Une équipe réduite des services du Fonds monétaire international (FMI) se rendra, fin mars 2022, en Tunisie, afin de poursuivre les discussions avec les autorités, concernant un nouvel accord de financement. Parions que la négociation sera très dure d’autant que l’agence de notation Fitch Ratings vient de réviser à la baisse la note souveraine de la Tunisie de «B –» avec perspectives négatives à «CCC». Difficile de tomber plus bas pour une économie qui était qualifié de pré-émergente dans les années 1990. C’est à croire qu’une dictature éclairée sied mieux à nos pays sous-développés.
Dans sa note, l’agence a souligné, dans un communiqué publié vendredi 18 mars, que «l’opposition sociale enracinée et les frictions permanentes avec les syndicats limitent la capacité du gouvernement à adopter des mesures d’assainissement budgétaire fortes, compliquant les efforts visant à sécuriser le programme du FMI», mettant ainsi le doigt sur l’un des drames de notre pays qui, en plus de la mauvaise gouvernance qui y règne depuis 2011, est atteint par un mal chronique : une centrale superpuissante conduite par des dirigeants extrémistes. Et cela, aucun dirigeant politique n’ose le dire clairement et chercher à y faire face, par calcul politique, par opportunisme et, surtout, par lâcheté.
Bientôt, le toit tombera sur nos têtes à tous et personne ne sera épargné, à commencer par les extrémistes de tous les camps, qui ont mené le pays sur la pente suicidaire actuelle.
Fitch Rating a indiqué que l’abaissement de la note au catastrophique «CCC» reflète «des risques de liquidité budgétaire et externe accrus dans le contexte de nouveaux retards dans l’accord sur un nouveau programme avec le FMI, après les changements politiques de juillet 2021, qui est nécessaire pour accéder à la plupart des créanciers officiels».
Opposition sociale enracinée et les frictions permanentes avec les syndicats
Fitch a rappelé qu’elle n’attribue généralement pas d’Outlook (perspectives) avec une notation de «CCC» ou moins. Elle a souligné que l’opposition sociale enracinée et les frictions permanentes avec les syndicats, limitent la capacité du gouvernement à adopter des mesures d’assainissement budgétaire fortes, compliquant les efforts visant à sécuriser le programme du FMI.
«Parallèlement à la hausse des prix des produits de base, la lenteur de la mise en œuvre des réformes pourrait conduire à une situation où la restructuration de la dette est nécessaire pour la viabilité de la dette, même dans le cadre d’un programme avec le FMI», a ajouté Fitch Ratings.
«Cependant, le gouvernement a fermement déclaré qu’il n’envisageait pas une restructuration de la dette et la Tunisie ne s’est jamais engagée avec le Club de Paris», a souligné Fitch.
L’agence de notation a estimé que le déficit du compte courant restera élevé à 8,5% du PIB en 2022, contre 7,8% en 2021.
Les salaires et les intérêts absorberont près de 70% des revenus
«Nous prévoyons que les revenus s’amélioreront en 2022 avec l’expansion de l’économie et l’expiration des mesures d’exonération fiscale, mais cela sera largement compensé par l’augmentation des subventions aux prix du carburant, du gaz et des céréales et par une charge d’intérêts croissante», avertit l’agence. Et d’ajouter : «Les salaires et les intérêts absorberont près de 70 % des revenus et continueront de limiter considérablement, la flexibilité budgétaire malgré un gel des embauches», soulignant l’un des maux chroniques de l’économie tunisienne, un sureffectif et une masse salariale du secteur public qui absorbent l’essentiel des ressources nationales.
Tout en prévoyant que le déficit se réduira à 6,9% du PIB en 2023, en grande partie grâce à la baisse des dépenses de subventions énergétiques et alimentaires, l’agence ajoute : «Nous prévoyons que la dette extérieure atteindra 84 % en 2022 et 84,7 % en 2023».
Les besoins de financement du gouvernement sont élevés en raison de l’important déficit et des échéances de la dette qui s’établiront à 9,2% du PIB en 2022 et 8,9% en 2023.
Pour l’agence de notation, un accord avec le FMI qui succèdera au programme qui a expiré en 2020 reste essentiel pour le financement extérieur, car la Tunisie a perdu l’accès aux marchés internationaux. Bien que l’engagement des créanciers publics extérieurs à aider la transition démocratique de la Tunisie et à contenir les flux migratoires à travers la Méditerranée reste fort, le soutien financier de nombreux partenaires est lié à un accord avec le FMI.
Sans un accord avec le FMI, la Tunisie perd l’accès aux marchés internationaux
L’Agence a rappelé que le budget de la Tunisie pour l’exercice 2022 suppose qu’un programme du FMI soit mis en place d’ici le milieu de l’année et que la Tunisie recevra environ 4 milliards de dollars de financement extérieur, sur la base d’un accord avec le FMI portant sur un prêt de 700 millions de dollars.
«Notre scénario de base suppose un accord sur un programme du FMI au deuxième semestre de 2022, avec des décaissements conditionnés à l’adoption de certaines réformes», a indiqué Fitch Ratings. «Cela entraînerait probablement des retards supplémentaires dans les décaissements des fonds des créanciers officiels par rapport au calendrier budgétaire, outre les risques d’exécution», a-t-elle ajouté.
«Nous nous attendons à ce que la Tunisie continue de compenser le faible financement extérieur en empruntant massivement auprès de sources nationales», note encore Fitch.
L’agence estime aussi que, malgré les progrès réalisés pour combler la divergence de positions entre le gouvernement et le syndicat sur le programme de réforme, il existe une forte opposition sociale aux réformes fiscales et peut-être des événements politiques controversés à venir, tels que le référendum constitutionnel prévu (juillet 2022) et élections législatives (décembre 2022).Cela signifie qu’un accord pourrait ne pas être atteint et que le gouvernement pourrait avoir du mal à mettre en œuvre les réformes convenues requises pour les décaissements prévus du FMI.
Dans un scénario sans réforme, la Tunisie pourrait finalement être considérée comme nécessitant un traitement du Club de Paris avant d’être éligible à un financement supplémentaire du FMI, avec des implications pour les créanciers du secteur privé.
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