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Le Tunisien Yamen Manai lauréat du Prix Texto 2022 pour son roman «Bel abîme»

Le prix littéraire Texto 2022 a été décerné au Tunisien Yamen Manaï pour son roman «Bel abîme» (éditions Elyzad, Tunis, septembre 2021, 120 pages).

Ce prix a cherche à promouvoir la littérature contemporaine au sein de la communauté universitaire et de partager le goût de la lecture entre tous ses membres. Il couronne le roman du Tunisien parmi une sélection de six ouvrages d’auteurs émergents dont les récits, au langage singulier et accessible, délivrent un discours original sur le monde contemporain.

«Bel abîme» a su toucher les étudiants de l’université Sorbonne Paris Nord, qui lui ont décerné le prix Texto.

Le roman nous donne à entendre la voix d’un jeune homme de 15 ans dont on ignore le nom, originaire de Tunis, qui se retrouve interrogé par son avocat commis d’office et son psychiatre pour des faits graves. Pourquoi a-t-il tiré sur son père, sur un agent municipal, sur le maire, etc. ? Au nom de quoi ? Est-il terroriste ?

Le jeune homme raconte, il en a gros sur le cœur, et n’a visiblement plus rien à perdre depuis longtemps. Il vit dans un monde froid, rigidifié par des principes religieux absurdes, énoncés des siècles plus tôt et réécrits, réinterprétés. Il a été élevé par des adultes violents (son père, ses enseignants) ou complices passifs (sa mère). Aussi, quand il perd ce qu’il a de plus cher, il part en vrille. 

«Quel âge j’ai ? Quinze ans. Cela vous étonne ? A me voir et à m’entendre parler, je fais plus ? Ça, c’est indépendant de ma volonté, je ne l’ai pas choisi, pas plus que dans son arbre, un fruit choisit d’être ou non irrigué par le soleil. C’est la vie qui a décidé pour moi et je peux vous dire qu’à l’intérieur, je me sens vieux de mille ans.»

C’est un cri de rage et de fougue, sorti de la bouche de cet ado qui n’a été épargné ni par sa famille, ni par son pays qui laisse les jeunes sans avenir et les pauvres sur le carreau même post printemps arabe.

L’auteur fait monter la tension et l’empathie sur une centaine de pages, avec une grande finesse et même de l’humour – celui du désespoir, sans doute.

Né le 25 mai 1980 à Tunis, Yamen Manaï est un écrivain tunisien vivant à Paris. Après des études d’ingénieurs à Paris, dans le domaine des nouvelles technologies de l’information, il découvre la vie littéraire française et peu à peu se met à écrire en français.

Ses quatre précédents romans tiennent du conte philosophique, engageant le lecteur à une réflexion sur le monde actuel : dictatures, fanatisme religieux et écologie. Chacun de ses romans a reçu des prix littéraires, en France et en Tunisie, notamment le Comar d’or pour La Marche de l’incertitude en 2010 et  L’Amas ardent en 2018, et le Prix Alain Fournier pour La Sérénade d’Ibrahim Santos, en 2012. L’Amas ardent a aussi reçu le Prix des cinq continents de la Francophonie.

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