La Tunisie doit œuvrer plus efficacement pour le retour de la paix civile en Libye, car une Libye plus stable pourrait lui apporter 2 points de croissance, offrir des emplois à ses nombreux chômeurs et l’aider ainsi à sortir de la crise économique et sociale où elle se morfond depuis 2011.
Par Amine Ben Gamra *
La poursuite des troubles en Libye reste une source d’inquiétude pour la Tunisie, qui en subit les conséquences depuis une dizaine d’années et qui tente de rapprocher les positions des différents protagonistes dans l’espoir d’aider à trouver une issue pacifique permettant d’écarter toute solution militaire au conflit et de stabiliser la situation politique dans ce pays voisin.
Les liens traditionnels entre les peuples des deux côtés de la frontière et leurs échanges commerciaux, en particulier entre la Tripolitaine et les régions sud de la Tunisie, pourraient se développer davantage et dépasser le cadre de la contrebande sévissant actuellement dans les régions frontalières. Le développement de ces échanges pourrait valoir à la Tunisie 2 points de croissance du PIB et lui offrir des dizaines de milliers d’emplois dont elle a besoin pour ses cohortes de chômeurs.
Certaines entreprises tunisiennes possèdent des usines en Libye qui fonctionnent au ralenti, si elles n’ont pas carrément fermé leurs portes, et qui gagneraient à exploiter leur pleine capacité.
Autre atout à exploiter davantage: les résidents libyens de longue date en Tunisie, qui constituent une importante source de revenus pour notre pays, surtout après le ralentissement des activités dans de nombreux secteurs économiques des suites de la crise sanitaire induite par l’épidémie de la Covid-19.
Rappelons que, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), les échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur durant les sept premiers mois de 2020 ont enregistré une contraction de 18,1% au plan des exportations et de 20,8% à celui des importations, comparés à la même période de l’année 2019. La baisse du volume des exportations a touché la majorité des secteurs, notamment celui du textile, de l’habillement et du cuir, marqué par un recul de 23,2% des quantités exportées, et de 27% pour les industries mécaniques et de l’électricité.
Rappelons également que le nombre de touristes libyens et algériens visitant la Tunisie a baissé, au premier semestre de 2020, de 56% par rapport à la même période en 2019, et ce, en raison de ladite épidémie, la circulation entre les trois pays voisins ayant été drastiquement réduite par les autorités.
Tout cela pour dire qu’une Libye pacifié et stabilisé agira comme un puissant moteur de croissance pour l’économie tunisienne, actuellement à bout de souffle et manque de solutions.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptable de Tunisie.
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