Le corps judiciaire, en grève depuis le 6 juin et pour la troisième semaine consécutive, souffre d’une très mauvaise réputation dans l’opinion publique en Tunisie qui dénonce l’actuelle grève, d’autant qu’elle intervient à la veille des longue vacances judiciaires.
Les magistrats en grève se sont rassemblés jeudi 23 juin 2022 devant le siège du Tribunal de première instance de Tunis, dans ce qu’ils ont appelé une «journée de colère», organisée à l’appel de la Coordination des structures judiciaires. De nombreux magistrats et avocats ont pris part au rassemblement organisé pour protester contre la décision du président Kaïs Saïed de révoquer 57 juges.
S’exprimant à cette occasion, le président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmadi a déclaré : «Quarante-cinq des cinquante-sept juges révoqués n’ont aucune affaire pendante devant les tribunaux et n’ont jamais été interrogés», ajoutant que la décision du président Saïed de révoquer 57 juges est un «massacre judiciaire, professionnel et humanitaire» et que les magistrats visés par le décret présidentiel n°561 ont été révoqués «parce qu’ils n’ont pas obéi aux instructions et aux diktats de l’exécutif».
Le laxisme d’un corps judiciaire peu respectueux des lois
Anas Hmadi a également déclaré que «le limogeage de nos collègues était basé sur des ‘rapports de police’ et des ‘allégations’ de ‘blogueurs suspects’ qui manipulent à volonté les dossiers personnels des magistrats en toute impunité». Ce qui est pour le moins inexact, d’autant que beaucoup de ces juges sont poursuivis dans des affaires de corruption et d’atteinte à la sécurité de l’Etat, mais ils restent impunis, car ils bénéficient du laxisme d’un corps judiciaire qui se croit au-dessus des lois et qui confond sa mission nationale et ses intérêts corporatistes.
Il convient de préciser que 3 des 57 magistrats révoqués ont entamé mercredi 22 juin une grève de la faim pour protester entre autres contre la décision de leur révocation. Et de rappeler que les magistrats ont observé, en 2020, une grève qui a duré plus d’un mois, et c’était pour exiger des augmentations salariales substantielles, qu’ils ont d’ailleurs eues. Ce qui a porté un grave coup à l’image de leur corps, qui souffre d’une très mauvaise réputation dans l’opinion publique qui, faut-il le rappeler aussi, dénonce l’actuelle grève, commencée le 6 juin et qui intervient à la veille des longue vacances judiciaires, et soutient encore, en majorité, la décision présidentielle.
I. B. (avec Tap).
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