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Le statu quo actuel en Tunisie ne plaide pas en sa faveur auprès du FMI

Alors que ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt de 4 milliards de dollars sont au point mort, en raison des développements politiques dans le pays depuis l’annonce des mesures exceptionnelles par le président de la république Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, la Tunisie n’a pas encore un gouvernement ni un vis-à-vis connu pour mener les discussions avec d’éventuels bailleurs de fonds, et notamment le FMI qui dispose de fonds importants mis à disposition des pays membres pour relancer leurs économies malmenées par la crise sanitaire de la Covid-19.

Par Amine Ben Gamra *

Le conseil des gouverneurs du FMI a, en effet, approuvé, le 2 août courant, une allocation générale de droits de tirages spéciaux (DTS) équivalente à 650 milliards de dollars (environ 456 milliards de DTS), en vue d’accroître les liquidités dans le monde. Cette allocation, entrée en vigueur hier, mardi 23 août, est considérée, à juste titre, par Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, comme «une décision historique: la plus importante allocation de DTS de l’histoire du FMI et une bouffée d’oxygène pour l’économie mondiale en cette période de crise sans précédent».

A quoi servent les DTS ?

Les DTS sont des actifs de réserve qui peuvent être échangés entre les pays en contrepartie de liquidités ou d’espèces. Chaque fois que le FMI décide d’allouer de nouveaux DTS, l’organisation agit fondamentalement comme une banque centrale internationale. Elle distribue ces avoirs de réserve à ses 190 pays membres au prorata de leurs contributions à l’organisation et de leur position économique à l’échelle mondiale. Ainsi, les pays riches reçoivent plus de DTS, tandis que les pays pauvres en reçoivent moins. La part de la Tunisie est de 700 millions de dollars en DTS.

L’avantage des DTS, c’est de venir augmenter les réserves des banques centrales et permettre aux pays en développement de se procurer des hard currencies. Ils représentent une créance virtuelle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI et permettent à ses détenteurs de se procurer ces monnaies en échange de leurs DTS. Les pays peuvent alors acheter ou vendre des DTS en fonction de leurs besoins. Par exemple, un pays en difficulté économique et qui a besoin de plus de liquidités pour effectuer ses paiements peut vendre une partie de ses DTS en échange d’espèces, en particulier des dollars américains ou des euros. Les DTS peuvent également être utilisés pour rembourser la dette d’un pays, par exemple envers le FMI, ou peuvent être détenus en garantie.

Premiers arrivés, premiers servis

Autant dire que la Tunisie, qui fait face actuellement à l’une des plus graves crises de liquidités dans son histoire et qui a besoin d’apports extérieurs pour financer son budget et pour relancer son économie en berne, a vivement besoin de ces instruments. Encore faut-il qu’elle se mette rapidement en ordre de marche, sur le plan intérieur, notamment en mettant en place un gouvernement, et en effectuant les démarches nécessaires, et à temps, auprès de ses partenaires internationaux, car les premiers arrivés sont généralement les premiers servis. Et les retardataires n’auront que leurs yeux pour pleurer…

* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.

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