Le Parti destourien libre (PDL) dénonce ce qu’il considère comme une tendance du pouvoir en place à «la marginalisation du rôle des femmes sur la scène publique et la réduction délibérée de leur participation à la prise de décision nationale en utilisant seulement leur nomination aux plus hautes responsabilités pour redorer son image sans leur permettre d’avoir un quelconque pouvoir de décision.»
Le PDL a estimé dans une déclaration générale publiée dimanche 25 septembre 2022, à l’issue de la Rencontre nationale des femmes dirigeantes, tenue samedi, que cette situation «affectera négativement l’avenir des femmes occupant des postes de direction».
Dans le même temps, le parti dirigé par Abir Moussi, a condamné «le silence total de la désignée Première ministre et de ses ministres face aux dépassements du président, sa violation des lois nationales et internationales, et son piétinement des droits et des libertés des Tunisiens en général et des droits des femmes en particulier.»
Le PDL a également déploré la ratification du décret n° 55 modifiant la loi électorale et l’acceptation de la suppression de l’obligation de parité dans les candidatures et de l’abandon de toutes les garanties légales d’accès des femmes au Parlement, reprochant à la cheffe du gouvernement et à ses ministres de trahir la principes bourguibiens par l’instauration d’une société déséquilibrée et d’une scène politique patriarcale qui ne respecte pas l’égalité entre les femmes et les hommes.
Le dangereux déviationnisme de l’UNFT
Le parti de droite libérale, donné gagnant des législatives par tous les sondages, mais qui a annoncé son boycottage de principe de ce scrutin, a, par ailleurs, fait part de son «profond mécontentement face à l’échec des associations de défense des droits de l’homme, des organisations nationales et des associations actives dans le domaine des droits des femmes dans leur opposition aux pratiques, aux décisions et aux législations discriminatoires à l’égard des femmes et menaçant leurs droits acquis», tout en condamnant ce qu’il considère comme «une déviation de l’Union nationale des femmes tunisiennes de ses objectifs et son silence suspect face à la violation des droits des femmes, son abandon de sa noble mission et son déni flagrant de sa glorieuse histoire.»
Le PDL s’est dit également surpris que «l’Onu Femmes et toutes les associations, organisations et institutions étrangères actives en Tunisie sous le signe du soutien à la démocratie, aux droits de l’homme et à la suprématie du droit n’aient pas agi pour soutenir les femmes tunisiennes contre la violence et l’atteinte à leurs droits, eu égard la violation délibérée par le président de la république des conventions internationales contre la violence et la discrimination à l’égard des femmes.»
A cet égard, le PDL a appelé l’organisation onusienne à «ne pas reconnaître la légitimité du processus électoral qui viole les normes internationales», selon le communiqué.
D’autre part, le parti de Mme Moussi a exprimé sa «solidarité avec les femmes travaillant dans des conditions inhumaines et avec les militantes du secteur agricole et des divers autres secteurs fragiles touchés par la crise économique et financière actuelle», appelant «les organismes de l’État à les prendre en charge et à trouver des moyens de financement et d’assistance technique pour les aider, assurer des capacités logistiques pour préserver leurs vies et prendre des mesures juridiques pour assurer l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes dans tous les domaines.»
Le PDL a également appelé la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) à «utiliser ses prérogatives pour dissuader les médias qui véhiculent une image offensante des femmes et les plateformes qui banalisent délibérément les violences faites aux femmes en hébergeant leurs auteurs, ce qui est considéré comme une normalisation avec ce crime et un encouragement à le perpétrer».
Solidarité avec les femmes iraniennes
D’autre part, et après avoir déclaré son soutien au soulèvement des femmes iraniennes suite au décès de la jeune femme Mahsa Amini, le PDL a «mis en garde contre la composition attendue du parlement issu des prochaines élections et qui est susceptible d’être composé de personnalités politiques issues des organisations ayant ouvertement annoncé leur alignement sur les pays gouvernés par des régimes ne reconnaissant pas les droits des femmes et ayant affirmé leur détermination à inciter Kaïs Saïed à s’en rapprocher», dans une limpide allusion à l’Iran duquel le frère du président, Naoufel Saïed, n’a jamais fait mystère de sa proximité idéologique.
Le PDL a enfin dénoncé ce qu’il considère comme «le soutien continu de Kaïs Saïed aux organisations des Frères (musulmans, Ndlr) fidèles au mouvement extrémiste taliban et appelant à revenir sur les droits des femmes, à l’instar de la soi-disant Union internationale des oulémas musulmans», ainsi que la persistance du chef de l’Etat «dans le refus de fermer leurs bureaux et les expulser de Tunisie malgré leur implication avérée dans le crime d’envoi (de jihadistes tunisiens, Ndlr) vers des foyers de tension, et ce en dépit des appels répétés en ce sens d’un grand nombre de personnes».
Il a également averti contre «la poursuite du soutien à de telles organisations», tout en permettant à leurs dirigeants de ne pas rendre des comptes à la justice, «ce qui augmente les risques de suppression délibérée de l’État civil et d’application de l’article 5 (de la nouvelle constitution, Ndlr) relatif à l’application des objectifs de la charia».
Et le PDL de conclure en appelant toutes les forces vives de la société à «être pleinement vigilantes pour protéger le modèle de société tunisien.»
I. B.
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