L’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) et le Réseau Pacte mondial Tunisie (RPMT) viennent d’organiser, le 30 novembre 2021, à Tunis, une conférence intitulée «Finance durable : enjeux, état des lieux, vision pour le futur».
Le thème de cette conférence s’inscrit dans le cadre du déploiement de l’un des volets stratégiques de l’APTBEF, à savoir l’engagement RSE (responsabilité sociétale des entreprises) dans le Pacte mondial des Nations-Unies avec pour objectif de diffuser les principes du Pacte mondial et la culture sociétale au sein des établissements membres.
«Les banques et les Etablissements Financiers jouent discrètement un grand rôle et participent tous au développement de leur volet RSE depuis plusieurs années», a souligné Mohamed Agrebi, président de l’APTBEF, à l’ouverture des travaux de la conférence.
«Ce sujet revêt une importance primordiale. Notre devoir n’est pas uniquement d’être convaincus de cette responsabilité mais également de la concrétiser, soit à travers le financement ou l’accompagnement», a également ajouté M. Agrebi.
Plus d’engagement et de travail commun
De son côté, Sami Marrouki, président du RPMT, a confirmé l’existence d’une véritable dynamique au sein du secteur bancaire pour instaurer une démarche RSE. «Cet engagement de la part des banques est dicté par le besoin en Tunisie d’évaluer l’impact et les risques environnementaux et sociaux des projets financés par les banques mais aussi dicté par les bailleurs de fonds dans le cadre du suivi de l’utilisation de leurs financements», a-t-il indiqué.
«L’engagement du secteur privé est fondamental pour atteindre les objectifs de développement durable (ODDs) à l’horizon de 2030», a estimé, pour sa part, Arnaud Peral, coordonnateur résident des Nations-Unies en Tunisie, qui a appelé à «plus d’engagement et de travail commun envers des objectifs socio-environnementaux susceptibles de créer d’énormes opportunités d’investissement à travers la transformation de notre société et de notre économie».
La priorité en 2022 pour le bureau des Nations-Unies en Tunisie sera d’accompagner les efforts du pays dans l’intensification des financements des projets concrets et d’identification des mécanismes de financements vert et durable.
Dans ce même cadre, Sonia Zoghlami, directrice générale des financements au ministère des Finances, a annoncé que le Conseil du marché financier (CMF) publiera prochainement un guide de d’émission d’obligations vertes. Celui-ci a été élaboré en partenariat avec la SFI (Société financière internationale), qui fait partie du groupe de la Banque mondiale, afin de promouvoir le rôle du marché financier dans le financement des projets répondant aux besoins sociaux et environnementaux et aux impératifs de développement durable du pays.
De son côté, la Bourse de Tunis lancera demain, jeudi le 2 décembre, le guide de reporting ESG (environnement, social et gouvernance) pour les entreprises cotées. Son directeur général, Bilel Sahnoun, a émis le vœu de le voir adopté par les entreprises publiques pour jouer un rôle de locomotive et donner l’exemple. «Nous essayerons d’avoir une brochette d’entreprises la plus large possible pour avoir une même manière de communiquer sur les actions RSE », a-t-il dit.
La nécessité d’une convergence entre le système financier tunisien et les ODD, au service d’un développement durable plus résilient, plus vert et plus inclusif en Tunisie, a été par ailleurs rappelé par Asma Bouraoui Khouja du Pnud Tunisie.
Meilleure utilisation des ressources financières
«L’aide au développement telle qu’elle a été pensée, n’a pas été suffisante car elle n’est pas seulement l’affaire de l’Etat mais aussi du secteur privé qui joue un rôle moteur en la matière», a-t-elle estimé, soulignant que durant la période d’avant Covid-19, un important gap annuel avait été constaté au niveau mondial en termes de financement du développement durable, de l’ordre de 2500 milliards de dollars. «Avec la pandémie, le besoin a augmenté de 1000 milliards de dollars. La finance durable amène à une meilleure résilience et une meilleure utilisation des ressources financières», a ajouté l’intervenante.
Fathi Hanchi, directeur général de l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME), a rappelé pour sa part les objectifs de réduction de la consommation nationale de l’énergie de 30% ainsi que la part des énergies renouvelables dans le mix électrique à 30% à l’horizon 2030. «Ces deux objectifs contribuent à hauteur de 75% de notre objectif climatique portant sur la réduction de l’intensité carbone de 41% à l’horizon 2030 par rapport à 2010», a-t-il expliqué, indiquant que le montant global des investissements pour atteindre ces objectifs s’élèvent à 19 milliards de dollars d’ici 2030. Il a saisi l’opportunité pour rappeler le rôle «très important à jouer par les banques et les établissements financiers» dans cette démarche.
Cléo Fulchiron d’Expertise France a présenté de son côté la ligne Sunref de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Union européenne (UE) qui constitue un exemple de ligne de financement vert mise en place en partenariat avec 4 banques tunisiennes afin de promouvoir la dépollution, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
Recommandations :
La conférence a donné lieu à un ensemble de recommandations par plusieurs intervenants :
– mise en place de mécanismes de garanties pour les petites entreprises;
– formation des équipes internes du secteur bancaire aux projets verts et aux énergies renouvelables;
– construction de véritables stratégies et objectifs en termes de portefeuille pour les banques tunisiennes avec obligation de publication;
– développement de produits financiers verts;
– prise en compte des risques du dérèglement climatique et d’unir tout le secteur bancaire pour une nouvelle offre de financement transformationnelle et durable;
– relance des investissements dans les secteurs productifs et durables à travers une amélioration des incitations financières et fiscales, l’encouragement et l’incitation à la finance durable, responsable et éthique ainsi que l’amélioration de la gouvernance de la gestion des avantages.
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