Kaïs Saïed poursuit son combat contre l’«Etat profond»

Dans pratiquement toutes ses rencontres avec les membres du gouvernement, Kaïs Saied ne cesse de mettre en avant le rôle social de l’Etat et la nécessité de prendre des mesures à caractère social dans tous les domaines, dans ce qui ressemble à une politique socialisante en rupture avec celles vaguement libérales en oeuvre dans le pays depuis les années 1990. Il l’a encore fait, lundi 26 mai 2025, en recevant, au Palais de Carthage, la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri et la ministre des Finances, Mechket Slama Khaldi.

Cette fois, et pour la énième fois, le chef de l’Etat souligné la nécessité de faire prévaloir le volet social dans la conception de la politique financière de l’Etat, et ce «à la lumière de choix typiquement nationaux», comme indiqué dans le communiqué publié à l’issue de la rencontre. Traduire : la loi de finances et le budget de l’Etat pour 2026 devraient avoir une orientation encore plus sociale que ne l’ont été ceux des années précédentes.    

Rouvrir la porte aux recrutements publics

Le peuple tunisien paie aujourd’hui un lourd tribut résultant des choix et orientations qui avaient creusé la pauvreté d’une large frange de ses élites, a encore indiqué le président de la République, en rappelant que bon nombre de crédits accordés à la Tunisie sont assortis d’intérêts qui pèsent lourdement sur la communauté nationale sans que celle-ci en tire un bénéfice. Faut-il en conclure que M. Saïed s’oppose à la politique d’endettement que suit actuellement le gouvernement ? Auquel cas, où l’Etat va-t-il trouver les financements nécessaires pour son train de vie qui s’alourdit d’année en année avec les vagues successives de recrutements dans la fonction publique, laquelle étouffe déjà sous le poids d’une masse salariale dont la moyenne est parmi les plus élevées au monde.

En effet, le budget de l’État de 2025 a fixé le montant alloué aux dépenses des salaires à 24,389 millions de dinars, en hausse de 8,1% par rapport à 2024, la masse salariale des fonctionnaires représentant ainsi 40,7% des dépenses globales du budget.

Ces chiffres ne sont pas pour impressionner le chef de l’Etat qui, poursuivant ses politiques sociales, a donné des instructions, hier, pour «rouvrir la porte aux recrutements publics dans plusieurs secteurs», soulignant qu’«il est grand temps de régulariser plusieurs dossiers découlant de l’adoption de politiques publiques d’exclusion ayant conduit à des situations intolérables».

Un seul Etat, une seul pouvoir  

Dans le même temps, le chef de l’Etat a réitéré ses critiques envers certains agents publics qui ne montrent pas le zèle requis dans la mise en œuvre des politiques de l’Etat. Il a ainsi «donné ses instructions pour ne plus tolérer une carence ou manquement émanant d’un quelconque responsable qui ne se plie pas à la politique de l’Etat et qui se prévaut de faux prétextes pour ne pas fournir des services aux usagers de l’administration dans les meilleures conditions.»

L’«État profond», qui est «facilement identifiable», doit impérativement s’éclipser à jamais, a fait savoir le chef de l’Etat, rappelant, à ce propos, qu’«il n’y a qu’un seul et unique État», celui dont les institutions émanent du libre choix du peuple, indique encore le communiqué de la présidence. Inutile d’ajouter, ici, qu’il est entendu que cet Etat est celui qu’incarne et conduit Kaïs Saïed, dans l’exclusion de toute autre source de légitimité ou de pouvoir.

I. B. (avec Tap).

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