Plusieurs représentants de la société civile locale se sont réunis vendredi 1er octobre 2021 pour débattre du devenir du littoral de Hammamet et particulièrement de la plage du centre-ville «plage Yasmina» en proie à une érosion sans précédent.
Par Dr Salem Sahli *
Notre but était de réfléchir à un plan d’action pour pousser les autorités en charge de la gestion et de l’aménagement du littoral à assumer leur responsabilité devant la situation catastrophique que connaît la plage de Hammamet.
D’une façon générale, sachons que la majeure partie du littoral de Hammamet, long d’une vingtaine de kilomètres, est menacée d’érosion, et ce, pour des raisons naturelles mais aussi et surtout du fait de l’action humaine. Le bilan sédimentaire de la plupart des plages, jadis excédentaire, accuse aujourd’hui un déficit.
La plage a reculé de plus de 10 m en 2 ans
Mais, c’est la «plage Yasmina», le symbole et l’emblème de la ville qui a le plus souffert de l’érosion. Les dunes bordières ont complètement disparu et c’est toute la plage qui est désormais menacée de disparition à court terme.
En effet, l’avancée de la mer, et par conséquent le recul du trait de côte, n’ont jamais été aussi important. La plage a reculé de plus de 10 m en deux ans (un rythme de recul de 5 m par an), et les experts ne sont guère optimistes quant à l’évolution ultérieure de cette plage. Près de deux hectares de sable ont été submergés par la mer entre 2012 et 2019, le Club nautique fut englouti en 2020, les canalisations des eaux usées sont à découvert depuis quelques semaines et la mer menace à présent le mur d’enceinte.
Et pendant ce temps, nos décideurs, à mille lieues des réalités, passent leur temps à se chamailler et se renvoyer la balle. La municipalité accuse l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (Apal) et cette dernière fait la sourde oreille ou assure que les études sont en cours. Pour l’Office national de l’assainissement (Onas), le déplacement ou le remplacement des canalisations est trop coûteux.
Côté décideurs, c’est circulez, y a rien à voir
Bref, un dialogue de sourds entre des institutions censées collaborer pour résoudre le problème, d’autant plus qu’il y a urgence. Et l’on continue d’ignorer les appels de la société civile locale qui, depuis des années et à maintes reprises, a tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet, organisé nombre de tables-rondes et séminaires et alerté les autorités en charge de la gestion du littoral. Mais rien n’y a fait. Côté décideurs, c’est circulez, y a rien à voir.
Les participants à la réunion ont réaffirmé leur engagement à livrer bataille pour la sauvegarde de la plage de Hammamet. Ils en appellent encore une fois aux autorités compétentes à savoir la municipalité, l’Apal et l’Onas afin de traiter ce problème de façon urgente. Car il y a vraiment péril en la demeure.
Ils accusent l’Apal et l’Onas de faillir à leurs missions. La première dont la raison d’être est la protection du littoral assiste sans broncher à la mort de la plage, tandis que le second continue de rejeter en pleine mer les eaux usées sans traitement préalable. Ont-ils songé un instant aux conséquences économiques, sociales, sanitaires et écologiques d’un tel comportement?
Les habitants, quant à eux, sont excédés devant les hésitations et les atermoiements de nos dirigeants municipaux. Ne rien faire les rend complices et s’ils n’ont pas le courage et/ou les moyens de défendre leur territoire et leurs administrés, ils ne leur reste qu’une solution : partir.
Nous demandons aux habitants, associations, organismes professionnels, syndicats, partis politiques et surtout aux jeunes de se mobiliser sur 3 fronts : une campagne médiatique offensive (conférences de presse, articles de presse, radios, télés, réseaux sociaux…); des actions citoyennes (sit-in, rassemblement, marche citoyenne, chaîne humaine…) et surtout le dépôt d’une plainte contre l’Apal, l’Onas et la municipalité de Hammamet.
SG de l’Association d’éducation relative à l’environnement de Hammamet (Aere).
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