Chokri Latif : «L’avenir des droits de l’homme en Tunisie est incertain»

Le cadre juridico-politique actuel en Tunisie laisse entrevoir «un risque sérieux de retour des anciennes pratiques de torture et d’impunité», a averti le président de l’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT), Chokri Latif, en faisant état de nombreux cas de morts suspectes suite à des actes de «violence excessive» et de «tirs à balles réelles» lors de descentes de police.

Chokri Latif s’exprimait lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’organisation à Tunis mardi 13 décembre 2022 pour présenter les rapports d’activité 2021 et 2022 de l’OCTT.

La Première ministre Najla Bouden s’est abstenue d’assister à toute réunion avec des organisations de la société civile, avant la présentation du rapport tunisien sur la situation des droits de l’homme devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, a ajouté Latif. «Il y a tellement d’indices que l’avenir des droits de l’homme en Tunisie est incertain», a-t-il souligné, en citant la suspension de la constitution de 2014 et son remplacement par un autre «présidentialiste», ainsi que la proclamation de l’état d’urgence, le 25 juillet 2021.

Latif a également évoqué la préparation des élections législatives du 17 décembre à travers une commission électorale «sur mesure» et le remplacement du Conseil supérieur de la magistrature par un Conseil «provisoire».

De son côté, le secrétaire général de l’organisation Mondher Cherni a indiqué que 90% des victimes de tortures sont des hommes, ajoutant que 65% des cas concernent des jeunes, tandis que 28% des victimes sont des personnes âgées et 7% des enfants.

Il a également indiqué que 58% des violations ont été commises dans le Grand Tunis et 28% dans le nord-ouest, ajoutant que 70% des violations ont été perpétrées par la police, 16% dans les prisons et 14% par la garde nationale. La plupart des violations étaient des cas de violence et de mauvais traitements, a-t-il souligné.

Cherni a souligné la nécessité de consacrer l’abolition de la peine de mort, rappelant que les tribunaux tunisiens ont prononcé 48 condamnations à mort au cours de l’année écoulée, ce qui soulève des questions sur la constitution du 25 juillet.

D’après Tap.

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