Vladimir Vladimirovitch Maïakovski, né le 7 juillet 1893 à Baghdati (gouvernement de Koutaïssi, Empire russe) et décédé le 14 avril 1930 à Moscou, est un poète russe qui a appartenu à la génération de l’Âge d’argent des grands poètes russes ayant vécu à cheval entre la période de la Russie impériale et celle du début de l’URSS.
Né dans une famille modeste, Maïakovski s’installe à Moscou en 1906, après le décès de son père. Il devient rapidement un des meneurs du mouvement futuriste après sa rencontre avec le poète et peintre David Bourliouk qu’il a connu en 1911 et qui lui a mis «le pied à l’étrier». Il fonde avec Bourliouk l’association Queue d’Âne qui regroupera plusieurs poètes se réclamant du futurisme dont Velimir Khlebnikov, Vassili Kamenski et Alexeï Kroutchenykh. Le premier manifeste du mouvement, «Une gifle au goût public», est publié en 1912.
Tout en exploitant cette nouvelle poésie, il en révolutionne les codes dans «La Flûte en colonne vertébrale» (aussi connue sous le nom de «La Flûte des vertèbres», 1915) ou dans son «Nuage en pantalon» (1915), véritable manifeste du futurisme, qui est le fruit de sa relation troublée avec Lili Brik qu’il a rencontrée en 1915 alors qu’il entretient une relation avec sa jeune sœur Elsa Triolet, la future égérie de Louis Aragon.
Il lui écrira et lui dédiera sa vie durant ses plus belles poésies. Lili est déjà mariée avec Ossip Brik qui devient l’ami et l’éditeur du poète. Un ménage complice à trois s’instaure. Avec Serge Tretiakov, il fonde le journal «LEF» (1923-1925) qui influencera toute une génération d’écrivains.
De retour à Moscou et après la Révolution d’Octobre de 1917, qu’il accueille d’abord favorablement, Maïakovski utilise, sincèrement, son talent au service du pouvoir politique, notamment dans le poème «Lénine» (1924-1925). En décembre 1918, il participe avec Ossip Brik à des discussions avec l’école du parti communiste russe du district de Viborg afin de mettre en place une organisation futuriste affiliée au parti. Baptisée Komfut, l’organisation est officiellement créée en janvier 1919 mais est rapidement dissoute à la suite de l’intervention d’Anatoli Lounatcharski.
Le poète sillonne pourtant l’Europe en ambassadeur et visite Berlin et Paris. De 1923 à 1925 il prend les commandes de la revue «LEF» à l’avant garde du futurisme. Partout on écoute ce géant à la voix de stentor célébrer la révolution dont il est le chantre. Il se met au service de l’Agence télégraphique russe (ROSTA) et conçoit les images et les textes des posters satiriques Agitprop.
Après une série de ruptures et de réconciliations, Vladimir se sépare définitivement de Lili en 1924. Il part pour une tournée de conférences à New York en 1925 et il y rencontre Elly Jones, une jeune émigrée russe et de leur passion brève, trois mois, naît une fille Patricia Jones Thompson. Il ne la reverra qu’en 1929.
Lili ne le supportera guère et les relations se dégradent avec les Brik, plus tumultueuses que jamais après son retour à Moscou sous le feu des télégrammes. Il entretient une brève relation avec Tatiana Iakovleva, nièce d’Alexandre Iacovleff, et lui dédie un poème que Lili tente d’éclipser.
Alors que la famine gronde, le cri torturé du «Treizième apôtre» plus désespéré que jamais résonne: «À bas votre amour, à bas votre art, à bas votre société, à bas votre religion ». Le 14 avril 1913, il mit fin à ses jours. Une certitude, il rédigea sa propre épitaphe deux jours avant sa mort: «Le canot de l’amour s’est fracassé contre la vie (courante). Comme on dit, l’incident est clos. Avec vous, nous sommes quittes. N’accusez personne de ma mort. Le défunt a horreur des cancans. Au diable les douleurs, les angoisses et les torts réciproques !… Soyez Heureux !».
On gueule au poète:
«On voudrait t’y voir, toi, devant un tour !
C’est quoi, les vers ?
Du verbiage !
Mais question travail, des clous !»
Peut-être bien
en tout cas
que le travail
est ce qu’il y a de plus proche
de notre activité.
Moi aussi je suis une fabrique.
Sans cheminée
peut être
mais sans cheminée c’est plus dur.
Je sais, vous n’aimez pas les phrases creuses.
Débiter du chêne, ça, c’est du travail.
Mais nous
ne sommes-nous pas aussi des menuisiers ?
Nous façonnons le chêne de la tête humaine.
Bien sûr,
pêcher est chose respectable.
Jeter ses filets
et dans ses filets, attraper un esturgeon !
D’autant plus respectable est le travail du poète
qui pêche non pas des poissons
mais des gens vivants.
Dans la chaleur des hauts-fourneaux
chauffer le métal incandescent
c’est un énorme travail !
Mais qui pourrait
nous traiter de fainéants ?
Avec la râpe de la langue, nous polissons les cerveaux.
Qui vaut le plus ?
Le poète
ou le technicien
qui mène les gens vers les biens matériels ?
Tous les deux.
Les cœurs sont comme des moteurs,
l’âme, un subtil moteur à explosion.
Nous sommes égaux,
camarades, dans la masse des travailleurs,
prolétaires du corps et de l’esprit.
Ensemble seulement
nous pourrons embellir l’univers,
le faire aller plus vite, grâce à nos marches.
Contre les tempêtes verbales bâtissons une digue.
Au boulot !
La tâche est neuve et vive.
Au moulin
les creux orateurs !
Au meunier !
Qu’avec l’eau de leurs discours
ils fassent tourner les meules !
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