Tunisie : Ismaïl Sahbani, l’UTT, l’UGTT et le pouvoir en place

Depuis sa fondation en 2011, l’Union des travailleurs tunisiens (UTT) n’a existé jusque-là que par intermittence. Ses sorties publiques coïncident généralement avec les moments de froid entre le pouvoir en place et la direction de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Ce qui est le cas aujourd’hui…

Sortant de sa léthargie habituelle, le fondateur et secrétaire général de l’UTT, Ismail Sahbani, ouvrier métallurgique qui avait fait ses armes au sein de l’UGTT dont il est un ancien secrétaire général, a profité de l’ouverture du 3e congrès national de son organisation, tenue samedi 29 avril 2023 à Hammamet, pour faire entendre sa voix en appelant le gouvernement à assumer ses responsabilités face à la flambée des prix et à la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens.

Il a aussi déclaré que le syndicat se préoccupe des affaires intérieures du pays en plus de son rôle syndical et s’engage à préserver les intérêts des travailleurs et les acquis de la nation, ajoutant que ce 3e congrès qui comprend 3 volets (social, économique et politique) débouchera sur un certain nombre de recommandations illustrant les positions et le plan d’action du syndicat pour la prochaine étape.

Sahbani a, par ailleurs, appelé le gouvernement à assumer pleinement ses responsabilités afin de maintenir l’équilibre du marché, d’augmenter les salaires et de faire face aux «lobbies exerçant des pressions sur le secteur économique qui sont à l’origine de la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens».

«Ce congrès permettra d’évaluer les étapes précédentes, de prospecter l’avenir de l’UTT et de déterminer sa position par rapport aux événements politiques à venir, notamment les élections présidentielles de 2024», a-t-il précisé.

Le secrétaire général de l’UTT a réitéré son appel au gouvernement et à la présidence de la république à assumer leurs responsabilités dans la réforme du secteur économique, soulignant la nécessité d’accorder une attention particulière à la région de Gafsa et au bassin minier afin de résoudre les problèmes auxquels est confrontée la production de phosphate.

En critiquant ainsi le pouvoir exécutif, Sahbani cherche à prendre ses distances vis-à-vis de Carthage et de la Kasbah et de faire taire les critiques qui dénoncent sa proximité de fait avec le pouvoir exécutif et sa volonté de se présenter comme une alternative potentielle à l’UGTT dont les passerelles du dialogue avec la présidence de la république sont quasiment coupées.

I. B.

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