La folie furieuse de Donald Trump plane sur le Moyen-Orient

En 2025, le colonialisme occidental et la suprématie blanche semblent ne pas avoir pris une ride. La volonté du président américain Donald Trump de contraindre les deux millions d’habitants de Gaza au déplacement forcé et de s’approprier le territoire palestinien sont une démonstration de le l’arrogance, de la tyrannie du plus fort et du mépris total des Arabes et particulièrement des  Palestiniens de la part du président américain, qui prouve, ainsi, sa mentalité colonialiste, tout en foulant également aux pieds le droit international et les fondements de la politique étrangère américaine. Tous les experts voient rouge et tirent la sonnette d’alarme. 

Imed Bahri

Steven Cook, membre senior du Council on Foreign Relations et éditorialiste de la revue Foreign Policy, a déclaré que le plan de Trump visant à s’emparer de Gaza est une pure folie et que la saisie des terres palestiniennes entraînerait des crimes de guerre américains (contraindre une population civile à quitter son territoire est un crime de guerre dans le droit international) et un chaos régional. Dans son article intitulé «La pure folie du plan de prise de contrôle de Gaza par Trump», l’auteur souligne que «l’un des privilèges spéciaux du président des États-Unis est que les gens doivent prendre au sérieux ce qu’il dit aussi ridicule soit-il». Cela s’applique également à la proposition de Trump selon laquelle Washington faciliterait le nettoyage ethnique de la bande de Gaza puis, une fois cette mission accomplie, cette zone passerait sous contrôle américain. Cook a déclaré que le conflit entre Israéliens et Palestiniens nécessite de nouvelles idées et que Gaza en particulier pose un ensemble de problèmes très difficiles mais la proposition de Trump n’est pas seulement moralement dénuée de sens, elle est une pure folie.

«Mais par où commencer?», s’interroge l’auteur, sidéré. Trump insiste sur le fait que les dirigeants mondiaux et même ceux de la région soutiennent le plan, mais qui sont-ils? Les Saoudiens ont publié un communiqué officiel peu après l’apparition de Trump auprès du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu affirmant leur soutien à la solution à deux États. Quant à l’Égypte et la Jordanie, elles ont catégoriquement rejeté l’idée de transférer les Palestiniens sur leurs terres et ce, même si elles perdent la générosité américaine. Ce plan n’est même pas soutenu par les colons juifs qui veulent installer des messianiques extrémistes à Gaza et interdire l’installation de promoteurs immobiliers et d’hôtels de luxe américains.

Racisme, néocolonialisme et nettoyage ethnique

Cependant, Trump insiste sur le fait que «les gens» soutiennent son plan. Il n’a pas précisé lesquels. Ce sont peut-être ses amis avec lesquels il a des conversations téléphoniques depuis sa station balnéaire de Mar-a-Lago.

Le danger ici, selon l’auteur, est qu’en réaction à la tempête de critiques suscitées par ses déclaration sur Gaza, Trump ressente le besoin de prouver que tout le monde a tort et de persister dans sa volonté de faire du nettoyage ethnique et du néocolonialisme la politique américaine au Moyen-Orient.

Il y a également la question de la faisabilité. Il ne fait aucun doute que les forces américaines peuvent contrôler la bande de Gaza même si ce ne sera pas gratuit et que ce sera au prix de vies américaines. Malgré les vaines tentatives d’Israël, le Hamas reste bien armé. Le président s’attend-il à ce que les combattants du Hamas jettent leurs armes er rejoignent en silence la péninsule du Sinaï?

Steven Cook estime que la raison derrière l’appel de Trump à déplacer le peuple de Gaza est qu’après la souffrance et la misère qui ont duré plusieurs mois, les civils quitteront volontairement Gaza et résideront dans les beaux endroits qu’il imagine. Ce raisonnement a peut être du sens pour quelqu’un qui ne connaît ni la région ni les Palestiniens.

L’opération militaire israélienne a rasé de vastes zones de la bande de Gaza et les décombres de la guerre sont partout sauf que ce que Donald Trump et ses conseillers ne comprennent c’est que les Palestiniens, malgré tout cela, demeurent attachés à leur terre. Ils ne sont pas prêts à vivre une seconde Nakba. Ils ne seront plus déplacés. Aussi difficile que soit la vie dans la bande de Gaza, elle reste pour eux un point d’appui en Palestine et un rappel brutal de l’injustice historique qui constitue l’autre facette de la fondation d’Israël.

Trump a sapé la crédibilité des États-Unis

Trump peut nier cette réalité sauf que s’il veut déplacer la population palestinienne, il devra ordonner à l’armée américaine de le faire par la force parce que les Palestiniens ne quitteront pas leur terre. Il reste à espérer que les officiers américains rejettent ce scénario délirant au motif que c’est illégal et qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité.

Comme si tout cela ne suffisait pas, ce qui rend la proposition de Trump si irrationnelle c’est qu’elle sape tout ce qu’il prétend vouloir faire au Moyen-Orient. Le transfert de deux millions de Palestiniens de Gaza et la prise de contrôle de leur territoire mettraient fin à toute chance de normalisation entre les pays arabes et Israël. Cela mettrait fin aux accords d’Abraham que Trump considère comme sa plus importante réussite en matière de politique étrangère au cours de son premier mandat et porterait atteinte aux traités de paix entre l’Égypte et la Jordanie d’un côté et Israël de l’autre. Il s’agit de deux traités que l’Amérique considère comme les piliers de sa politique étrangère dans la région; et la décision de déplacer les Palestiniens renforcerait également l’Iran qui se trouve actuellement dans un état de faiblesse. De plus, le plan de Trump entraînerait les États-Unis dans un conflit régional, une issue que personne ne souhaite pas même Trump lui-même.

Ce dernier a oublié dans son délire que son opposition aux guerres étrangères était au cœur de ses trois tentatives pour atteindre la Maison Blanche, estime Cook. Il existe plusieurs façons de jouer au perturbateur et au saboteur mais le déplacement forcé de la population de Gaza n’en fait pas partie.

Lors de la conférence de presse avec Netanyahu, Trump a sapé la crédibilité des États-Unis et ajouté davantage d’incertitude et d’instabilité à une région qui a beaucoup souffert de ces deux phénomènes.

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