Les ONG étrangères en Tunisie «droitdelhommisent», «citoyenisent», et «démocratisent». C’est avec ce discours que l’Irak et l’Afghanistan ont été détruits. Cette logorrhée aura vécu. C’est du bla-bla-bla. Le soutien occidental sans condition au génocide toujours en cours par l’occupant sioniste en Palestine a démontré que tous ces mensonges ne sont valables que lorsqu’ils servent les intérêts blancs et judéo-chrétiens. Explications…
Par Mahmoud Gabsi *
ONG = Organisation non gouvernementale. Faux. Ce sont en réalité des OG. Donc gouvernementales. Elles sont comme les médias dits libres, mais qui sont soumis aux ordres de leurs gouvernements, donc mobilisables de tout temps, surtout en temps de guerre.
Le GI, le soldat d’élite américain est le diminutif de «Government issue», l’issue gouvernementale. Lui au moins il est clair : là où il passe c’est la mort et la destruction assurés. Il n’a jamais prétendu être un non gouvernemental. Et comparaison n’est pas raison.
Les grandes lignes d’une ONG sont le but non lucratif de son action; l’indépendance financière; l’indépendance politique et la notion d’intérêt public.
Les vocations des ONG sont nombreuses, développement, sanitaires, droits de l’homme, d’opinion…
Nous constatons qu’en théorie, les objectifs visés sont nombreux. Mais dans la pratique, il n’y en a que quatre. Dis moi qui tu sers et je te dirai qui tu es. La règle est que les ONG servent :
1 – Les intérêts de leur propre gouvernement. 2 – Les intérêts des autorités locales. 3- Les intérêts de certaines parties tunisiennes, politiques, économiques, culturelles et religieuses. 4 – Les intérêts du peuple et de la société civile tunisiens.
Nous allons nous intéresser à la première catégorie, en l’occurrence ceux qui servent leur gouvernement étranger et qui sont classées comme défendant la liberté d’opinion et les droits humains. Ce n’est ni un procès d’intention, ni un amalgame. Nous relevons des tendances générales pour nourrir le débat d’autant que le sujet est en ce moment sur la sellette.
Histoire, idéologie et philosophie des ONG
D’un point de vue historique, les ONG émanent des «œuvres» et autres «institutions de bienfaisance» occidentales. En majorité d’obédiences religieuses, elles ont muté au fil du temps pour les besoins de la cause. Au départ, elles étaient des intermédiaires dans la résolution des conflits et poussaient l’Etat à être actif par le biais du lobbying et en mobilisant l’opinion publique. Elles sont très centralisées et hiérarchisées. Dès le départ, elles ont fonctionné comme des institutions de pouvoir, avec des têtes pensantes, des gestionnaires et des bénévoles…
Le pays donateur est intransigeant : chaque sou investi doit rapporter soit un marché économique, un positionnement militaire ou une percée stratégique. Le «donateur» est présent à travers ses valeurs dans toutes les actions de développement et de culture. Tout doit passer par le prisme de ses intérêts, sinon il quitte le pays. C’est un outil de politique extérieure, le fameux «soft power» : atteindre ses objectifs sans l’usage des armes.
Dans ce qui vient d’être décrit et ce n’est qu’un cas de figure, car il y en a plusieurs, nous sommes dans l’ONG classique qui défriche le terrain politique pour faire passer le culturel, l’économique, le militaire et le stratégique. C’est le premier maillon pour installer la soumission et la dépendance à l’intérieur du pays d’accueil qui n’a le plus souvent rien demandé. Tout se joue dans les officines étrangères qui fonctionnent comme des multinationales.
Certaines puissances mondiales cumulent de manière ostentatoire les outils de leur présence à l’étranger. Elles installent des bases militaires, des entreprises économiques qui gèrent les ressources minières et des centres culturels pour faire passer leur vision du monde. Dans ce cas, l’ONG devient le dernier maillon de la chaîne. Par le biais de la culture : centres de langue, universités et églises camouflées, L’Etat conquérant «ami» et «développeur» légitime en douceur la nouvelle colonisation, «The way of life» tant décrié prend souche.
Les missionnaires d’hier et d’aujourd’hui
Quand le pays d’accueil est faible, il se produit souvent un ethnocide, c’est-à-dire qu’une culture détruit une autre jusqu’à la réduire en un simple folklore. Dans le passé, les églises chrétiennes étaient chargées par les royautés d’accomplir cette œuvre d’anéantissement identitaire. Elles le faisaient dans le sillage des armées qui massacraient les indigènes ou les réduisaient à l’esclavage. Cette christianisation forcée s’est produite dans les Amériques, en Afrique, en Australie et en Polynésie. Le but était la conquête des territoires et l’exploitation des ressources.
Les ONG ont repris le flambeau des missionnaires religieux. Mais à défaut de christianiser de front, ils le font de biais : ils «droitdelhommisent», «citoyenisent», et «démocratisent». C’est avec ce même discours que l’Irak et l’Afghanistan ont été détruits. Cette logorrhée aura vécu. C’est du bla-bla-bla. Le soutien occidental sans condition au génocide toujours en cours par l’occupant sioniste en Palestine a démontré que tous ces mensonges ne sont valables que lorsqu’ils servent les intérêts blancs et judéo-chrétiens. Ces théories sont de l’intox, elles sont divisibles et ne concernent le grand Sud que lorsqu’il se laisse soumettre à l’ordre libéral, capitaliste, conservateur et ethnique qui domine aujourd’hui la planète.
Au XVIIIe siècle, les Européens ont colonisé la planète avec un autre discours : civiliser les sauvages et les protéger. La suite est connue de tous.
Dès qu’il s’affirme en tentant d’être indépendant et de disposer librement de ses richesses, l’Arabe, le Noir ou l’Asiatique devient la cible de tous. Imaginons un seul instant que face aux Occidentaux qui soutiennent et financent les génocidaires sionistes, les pays producteurs de pétrole qui sont presque tous sudistes et pour faire pression, cessaient d’exporter l’or noir à ces derniers. Quelle sera la position des ONG occidentales? Elles écouteront la voix de leur maître bien sûr!
A l’exception des ONG qui font l’urgence sanitaire et alimentaire lorsqu’elles ne s’implantent pas durablement, toutes les autres ont les desseins que nous avons cités plus haut. Seules les méthodes de travail changent pour faire diversion, mais la philosophie est inébranlable.
Ces éléments peuvent nous éclairer sur ce qui motive toujours aujourd’hui les ONG étrangères. Pour ce qui est du passé, un certain nombre d’entre elles étaient présentes en Tunisie pendant le règne de Ben Ali. La méfiance légendaire du général qui était aussi un expert en renseignement a fait que ses services contrôlaient la société civile. A partir de 2011, tout à changé. Les Tunisiens ont crée des milliers d’associations et ils ont fondé une multitude de partis politiques. Et à l’étranger là où la Tunisie n’a pas que des amis, le mot était donné : c’est le pays où il faut s’installer. D’Occident, mais surtout d’Orient, les ONG ont débarqué. Et la question est la suivante : quel a été le rôle joué par ces organisations dans la décennie noire par laquelle le pays est passé et que faut-il faire maintenant pour assainir la société civile qui est le cœur battant du pays?
* Sociologue à Tunis.
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