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Tunisie : Kaïs Saïed et la collision avec la réalité

Kaïs Saïed / Elyes Kasri.

Les difficultés qu’éprouve le président de la république Kaïs Saïed à mettre en œuvre les décisions qu’il a annoncées le 25 juillet et le 22 septembre relatives à l’«état d’exception», et la loi de finance 2022 annoncée par le gouvernement Najla Bouden «semblent être les premiers jalons de ce que les Américains appellent la collision avec la réalité».

C’est ce qu’affirme l’ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne, Elyes Kasri, dans un post publié aujourd’hui, jeudi 30 décembre 2021, où il estime que le chef de l’Etat aura beaucoup de mal à mettre en route son projet politique personnel, défendu par ses partisans, et qui se fonde sur une rupture radicale avec ce qui a le plus profondément marqué l’histoire de la Tunisie et la construction de son Etat moderne.

«Le gouvernement à partir de la base invoqué par les compagnons et inspirateurs de Kaïs Saïed pourrait être une vue de l’esprit défendable dans un club ou un café intellectuel mais ne pourra certainement pas constituer le fondement d’un programme politique tenant compte des réalités intérieures et internationales actuelles de la Tunisie», écrit le diplomate. Et ajoute : «Ceux qui s’obstineront a vouloir l’imposer en l’état actuel des choses en Tunisie finiront par se résigner à l’antipode de leurs convictions en invoquant des contraintes objectives précédemment occultées mais apparues de toute évidence insurmontables. Les 25 juillet, 22 septembre et la loi de finance 2022 semblent être les premiers jalons de ce que les américains appellent la collision avec la réalité.»

Cette «collision avec la réalité», on commence à en observer les premières manifestations, notamment à travers les volte-face successifs du président Saïed, qui a été contraint de signer des lois et de prendre des décisions non conformes à ses propres vues et ses souhaits, comme il l’a affirmé lui-même à propos de la loi de finances 2022, qu’il dit avoir signé à contrecoeur.

«A force de secousses et de chocs, la Tunisie s’enfonce inexorablement dans la crise et le désespoir propices au sentiment de résignation et son instrumentalisation aussi dommageable que préjudiciable, rendant encore plus problématique toute possibilité de sortie de crise si jamais il en restait une», conclut Elyes Kasri.

I. B.

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