Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a rejeté la décision d’interdire la couverture médiatique de l’affaire dite de «complot contre la sûreté de l’Etat», estimant que «la précensure des contenus médiatiques» est en contradiction avec les principes de la Constitution tunisienne et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Dans un communiqué publié jeudi 25 avril 2024, le SNJT a souligné que le contrôle de la production journalistique dans le secteur audiovisuel relève des compétences de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), ajoutant que «le pouvoir judiciaire n’a pas le droit d’exercer un contrôle ou une surveillance sur le contenu des médias sous prétexte de préserver la confidentialité de l’enquête».
Cette déclaration du SNJT intervient après que Kholoud Mabrouk, journaliste de la radio privée IFM, et le représentant légal de la radio, Hamed Souayeh, ont été convoqués, mercredi, par la 5e Brigade centrale spécialisée dans la lutte contre les crimes liés aux technologies de l’information et de la communication de la Garde nationale d’El-Aouina. Tous deux ont été entendus au sujet des entretiens qu’ils ont réalisés avec l’ancien ministre Mabrouk Korchid, prévenu en fuite, et avec Me Samir Dilou, membre du comité de défense des prévenus dans l’affaire dite «complot contre la sûreté de l’État», dont une décision judiciaire interdit la couverture médiatique.
Cela intervient également après que le procureur de la république près le tribunal de première instance de Tunis a interdit la diffusion d’un épisode de l’émission télévisée ‘‘Les Quatre Vérités’’ présentée par Hamza Belloumi sur El-Hiwar Ettounsi qui aborde la question du chantage sexuel des enfants.
Au même moment, plusieurs journalistes sont incarcérés ou poursuivis en justice pour avoir diffusé des contenus médiatiques.
Le SNJT a appelé le pouvoir exécutif à réactiver la Haute instance indépendante de la communication audio-visuelle (Haica), le régulateur audiovisuel mis en veilleuse depuis le début de l’année, ajoutant que la comparution de journalistes sur la base de textes juridiques autres que le décret 115 de novembre 2011 relatif à la liberté de la presse «constitue une violation flagrante de la liberté d’expression et de la presse.»
I. B.
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