Scandale à Carthage : «Mezoued we rboukh fi Beit Al-Hikma !»

Une polémique enfle autour de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beit Al-Hikma, qui a prêté (ou loué) l’ancien palais beylical où elle est logée pour le tournage d’une série télévisée comique. Cela n’a pas été du goût de certains…  

Par Imed Bahri

C’est le critique et animateur culturel Mohamed El-May qui a soulevé cette polémique dans un post Facebook hier, vendredi 22 mars 2024, en faisant part de sa «grande surprise» en regardant un épisode de la série comique diffusée en soirée depuis le début du mois de ramadan sur la chaîne Nessma Ejdida intitulé ‘‘Super Tounsi’’, dont l’essentiel des séquences a été tourné dans les locaux de Beit Al-Hikma, a-t-il affirmé.

La série, écrite par Zine El-Abidine Mastouri et réalisée par Kaïs Chekir, réunit une pléiade de stars du petit écran, notamment Kamel Touati, Karim Gharbi et Ghassen Hamraoui, Lobna Sdiri et autres Sofien Dahech.       

«Il s’agit d’une institution de souveraineté. On peut avoir des avis divergents sur ses performances, mais nous sommes tous d’accord sur le fait qu’elle est dédiée aux savants, aux penseurs et aux élites du pays», écrit Mohamed El-May. Et de se demander : «Comment peut-on la transformer en un espace commercial que peut louer n’importe qui pour y faire ce qui bon lui semble, comme d’y tourner des épisodes d’une série comique, avec des femmes qui changent leurs sous-vêtements dans une pièce et, dans une autre, mezoued, bendir, tabal et zakkar (instruments de musique populaire, Ndlr)?»  

Tout en affirmant qu’il a eu du mal à croire ses yeux, l’auteur du post s’est demandé «comment des savants et des gens qui se disent fiers d’être membres de cette institution savante ont-ils laissé faire ? Est-ce ainsi que nous traitons nos institutions intellectuelles et scientifiques?».

Rappelons que l’ancien palais beylical, où Beit Al-Hikma est logé depuis sa création en 1983, avait été confisqué à la famille des derniers beys de Tunis par l’Etat tunisien au lendemain de la proclamation de la république en 1957. Au début des années 1970, c’est Habib Bourguiba Junior qui avait mis son grappin dessus et l’avait utilisé comme une boîte de nuit au nom ô combien évocateur de Zéro Conduite, en en faisant le rendez-vous incontournable des cancres noctambules de la capitale, ce qui n’a pas manqué de provoquer l’ire de son président de père.

Qui a dit que l’histoire est un éternel recommencement ?

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