Nous reproduisons ci-dessous l’analyse publiée aujourd’hui par la page Facebook Economics for Tunisia , animée par l’économiste Moktar Lamari, présent à Washington, sur l’ambiance et les enjeux, mis en avant ou passés au second plan, des Réunions du Printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).
La Tunisie, et le groupe de pays de son poule (Maroc, Tunisie, Libye, Algérie, Iran, Afghanistan) ont émis un communiqué, dans la nuit du 22 avril 2022 exprimant leur solidarité avec l’Ukraine. C’est le gouverneur de la Banque centrale de l’Algérie qui a signé le communiqué au nom des pays du groupe.
Mais le communiqué insiste sur le fait que les discussions et efforts du FMI) et du BM ne doivent pas éclipser les autres enjeux et urgences figurant dans l’agenda des discussions des Rencontres du Printemps qui se tiennent à Washington du 18 au 24 avril.
Il faut dire que les tensions sont montées d’un cran aujourd’hui, entre d’un côté les ministres des Finances du G7 et le reste des ministres du G20.
Les pressions sont venues, alors que le FMI multiplie les efforts de financement et les programmes d’appui à l’Ukraine au point d’oublier d’autres pays en guerre et d’autres pays en quasi-faillite et qui attendent impatiemment de l’appui du FMI.
Les ministres des Finances ont malgré tout avalisé le lancement d’un nouvel instrument d’aide du FMI doté de 40 milliards de dollars dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et la pandémie de Covid.
La guerre conduite en Ukraine par la Russie a hanté l’ensemble des réunions alors que la croissance mondiale s’étiole, que l’inflation resurgit, que la crise alimentaire menace, sans oublier la pandémie de Covid qui perdure.
Le monde risque une division en blocs géopolitiques rivaux
A l’issue des discussions du G20, aucun communiqué final n’a pu être élaboré en raison des divergences de vues quant à la condamnation de l’agression russe en Ukraine. Même constat après la réunion du comité politique du FMI (CMFI) – où seule une déclaration de Nadia Calvino, sa présidente, a pu être approuvée par une majorité de pays membres.
Discussions intenses et fermes ont émaillé les différentes enceintes multilatérales pour évoquer les questions de fond, comme la croissance mondiale, la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant, la hausse des taux d’intérêt, la lutte contre la pandémie de Covid-19 et le réchauffement climatique.
A l’issue de ces réunions de printemps, les pays membres du Fonds ont toutefois donné leur accord pour la création d’un nouvel instrument au FMI. Il est destiné à aider les pays à faire face aux questions climatiques et de santé. Quelque douze pays riches se sont engagés à fournir 40 milliards de dollars à ce nouveau fonds.
Concernant l’Ukraine, les pays du G7 ont promis de fournir environ 14 milliards de dollars d’aides financières et matérielles. Le temps presse alors que le FMI a confirmé les besoins financiers du pays mis en avant par le gouvernement. «Nous estimons qu’au cours des deux à trois prochains mois, quelque 5 milliards de dollars par mois pourraient être nécessaires simplement pour permettre au gouvernement et à l’économie de continuer à fonctionner au milieu de la guerre», a commenté, jeudi, la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva. Cette dernière n’a pas manqué aussi de rappeler que le monde risque une division en blocs géopolitiques rivaux.
Un besoin de clarté pour retrouver la confiance
«Ces tensions font craindre une nouvelle fragmentation du système monétaire international. L’éviction de certaines banques russes du système Swift n’a pas donné lieu à un report massif vers le système chinois CIPS. Cela dit, il faudra, une fois la guerre en Ukraine terminée, reconstruire un système multilatéral qui donne davantage confiance, y compris aux pays émergents et en développement. Dans cet esprit, par exemple, l’objectif du G20 de parvenir d’ici à 2027 à une amélioration significative des paiements transfrontières reste essentiel. Et nous devons amplifier résolument le rôle international de l’euro comme pôle d’équilibre du système monétaire mondial», a expliqué le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, présent à Washington pour ces réunions.
Si les appels en faveur de l’arrêt du conflit en Ukraine se sont multipliés, il n’en reste pas moins que la conjoncture mondiale fait face à un ralentissement de la croissance et à une résurgence, sans doute plus longue que prévu, de l’inflation. Les banques centrales vont devoir expliquer clairement quelles sont leurs intentions en matière de resserrement monétaire afin d’éviter une déstabilisation des marchés, a commenté Nadia Calvino.
«Aux Etats-Unis, le niveau élevé de l’inflation et la forte demande motivent aux yeux des dirigeants de la Fed une remontée rapide des taux d’intérêt. Le risque de déstabilisation des pays émergents semble moindre par rapport aux années antérieures, notamment parce que la position extérieure de ces pays, en particulier en Amérique latine, est meilleure. Pour la zone euro, l’année 2022 doit clairement être orientée vers une normalisation de la politique monétaire. Il reviendra au Conseil des gouverneurs de juin de préciser le calendrier des prochaines étapes», a indiqué le gouverneur de la Banque de France.
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