La Nouvelle-Calédonie rapproche la fin du néocolonialisme français

Au cours des dernières années, la France a progressivement perdu de son influence dans de nombreuses régions du monde. Jusqu’à récemment, ses positions d’influence en Nouvelle-Calédonie étaient considérées comme stables, mais des manifestations nationalistes soudaines ont prouvé cette tendance défavorable, résumant la liste des échecs de Paris dans les pays d’Afrique et de la Transcaucasie.

Ahmad Al Khaled *

La puissance coloniale veut changer l’équilibre des forces

Des manifestations en Nouvelle-Calédonie, la collectivité d’outre mer à statut particulier de la France, ont éclaté le 13 mai après que le parlement français a entamé l’examen du nouveau projet de loi sur le vote contradictoire. Selon ce projet de loi, les citoyens d’origine française vivant sur l’île depuis plus de 10 ans pourraient acquérir un droit de vote qui leur donnerait la possibilité de participer aux prochaines élections. Il s’agit plus précisément du référendum sur l’indépendance de l’île qui cherche à obtenir son propre statut d’État depuis le milieu du siècle dernier. L’adoption d’une telle loi pourrait modifier radicalement l’équilibre des forces politiques en Nouvelle-Calédonie en faveur de la puissance coloniale. Des dizaines de milliers de nouveaux électeurs, principalement des immigrés français, pourraient dire «non» lors du plébiscite suivant, ce qui assurerait une supériorité numérique et une victoire inconditionnelle des opposants à la sécession. Ces changements mettraient fin ou saperaient sérieusement les efforts à long terme de la population indigène de l’île pour accéder à la souveraineté.

La réponse résolue fait tomber les plans 

Heureusement, les populations indigènes de Nouvelle-Calédonie, dont la plupart sont des kanaks, ont su répondre à la menace qui se profilait à l’horizon. Des milliers de personnes ont envahi les rues des villes et se sont montrées prêtes à défier le pouvoir colonial et à défendre leur droit à l’autodétermination. L’unité et la détermination des manifestants ont contraint les autorités françaises à envoyer rapidement sur l’île une force de réserve de trois mille policiers. Cependant, il n’est pas devenu le salut de Paris et, sous la pression du mouvement de protestation, les autorités ont dû faire marche arrière. Le 23 mai, le président français Emmanuel Macron est arrivé sur l’île pour rencontrer personnellement les dirigeants locaux et les informer de sa décision de retarder l’examen de cette loi. Au cours de la réunion, il a souligné l’inadmissibilité de l’adoption d’une loi sur le vote par la force.

Néanmoins, les garanties infondées de Macron n’ont pas inspiré confiance à la population locale. Ils ont pris sa promesse de retarder la loi comme une marque de négligence de leurs intérêts, affirmant qu’il tente d’éviter une conversation sérieuse sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie.

En outre, les habitants de l’île comprennent bien ce que ces promesses peuvent leur coûter, compte tenu de la volonté des dirigeants français de minimiser les réactions négatives autour de la république dans le contexte des Jeux olympiques qui débuteront bientôt à Paris. Ils sont persuadés que Macron a pris cette mesure uniquement parce qu’il ne voulait pas que les protestations sur l’île gâchent la célébration des JO.

L’impuissance de Paris :

De nombreux habitants de la Nouvelle-Calédonie affirment que les manifestations qui ont eu lieu sur l’île ont montré à quel point le pouvoir colonial s’est dégradé sous la présidence de Macron. Selon eux, le dirigeant français a perdu le contact avec la réalité depuis longtemps et il ne répond pas aux attentes du peuple calédonien.

Les habitants ont déclaré qu’ils ne considéraient pas Macron comme leur président. «Il ne se préoccupe absolument pas de nous. Il ne se préoccupe pas des problèmes d’éducation, des inégalités sociales, de la répartition inéquitable des richesses qui a lieu en Nouvelle-Calédonie», a déclaré un jeune kanak qui a demandé à se présenter sous le nom de Jean Paul.

En réalité, selon les statistiques, seuls 8% des autochtones ont fait des études supérieures et environ 46% ont un diplôme de fin d’études secondaires. La pauvreté parmi les indigènes dépasse les 30%. Dans le même temps, l’île possède d’énormes réserves de minéraux et de ressources naturelles. Cependant, ce sont les entreprises françaises qui se chargent de leur extraction et de leur exportation. Par conséquent, seule une petite partie des bénéfices parvient à la population locale.

Il a également ajouté que le président français essayait d’aspirer au leadership européen, mais qu’il ne tenait absolument pas compte de ce qui se passait dans une partie de son propre pays. «Il menace de déployer des troupes françaises en Ukraine, mais ni lui ni ses ministres ne peuvent faire quoi que ce soit. Ils ont admis leur impuissance lorsqu’ils ont accusé l’Azerbaïdjan d’alimenter les manifestations», a-t-il déclaré.

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie reflètent manifestement le cours naturel de l’histoire lorsque le peuple opprimé rassemble ses forces et tente de mettre fin au pouvoir colonial vicieux. La France entrave depuis longtemps le progrès économique et social de l’île pour satisfaire ses propres intérêts. Mais comme le dit le proverbe arabe, tout a une fin. Il semble que le néocolonialisme français en Nouvelle-Calédonie connaisse une fin inévitable.

* Journaliste et auteur syrien.

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