle a choisi de ne pas s’exprimer sur le sujet en cette période. D’abord par respect à la famille de la défunte, et ensuite parce qu’on ne peut pas s’attendre à un débat calme et objectif dans de telles circonstances exceptionnelles.

Toutefois, cela ne lui a pas épargné les attaques sur les réseaux sociaux, à l’instar de celle du député Fayçal Tebini, qui a réussi à toucher le fond de la bassesse intellectuelle et morale, à travers un statut Facebook où il a affirmé que si Belhaj Hmida est contre la peine de mort, «c’est parce qu’elle ne risquera jamais d’être violée ni même être perçue comme une femelle».

Bochra Belhaj Hmida a dit, à ce propos, qu’elle ne s’est pas sentie personnellement visée. «J’ai pensé [en lisant le statut] aux dizaines de victimes de viol qui ne sont ni belles ni jeunes», a-t-elle expliqué, critiquant la superficialité du message de Tebini, qui reflète une idée dangereuse très répandue dans la société selon laquelle le viol procure du plaisir.

«Ils ne savent pas que la majorité des femmes victimes de viol ne portent pas plainte contre leurs agresseurs parce qu’elles ont peur de la société qui raisonne de cette manière», développe l’ex-députée de Nidaa Tounes.

Mais il n’y a pas que les propos dégradants de M. Tebini que Mme Belhaj Hmida a subi la semaine passée. Le député avait, en effet, réagi, naïvement, à des citations qu’on a, mensongèrement, attribuées à l’avocate sur les réseaux sociaux.

«Je porterai plainte contre l’Etat tunisien s’il venait à appliquer la peine de mort contre le tueur de Rahma» ou encore «Abir Moussi est fasciste parce qu’elle soutient la peine de mort contre les terroristes et les violeurs», a-t-on notamment fait dire à la co-fondatrice et ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).

De fausses-déclarations qui ont été massivement partagées sur les réseaux sociaux, après leur diffusion par un faux-profil appartenant, selon la militante, à «un sécuritaire très proche de la présidente du PDL», Abir Moussi. «Selon les informations que j’aies, il s’agit de son époux», a-t-elle ajouté.

Dans ce contexte, l’avocate a mis au défi le ministère de l’Intérieur de dévoiler l’identité de cette personne, tout en assurant que désormais elle ne sent plus en sécurité, étant persuadée d’être ciblée par une personne ayant du pouvoir.

Belhaj Hmida qui a, pour rappel, consacré la majeure partie de sa carrière professionnelle et de militante à la défense des femmes agressées et violées n’a certainement pas à recevoir des leçons de la part d’individus qui usent des malheurs des gens pour des raisons populistes ou pour servir leurs intérêts politiques, à l’instar de Fayçal Tebini ou encore des islamistes et des «supporteurs» de Abir Moussi.

Cherif Ben Younès

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