Un palmarès non contesté.
La 28e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2017) a apporté son lot de satisfactions et de désagréments. Bons points et carences récurrentes à solutionner.
Par Fawz Ben Ali
Cette édition a pris fin samedi 11 novembre 2017 avec la prestigieuse cérémonie de clôture consacrée à la remise des Tanit, trophées convoités de cette fête du cinéma arabo-africain, après une semaine riche en projections, débats et rencontres entre artistes de tout horizon et entre cinéastes et public cinéphile.
Ainsi l’avenue Habib Bourguiba, au centre-ville de Tunis, était un véritable lieu de fête tout au long de ces sept journées dédiées au 7e art. Retour sur les moments forts d’une grande fête où, malheureusement, encore une fois, tout n’était au top.
Esprit festif et films de qualité
Les JCC ramènent toujours une ambiance festive au centre-ville de Tunis, du beau matin jusque tard dans la nuit, l’avenue Habib Bourguiba et ses alentours brillent de mille et une couleurs avec un nombre incalculable de passants et des cafés peuplés de cinéphiles qui débattent des films qu’ils ont vus ou ont envie de voir.
Ouverture avec tapis rouge, strass et paillettes.
La belle salle de cinéma à ciel-ouvert installée au cœur de la grande avenue pour des projections nocturnes gratuites a ravi les festivaliers qui ont pu également assister à des concerts de rues quotidiens célébrant toutes les musiques du monde.
Comme toujours, les JCC nous ont proposé le meilleur du 7e art, un programme de films d’auteurs d’exception a été savamment concocté par le comité artistique du festival, répondant à tous les goûts à travers différentes sections (compétition officielle et sections parallèles). Les cinéphiles ont dû être confrontés à l’embarras du choix et les membres du jury à une délibération difficile face à des créations de très haut niveau.
L’un des événements phares cette édition était la réouverture du cinéma Afric’art après une fermeture de 6 années. L’inauguration de la salle a eu lieu le dimanche 5 novembre (2e jour du festival) en présence du ministre des Affaires culturelles Mohamed Zinelabidine, pour lancer le début du focus dédié au cinéma algérien. La salle Afric’art restera désormais ouverte et on espère qu’elle sera à l’abri des «fous de Dieu» qui l’avaient attaquée en 2011 à cause d’un film qui leur a paru insultant pour leur dogmatisme religieux.
L’animation de l’avenue Bourguiba était réussie.
Depuis leur création en 1966, les JCC ont toujours été un festival populaire et non une facette de stars, d’où leur succès et leur démarcation du reste des festivals. Cette fois encore une marée humaine a envahi les salles de cinéma du matin au soir, et la plupart des projections ont été données à guichets fermés. Le public assoiffé de beaux films s’est montré très patient en faisant la queue devant les guichets dès le beau matin; l’attente était souvent interminable mais les films valaient cette peine.
La société civile a été ravie de constater que pour la première dans l’histoire des JCC un film dédié à la communauté LGBT soit diffusé et primé. En effet, le documentaire ‘‘Au-delà de l’ombre’’ de Nadia Mezni Hfaïedh a obtenu le Tanit bronze dans la section longs-métrages documentaires. La consécration d’un tel film sur les droits des minorités sexuelles en Tunisie prouve que les JCC demeurent un festival indépendant, progressiste et militant, défendant les valeurs humaines universelles.
Les longues files d’attente devant les salles de cinéma.
Une organisation inefficace, encore et toujours…
Nejib Ayed, directeur des JCC, avait promis lors de la conférence de presse que le festival ferait de son mieux pour assurer une meilleure organisation pour cette 28e édition, chose qui a toujours manqué au JCC. Cependant, le festival a encore failli à cette promesse.
Malgré les nouveaux guichets installés près du ministère du Tourisme et le système de billetterie en ligne, les files d’attente sont restées longues, beaucoup trop longues et certains festivaliers ont dû passer plus de 3 heures pour avoir leurs tickets, quitte à rater certaines projections matinales.
Le jeudi, cinquième jour du festival, a été un véritable calvaire pour le public. Le réseau étant en panne dès le matin, les festivaliers ont dû rester durant toute la journée dans les files d’attente guettant l’ouverture des guichets qui sont restés fermés jusqu’à l’après-midi sans la moindre explication ni une potentielle solution pour un aussi sérieux problème. Le public était assez unanime pour déplorer ce nouveau système de billetterie inefficace et très lent, regrettant les bons vieux tickets manuels.
Cette même journée était chaotique jusqu’à sa fin avec la première du film ‘‘El Jaïda’’ de Salma Baccar. Le retard, on commençait déjà à s’y habituer, mais ce qui avait déclenché la colère du public c’est qu’il n’a pas pu accéder à la projection alors qu’il disposait de son billet d’entrée et qu’il a dû supporter les deux heures de retard de la projection. Avec l’intervention assez violente des forces de l’ordre, cette soirée demeure un mauvais souvenir de la 28e édition des JCC.
Que faire pour faciliter l’accès aux projections? C’est la question à laquelle la direction des JCC devrait commencer à réfléchir dès maintenant pour une prochaine édition bien meilleure. En attendant, le public est convié à s’intéresser au cinéma et à envahir les salles aussi passionnément qu’il le faut durant le festival, car, les bons films ça existe aussi tout au long de l’année.
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