La journée de vote en France pour le second tour des législatives anticipées, dimanche 7 juillet 2024, peut-être qualifiée par «le jour le plus long», tellement elle a inquiété non seulement les Français mais aussi les Européens dans leur ensemble, et même au-delà. En effet, le monde retenait son souffle en observant avec anxiété le déroulement du scrutin dans ce grand pays où l’extrême droite xénophobe était donnée gagnante.
Khemaïs Gharbi *
Considéré comme un moment décisif pour l’avenir du pays, ce second tour était perçu comme l’une des élections les plus risquées pour la France depuis des décennies.
La tension était à son comble parmi des millions de personnes et plus particulièrement parmi les communautés étrangères ou issue de l’immigration avant que le soulagement n’arrive à 20 heures avec l’annonce des premiers résultats.
Selon les premières estimations, la gauche est en pole position avec entre 172 et 192 sièges, suivi par le camp présidentiel qui compterait entre 152 et 158 sièges. Le Rassemblement national (RN) et ses alliés pourraient obtenir entre 138 et 155 sièges, tandis que Les Républicains se situeraient entre 63 et 67 sièges. Aucun parti n’atteindrait la majorité absolue de 289 sièges, laissant place à une incertitude quant à la gouvernance future du pays.
Chaque parti, bien qu’ayant défendu ses propres idées et programmes, semblait plus intéressé par le résultat de son principal rival, le RN, un parti au discours extrémiste redouté pour sa politique d’exclusion. Malgré leurs efforts pour dépasser leurs opposants, aucun des concurrents n’a pu obtenir la majorité.
Après une grande angoisse, la France se réveille donc avec le soulagement d’avoir évité le pire, mais se retrouve maintenant face à une assemblée nationale où la lutte pour le pouvoir et la gouvernance va se poursuivre dans un contexte de fragmentation politique. Les élections sont terminées, laissant planer l’impression d’une possible répétition de cette situation dans un an, à moins d’un miracle dans un pays qui n’en a connu que rarement, voire jamais ces derniers temps.
Avec une nouvelle cohabitation en perspective, un président fragilisé et une majorité incertaine constituée au terme de dures négociations sur des thèmes aussi peu consensuels que la réforme de la retraite ou le pouvoir d’achat, on peut s’attendre à des joutes homériques à l’Assemblée nationale où les profondes divergences ne vont pas tarder à réapparaître.
On peut cependant espérer que le Nouveau Front Populaire (NFP), vainqueur inattendu et inespéré des élections, saura préserver son unité de façade aussi longtemps qu’il pourra éviter les divisions en son sein et trouver des terrains d’entente avec ses éventuels futurs alliés qui ne sont pas prêt à lui donner un chèque en blanc.
Le pire, incarné par le Rassemblement national, a certes été évité de justesse, mais le danger de la division n’est pas définitivement écarté.
* Ecrivain et traducteur.