Quarante cinq ans après le premier colloque sur la généalogie en Tunisie, un forum maghrébin sur la généalogie et l’histoire familiale, se tiendra à Tunis du 25 au 26 avril 2024.
Hend Guirat *
Ce forum, organisé par FamilySearch en partenariat avec le Laboratoire du Patrimoine de l’Université de Manouba, les associations Nous Tous, Nissa pour la Culture et la Démocratie, et InfoScribe, prend une dimension internationale, non seulement par sa dimension maghrébine mais par l’engagement d’organisations hautement spécialisées dans le domaine des recherches généalogiques comme la célèbre Family Search, centre de recherche américain sur la question de l’histoire des familles.
La conférence, couvrira selon les programmes annoncés un large éventail de sujets liés à la généalogie et à l’histoire familiale. Ces sessions incluront des discussions sur :
• la découverte de nouvelles sources de données et des méthodes de numérisation;
• les pratiques archivistiques et les cadres législatifs;
• l’intersection entre la généalogie et la société;
• les méthodologies de recherche généalogique;
• les études généalogiques et historiques en période de crises et de conflits;
• les stratégies pour naviguer dans les généalogies familiales élitistes;
• l’exploration de l’identité et des racines ancestrales à travers les perspectives archivistiques et historiques.
De l’approche globale à l’approche familiale
Si les études généalogiques au Maghreb ont focalisé sur un seul genre littéraire comme les traités des Tabaqt relatives aux notabilités du savoir ou du pouvoir ou le genre hagiographique qui met en avant les chefs mystiques, maraboutiques et leurs influences et charismes dans l’organisation des sociétés locales notamment dans les campagnes, les thèmes du colloque actuels couvrent tous les aspects à commencer par les plus généraux (Ibn Khaldoun et la question d’al-ansab) ceux de la macro-société et tribales aux cercles des minorités religieuses et ethniques (la généalogie d’une famille chérifienne au Jerid comme El-Oqbi ou les Frachich dans la région de Thala au centre-ouest tunisien) jusqu’aux familles restreintes et localisées territorialement en Algérie, en Libye et au Maroc.
La généalogie, genre littéraire qui s’est développé au Maghreb depuis le Moyen-âge, n’a cessé de marquer l’ensemble de la pratique savante et même la tradition orale. L’art d’Al-Ansâb, et tous les récits sur l’affiliation mystique (manâqib) ou scientifique (tabaqât et tarâjim) juridiquement attestés par des arbres généalogiques (shajarât) ou des diplômes (ijazât) certifiés, étaient aussi en usage dans les stratégies de la lutte pour le pouvoir. Les lignages chérifiens ou maraboutiques, et les groupes tribaux et citadins privilégiés ont trouvé dans ce corpus l’instrument idéal pour asseoir leur domination et défendre les droits acquis par la naissance.
Des dynamiques nouvelles à l’œuvre à l’époque coloniale
À partir du XIXe siècle, la colonisation et toutes les migrations qui ont suivi, ainsi que le réformisme et les revendications égalitaristes ont reconfiguré les rapports entre le pouvoir et la société.
Parallèlement, de nouveaux usages et enjeux liés à la quête des identités et des racines se sont instaurés. Les enregistrements d’état civil et, la documentation anthropométrique de l’identité individuelle ou l’analyse ADN sont désormais les pistes privilégiées pour rétablir les généalogies et interroger l’histoire des familles et des individus.
Cette première rencontre maghrébine ouvre de nouvelles perspectives pour la généalogie et l’histoire des familles, bref pour une meilleure connaissance de nos sociétés et les mutations en cours.
Les organisateurs de la conférence
FamilySearch International estune organisation de recherche généalogique et de documentation à but non lucratif engagée depuis 1894 à aider les familles du monde entier à conserver leurs documents familiaux importants et à fournir les outils pour le faire gratuitement en ligne.
Les ressources de FamilySearch International aident des millions de personnes dans le monde à découvrir leur héritage et à communiquer avec les membres de leur famille à travers les générations. Ses efforts mondiaux incluent la collaboration avec plus de dix mille organisations gouvernementales et indépendantes dans plus de cent pays. FamilySearch International aide les individus à découvrir l’histoire de leur famille grâce à son site web, ses applications mobiles et son assistance personnelle, bénévole et gratuite, dans plus de cinq mille centres locaux d’histoire familiale répartis dans le monde.
InfoScribe est une société spécialisée dans l’étiquetage des données, fondée en France en 2016 et possédant trois filiales à Madagascar. InfoScribe se distingue par son expertise dans l’étiquetage de vidéos, d’images, de photos en 3D, de radiographies et de nuages de points. La société fournit des services de qualité supérieure dans la transcription de données, qui peuvent être utilisés pour former des modèles d’apprentissage automatique et améliorer l’expérience utilisateur dans divers domaines tels que la reconnaissance d’objets, la vision par ordinateur, la conduite autonome, etc.
Le Laboratoire du Patrimoine de l’Université de Manouba a été fondé sous le nom de «Laboratoire des régions et ressources du patrimoine en Tunisie», en 1999, avec le professeur Abdelhamid Largueche comme fondateur et directeur. Il soutient de nombreux domaines allant de l’histoire à l’archéologie en passant par l’anthropologie et la géographie. En plus des conférences et des études spécialisées, le laboratoire a joué un rôle majeur dans l’introduction de nouvelles spécialisations dans le domaine de la recherche et de l’enseignement, telles que les sciences et technologies du patrimoine, l’histoire des minorités et des marginalisés, et l’anthropologie historique.
L’Association Nissa pour la culture et la démocratie est un organisme tunisien indépendant, qui milite pour la promotion sociale et culturelle de la femme, et mettre en valeur le rôle capital de la femme pour la promotion de la culture et des valeurs démocratiques.
Par ses multiples activités, l’Association Nissa aspire mettre en relief la responsabilité sociale et culturelle de la femme, et l’importance de ses contributions à enrichir l’expression culturelle et à promouvoir les pratiques démocratiques.
Nous Tous est une association tunisienne indépendante, active dans la conservation du patrimoine et de la diffusion de la culture de la diversité. Elle pilote le projet du musée virtuel sur la diversité tunisienne.
* Enseignante chercheure, Université de Tunis.
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