Les éléments d’information révélés par les autorités tunisiennes sur les circonstances du naufrage du navire de transport de pétrole Xelo, vendredi 15 avril 2022, à 7 kilomètres des côtes de Gabès, dans le sud-est de la Tunisie, laissent penser qu’il s’agit d’un navire poubelle utilisé par des contrebandiers qui profitent de l’anarchie régnant en Libye pour faire leur business dans cette zone située au cœur de la Méditerranée traversée par un grand nombre de bateaux.
Par Imed Bahri
Cette piste est privilégiée par un grand nombre d’observateurs en se basant sur le fait que le navire échoué est très vieux (il a pris la mer le première fois en 1977), qu’il transporte une petite quantité de gasoil (750 tonnes), que son équipage compte seulement 7 hommes, dont le capitaine et le mécanicien, qu’il a subi des réparations dans le port de Sfax entre le 4 et le 8 avril, que l’équipage a été changé dans sa totalité avant le départ de Sfax et que sa trace a été perdue entre le 8 et le 15 avril, date du message de détresse envoyé aux autorités du port de Gabès, soit six jours d’activité dans la zone située entre les côtes libyennes, tunisiennes, maltaises et italiennes, dont il va falloir éclaircir la nature et l’objet.
Selon les 7 membres de son équipage, secourus avant que le navire ne sombre, le Xelo faisait route vers l’île de Malte, venant du port de Damiette, en Egypte, information qu’il va falloir vérifier avec les autorités portuaires égyptiennes.
Pas de fuite de carburant n’est constaté pour l’instant
En attendant d’en savoir plus sur la nature des activités du cargo pétrolier et les causes de son naufrage, une bonne nouvelle, toutefois : lors d’une conférence de presse tenue dimanche 17 avril 2022, conjointement avec la ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui, son collègue du Transport, Rabii Mjidi, a affirmé qu’aucune fuite de carburant n’a été constatée depuis le naufrage du cargo à sept kilomètres des côtes de Gabès, ajoutant que ses cuves étaient bien fermées, et ce conformément aux données fournies par les membres d’équipage et aux résultats des opérations de plongée effectuées par une équipe de la marine nationale pour inspecter la coque du navire et s’assurer de son état.
M. Mjidi a aussi affirmé que les plongeurs s’activent pour attacher le bateau aux remorqueurs qui assureront son renflouement et une opération de pompage est également prévue pour retirer le fioul présent dans les cuves, affirmant que cette opération est aussi délicate que compliquée, nécessitant une très grande adresse. On apprendra, dans la soirée, que ces opérations ont commencé avec l’aide des équipes spécialisées de l’armée nationale.
Toujours selon M. Mjidi, des mesures ont été prises pour limiter le risque de pollution et des barrières antipollution ont été installées autour de la zone du naufrage du cargo, de 58 mètres de long sur 9 mètres de large, qui s’est posé à une profondeur de 20 mètres sous l’eau dans une zone sablonneuse, ce qui a permis d’amortir le choc et d’éviter des détériorations au niveau des cuves et, par conséquent, des fuites de carburants.
Des zones d’ombre persistent dans le récit de l’équipage
Les fuites d’huile observées jusque-là par les plongeurs sont minimes et proviennent du moteur du navire, a aussi précisé le ministre, qui a fait savoir qu’une enquête a été ouverte et que l’équipage est en train d’être interrogé pour comprendre les raisons du naufrage du navire, tout en saluant les pays, notamment l’Italie, qui ont exprimé leur disposition à apporter une aide logistique pour faire face aux conséquences de cet accident.
Rappelons que l’équipage du Xelo avait demandé à entrer dans les eaux territoriales tunisiennes, vendredi soir, alors que leur navire, sous l’effet des mauvaises conditions météorologiques, prenait l’eau et commençait de couler, selon eux. Mais aucune hypothèse n’est pour le moment écartée et des doutes sérieux pèsent sur le parcours et la nature des activités du navire que les enquêteurs tunisiens doivent éclaircir. Dans un communiqué publié dimanche, le ministère du Transport a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’une enquête maritime sur le naufrage du Xelo «selon la loi maritime nationale et les conventions internationales dans l’objectif de préserver les droits de l’Etat tunisien».
«L’affaire exige de prendre en compte les circonstances réelles du naufrage, de vérifier la nature de l’activité du navire et de s’informer sur ses déplacements durant la période écoulée pour prendre toutes les mesures juridiques nécessaires en fonction des résultats des investigations», a encore indiqué le communiqué.
(Avec Tap).
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