Hier, lundi 54 décembre 2023, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), annonçait que la famille de Farhat Hached, assassiné par la France coloniale, le décembre 1952, lui a cédé gratuitement la maison de son fondateur, à Kerkennah, archipel au large de Sfax, dans le but de la transformer en «Musée Hached de Kerkennah».
Aujourd’hui, la Tunisie commémore le 71e anniversaire de l’assassinat du leader national, qui a payé de sa vie son combat pour l’indépendance du pays et pour la cause sociale et syndicale.
Noureddine Hached, fils du défunt leader syndical, qui a signé, hier, la convention cédant la maison de son père à l’UGTT, a déclaré, au nom de la famille Hached, que le musée sera doté de photos du leader et de certains de ses effets personnels et sera ouvert aux visiteurs tunisiens et étrangers désireux de découvrir une étape importante dans l’histoire nationale de la résistance au colonialisme.
Le petit-fils du leader national et syndical, architecte de son état, établira les plans du musée, a indiqué, de son côté, l’UGTT.
Né le 2 février 1914 dans la région d’Al-Abbasia sur l’île de Kerkennah, dans le gouvernorat de Sfax, Farhat Hached est issu d’une famille modeste, son père étant marin pêcheur. Scolarisé, le jeune garçon obtient son certificat d’études primaires, mais le décès de son père le contraint à interrompre ses études pour travailler dans une compagnie maritime de la ville de Sousse. Il était autodidacte et a réussi à parfaire son éducation culturelle et politique grâce à la lecture et à ses activités syndicales.
Hached a commencé très tôt son militantisme syndical. En 1936, il adhère au syndicat des transports de la Confédération générale du travail (CGT) française et milite en son sein, ce qui lui permet de mener avec succès une grève ouvrière en 1937. Son activité syndicale lui coûtera cependant son travail, qu’il devra quitter en 1939.
Lorsqu’il s’installe à Sfax en 1943, Farhat Hached reprend son activisme syndical au sein du Syndicat des travailleurs de Sfax, jusqu’à un désaccord l’année suivante avec le syndicat régional affilié à la CGT française, qui le pousse à la quitter et à fonder, avec un certain nombre de ses camarades, la Fédération des syndicats indépendants du Sud, laquelle revendique l’égalité des droits entre les travailleurs tunisiens et leurs homologues français, avant de se lancer dans la lutte pour l’indépendance du pays, alors sous protectorat français.
Au début de 1952, les négociations d’indépendance entre la Tunisie et la France se soldent par un échec, ce qui conduit les autorités françaises à faire arrêter le chef de file du mouvement nationaliste, Habib Bourguiba et plusieurs autres leaders politiques.
Le régime colonial décide alors d’imposer des restrictions sur les déplacements, des lois d’exception et d’interdire toute activité politique. C’est à cette époque que le rôle de l’UGTT émerge et que Farhat Hached commence à organiser des sections du syndicat pour mener la lutte pour la libération nationale. A cet effet, il se rend en Belgique, puis aux États-Unis pour faire entendre la voix de la Tunisie lors du débat sur son indépendance au Conseil de sécurité de l’Onu.
Ces activités provoquent la colère des colonialistes français, notamment ceux de l’organisation terroriste «La Main rouge» collaborant avec les services de renseignement français, qui mettent à exécution la menace d’assassinat du leader de l’UGTT.
En 2011, l’UGTT et la famille Hached demandent la déclassification des archives concernant l’assassinat de Farhat Hached, et le 5 juillet 2013, la famille Hached reçoit ces archives, à l’occasion de la visite officielle du président François Hollande en Tunisie.
Ces archives des ministères français des Affaires étrangères et de la Défense, confirment l’implication directe du SDECE dans la surveillance du leader syndical. Parmi ces documents, un télégramme que le résident général De Hauteclocque envoyait au ministre des Affaires étrangères, le 16 mai 1952, insistant sur le danger que représente, selon lui, pour la France, le secrétaire général de l’UGTT. Il se termine par cet appel au meurtre : «Seule l’annihilation de Farhat Hached permettra d’avoir le calme».
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