La Bibliothèque Sabatino Moscati au Musée national de Carthage abrite, depuis le 27 juin courant et jusqu’au 30 septembre 2023, une exposition intitulé «Du crayon au clic. Les antiquités d’Afrique du Nord de Luigi Balugani, aujourd’hui».
L’archéologue et photographe italien Luigi Vigliotti a fait une restitution du périple en Afrique du Nord, vers la moitié du 18e siècle, de son compatriote le Bolonais Luigi Balugani (1737-1770), archéologue et historien orientaliste, en compagnie du célèbre explorateur écossais James Bruce (1730-1794).
Deux cent cinquante ans plus tard, Vigliotti a effectué des allers retours en Tunisie et en Algérie pour repérer les lieux des anciennes ruines romaines par lesquelles est passé Balugani au cours de son expédition légendaire.
Cette aventure photographique qui traverse le temps et les siècles a donné lieu à une belle restitution des lieux à travers un traitement graphique.
Ouverte au grand public, l’exposition «Du crayon au clic» constitue un travail artistique de haute qualité et donne à voir des photographies qui mènent vers des temps lointains et un cadre de vie totalement différents.
Daouda Sow : «Ce qui nous unit est beaucoup plus important que ce qui nous divise»
Cette exposition dont le vernissage eut lieu, mardi 27 juin, est organisée par l’Institut culturel italien de Tunis (IIC) et l’Ecole archéologique italienne de Carthage (Scuola Archeologica Italiana di Cartagine – Saic).
La cérémonie a été marquée par la présence de Fabrizio Saggio, ambassadeur d’Italie en Tunisie, Fabio Ruggirello, directeur de l’IIC à Tunis, Attilio Mastino, président de la Saic et plusieurs autres archéologues et historiens.
La partie tunisienne a été représentée par Daouda Sow, directeur général de l’Agence de mise en valeur et du patrimoine et de promotion culturelle de Tunisie (AMVPPC), Boutheina Maroui, directrice de recherche à l’Institut national du patrimoine (INP) et l’’historien et archéologue Samir Aounallah, président de l’Association archéologique et historique de Carthage.
Boutheina Maroui a parlé d’«une magnifique exposition qui nous offre l’opportunité de partager une richesse culturelle, artistique et archéologique tuniso-italienne où figurent des monuments africains». La collection exposée dans la Bibliothèque Sabatini Muscati rassemble une documentation historique et archéologique de très haute importance qui peut nous aider à commémorer des monuments archéologiques et retracer un urbanisme qui a évolué avec le temps, a dit la représentante de l’INP.
Pour Daouda Sow, cette exposition illustre «les liens entre la Tunisie et l’Italie et ce qui nous unit : l’amitié et la passion». «Ce qui nous unit à travers cette passion ce n’est pas uniquement l’histoire de l’archéologie, mais c’est aussi la rencontre entre les deux cultures», a expliqué le chercheur.
Sa vision va ainsi vers la valeur humaniste disant que «ce qui nous unit est beaucoup plus important que ce qui nous divise», et ce en allusion aux drames de la migration dans la Méditerranée. A cet égard, il déclaré: «Nous devons nous battre tous les jours sans répit, pour que l’animal qui somnole en nous ne prenne pas le dessous sur notre humanité», ajoutant que ce type de rencontre illustre cette idée.
Il a encore évoqué le rôle de la Saic en tant que «passerelle culturelle qui se poursuit depuis un certain nombre d’années, tout en saluant les chercheurs italiens dévoués à la recherche archéologique entre la Tunisie et l’Italie.»
Fabrizio Saggio: «Le rôle des missions archéologiques italiennes en Tunisie sera renforcé en 2024»
Fabio Ruggirello a adressé ses remerciements à la Saic, à l’AMVPPC et à l’INP pour leur collaboration dans l’organisation de cette exposition qu’abrite le magnifique siège de la Bibliothèque Moscati nichée au cœur du Musée national de Carthage. «Ce genre d’initiatives est très important pour nous», a-t-il affirmé, tout en insistant sur l’importance de «travailler ensemble pour préserver et mettre en valeur les sites historiques, témoignage incroyable de l’ingéniosité humaine».
L’Italie est actuellement présente en Tunisie à travers 17 importantes missions archéologiques dans différentes régions de la république, ce qui est, quantitativement, assez peu, a estimé le directeur de l’IIC qui est un universitaire, spécialiste de l’histoire et de la culture.
A cet effet, il a annoncé un projet pour mettre en valeur la présence des richesses archéologiques italiennes en Tunisie qui sera élaboré, avec le soutien de l’ambassade d’Italie à Tunis. L’objectif serait de faire connaître cet héritage commun auprès des experts mais aussi le grand public, a encore dit Ruggirello qui compte sur la collaboration de l’INP et de l’AMVPPC.
Dans le même contexte, l’ambassadeur italien a affirmé qu’en 2024 sera organisée la première journée de toutes les missions archéologiques en Tunisie, dans le but de valoriser davantage cet important segment du partenariat italo-tunisien, qu’est l’archéologie.
Fabrizio Saggio a déclaré que «ces missions font partie de la politique du gouvernement italien pour renforcer le partenariat avec la Tunisie selon une approche globale qui ne se limite pas au volet économique, commercial ou migratoire, mais s’étend à tous les secteurs d’activité dont l’archéologie en particulier».
Le diplomate a assuré que ce dossier était au centre de ses précédents entretiens avec la ministre des Affaires culturelles, ajoutant l’Italie ambitionne de devenir le premier pays partenaire pour les missions archéologiques en Tunisie.
A propos de la Sccuola Archeologica Italiana di Cartagine
La Saic, qui est au cœur de ce projet, vise à promouvoir la coordination entre les initiatives de la coopération italienne, à soutenir les opportunités de recherche, de formation et de diffusion des connaissances, à valoriser les contributions de chaque initiative individuelle, à contribuer activement au dialogue interculturel et aux politiques de développement de la Tunisie et plus généralement des pays du Maghreb.
La Saic de Tunisie est présidée par l’Italien Attilio Mastino entouré par un conseil scientifique composé de Piero Bartoloni (président d’honneur), Sergio Ribichini (secrétaire), Michele Guirguis (trésorier), Antonio M. Corda, Savino di Lernia, Maria Antonietta Rizzo, Pier Giorgio Spanu et Alessandro Theatini.
Inaugurée en 2016, cette institution est la voix de la communauté scientifique italienne intéressée par les anciennes civilisations méditerranéennes, en relation avec les sciences historiques, archéologiques et anciennes, l’histoire de l’art, la conservation, la mise en valeur et la restauration du patrimoine culturel.
Près d’une centaine de chercheurs sont actuellement inscrits à la Saic qui regroupe de membres du département d’histoire, des sciences humaines et de l’éducation de l’Université de Sassari, l’Institut d’études sur la Méditerranée antique (CNR de Rome), le département d’histoire, du patrimoine culturel et du territoire de l’Université de Cagliari et l’AMVPPC.
Parmi ses membres, des responsables de projets de recherche dans les pays d’Afrique du Nord et des représentants des institutions signataires d’accords de collaboration transfrontalière, des membres «honoraires» et autres «méritoires» qui soutiennent les activités de la Saic par des dons.
L’École archéologique italienne de Carthage a plusieurs sièges, en Italie et en Tunisie. Le siège principal et statutaire se trouve auprès de l’Université de Sassari, en Sardaigne, alors que le centre opérationnel en Tunisie est basé à l’IIC, à Tunis.
D’après Tap.
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