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La Tunisie doit se préparer aux conséquences du réchauffement climatique

Incendies de ces derniers jours dans le nord-ouest tunisien.

La Tunisie, qui fait face depuis des décennies aux phénomènes de la sécheresse, de la désertification et de la rareté de l’eau, est sérieusement menacée par l’aggravation prouvée du réchauffement climatique et doit donc se préparer très sérieusement à y faire face, comme tous les autres pays du monde. 

Par Raouf Chatty *

Les pouvoirs publics à l’échelle centrale, régionale et locale sont concernés au premier chef par cette question, la société civile et la population aussi.

Plus et mieux, ils s’y préparent à temps et anticipent, beaucoup moins seront les dégâts et meilleurs seront les résultats. Cela fera épargner au pays ressources humaines, temps, et argent.

Les inondations sans précédent qui ont eu lieu il y a trois ans dans la région de Nabeul, occasionnant des dégâts humains et matériels énormes, les dangereux incendies de forêts que le pays commence à vivre dans certaines régions, en particulier celle du nord-ouest, constituant la réserve forestière du pays, l’augmentation sans précédent de la chaleur et la hausse du nombre de jours de canicule… sont autant de faits graves qui doivent nous alerter sur les mesures à prendre très vite pour faire face à ces calamités. Depuis deux jours, Kairouan a enregistré la température la plus élevée au monde, avec 50 degrés!

Engager les citoyens à changer leurs attitudes vis-à-vis de l’environnement

Il est fondamental que l’Etat comme le peuple prennent conscience de l’urgence de se préparer désormais à ces calamités. L’Etat doit prendre les dispositions nécessaires pour engager vivement  les gens à changer leurs attitudes vis-à-vis de l’environnement…

Bref, il faut une éducation de masse pour apprendre au peuple à respecter scrupuleusement l’environnement. Avec une volonté politique soutenue par des mesures éducatives accompagnées le cas échéant de sanctions, les gens finiront par adopter de nouvelles attitudes, comme ce fut le cas avec le port des masques dans le cadre des mesures barrières de lutte contre la pandémie du Covid-19.

Malheureusement, nous constatons que les pouvoirs publics aux échelles centrale et locale sont carrément absents sur le sujet. Les médias également. Ils sont occupés par des questions beaucoup moins importantes que celle de l’environnement, en dépit du fait que ce sujet impacte, sans que l’on s’en rende compte, notre quotidien, notre santé et notre vie…

Les autorités chargées de la gestion du dossier de l’environnement doivent penser à organiser des campagnes médiatiques et sur le terrain pour faire prendre conscience aux gens de l’importance majeure de cette question.

Assainir les barrages en prévision des pluies diluviennes de l’automne

Les pouvoirs publics aux échelles centrale, régionale et locale doivent pour l’heure réfléchir aux mesures à prendre pour l’assainissement des barrages en prévision des pluies diluviennes que pourraient connaître le pays dans les prochains mois.

Les ministères concernés et les communes doivent se mettre à la tâche immédiatement: l’Agriculture, l’Environnement, l’Equipement, l’Intérieur… Ils doivent savoir qu’ils leur incombe d’anticiper et de ne pas attendre que les calamités arrivent. Un peu de bon sens et d’imagination ne font de mal à personne…

A terme, il serait indiqué que le gouvernement restructure l’actuel Office national de la protection civile en une grande Agence nationale de la protection civile à l’instar de celles qui existent dans les pays développés.

Celle-ci pourra regrouper tous les services de l’Etat concernés par la gestion des calamités : inondations, assainissement des barrages, incendies, incendies de foret, protection des récoltes.,.

Bien sûr, cette agence nationale doit avoir des services extérieurs dans les régions concernées par ces calamités, qui disposeront de plans préalables de travail coordonnés entre eux, avec des schémas préétablis pour gérer les calamités… dès leur déclenchement.

Cela permettra d’anticiper la survenue de telles calamités, de s’y préparer à l’avance à tous points de vue…, et de procéder le cas échéant à des opérations blanches sur le terrain.

Cela épargnera à l’Etat, en cas de déclaration de telles calamités, des pertes en ressources humaines,  en temps et en argent…

Les changements climatiques vont modeler profondément nos modes de vie

Un travail d’anticipation doit être fait avec les bureaux de cette agence dans les régions au moment opportun en prévision de la survenance de ces calamités dans les régions susceptibles d’en être frappées…

Cette agence nationale pourrait initier des relations de coopération avec ses homologues à l’étranger et apprendre de leurs expériences dans la gestion des calamités…

En conclusion, il faut avoir aujourd’hui présent à l’esprit que ces agences de la protection civile auront désormais un rôle fondamental à jouer dans nos sociétés modernes impactées par les changements climatiques qui vont modeler profondément nos modes de vies.

La question sera désormais au centre de l’agenda des pouvoirs publics partout au monde. La Tunisie se doit de lui accorder l’attention requise.

* Ancien ambassadeur.

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