Les outils technologiques, dont la courbe de l’évolution est exponentielle depuis quelques décennies, ont aujourd’hui un impact énorme sur le domaine bancaire et financier, mais pas seulement… En effet, ces outils ont révolutionné la plupart des secteurs d’activités.
Par Cherif Ben Younès
Afin d’illustrer ce constat, prenons deux exemples : d’abord celui des fours à pain électriques. L’avènement de ce dernier a rendu la cuisson et la vente du pain possible à l’extérieur des boulangeries, notamment dans les grandes surfaces, pour un résultat final qui est globalement proche de celui produit par un boulanger traditionnel.
Le deuxième exemple est celui des jeux. L’époque où les enfants n’eurent pas le choix, ou presque, pour se divertir que d’aller dans la rue, pour taper dans un ballon ou pour jouer à cache-cache, semble bien lointaine… Aujourd’hui, grâce aux jeux vidéo, ils n’ont plus besoin de quitter leurs domiciles pour s’amuser. Et avec la nouvelle génération de consoles, ils jouissent de la possibilité de pratiquer des jeux collectifs, à distance certes, grâce au jeu en ligne.
Une «mutation économique» provoquée par la technologie
Le point commun entre ces deux exemples, qu’on pourrait d’ailleurs multiplier, est le changement d’intermédiaires par la technologie. En d’autres termes, les acteurs économiques traditionnels ont été «désintermédiés» par d’autres acteurs. On pourrait, par analogie avec la science de la biologie, comparer ce processus avec ce qui arrive, entre autres, lors de l’évolution des espèces : la mutation. Cependant, cette «mutation économique», provoquée par la technologie, n’agit pas sur les individus, mais sur les services et les produits qu’ils consomment.
Le défi auquel les banques, notamment tunisiennes, doivent faire face pour suivre le rythme est complexe. Car le fait d’être conscient de cette évolution technologique et de la nécessité de s’y acclimater, du moins à moyen terme, ne suffit pas forcément. La difficulté vient du fait que beaucoup de ces technologies sont tellement innovantes qu’elles ne peuvent pas intégrer leurs anciens systèmes informatiques, leur imposant ainsi une sorte de rupture technologique, difficile à gérer, tant sur le plan technique que financier.
Quelles sont donc ces technologies qui mènent à cette évolution dans le monde bancaire et financier? En réalité, on peut en identifier des dizaines. Des API installées sur les téléphones intelligents, à la blockchain, en passant par les procédés de reconnaissance morphologiques, ces nouveaux entrants ont littéralement révolutionné le secteur, obligeant les établissements bancaires traditionnels à s’adapter, pour ne pas se noyer dans la concurrence.
Une véritable révolution dans les activités bancaires
L’utilité de ces nouvelles technologies bancaires est multiple. Certaines d’entre elles proposent des approches nouvelles de la relation client, d’autres permettent de créer de nouveaux produits, ou encore de changer le fonctionnement interne des établissements bancaires traditionnels, etc.
Mais comment, concrètement, ces technologies bouleversent-elles les activités financières ?
Passer par une agence est aujourd’hui indispensable pour ouvrir un nouveau compte, pour l’obtention d’un crédit, pour l’achat d’une épargne, etc. Des actes bancaires basiques qui nécessitent une présence physique… avec tous les inconvénients qui en découlent pour le client, notamment la perte de temps.
Le digital peut radicalement bouleverser ces opérations, en permettant aux clients de disposer d’offres de services plus larges, plus rapides et plus personnalisées, tout en s’épargnant le déplacement physique.
Prenons l’exemple des techniques de reconnaissance morphologiques. Celles-ci consistent en des algorithmes qui permettent, avec un degré de fiabilité quasi-parfait, de s’assurer que la personne virtuellement connectée est bien celle qui déclare l’être.
Ces techniques permettent d’élargir la gamme des services bancaires disponibles à distance, en rajoutant, par exemple, à ceux qui sont déjà possibles via le site internet de la banque, la possibilité d’ouvrir un compte à distance.
Ainsi, il devient inutile, pour s’identifier et ouvrir un nouveau compte, de passer en agence, ou de télécharger toute une série de documents aujourd’hui nécessaires au respect de la réglementation «Know your customer» (KYC). Et une fois le compte ouvert, demander un crédit en ligne devient un jeu d’enfant grâce aux applications mobiles, qui illustrent grandement, elles aussi, cette révolution technologique.
L’analyse du dossier client est un autre aspect où la technologie peut jouer un rôle important. En effet, celle-ci ne passerait plus par un comité de crédit, avec tout ce que cela implique en termes d’activités bureaucratiques fastidieuses, mais par l’analyse informatisée des données personnelles, via le traitement Big Data : de nouvelles possibilités d’exploration de l’information diffusée par de multiples médias (de connaissance et d’évaluation, d’analyse tendancielle et prospective, de gestion des risques, etc.).
De son côté, la blockchain, permet d’assurer une authenticité des données et des transactions sans passer par un tiers de confiance, étant une technologie de stockage et de transmission d’informations transparentes, sécurisées, et fonctionnant sans organe central de contrôle.
La blockchain constitue en effet une base de données (BD) qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Sécurisée et distribuée, cette BD est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.
Il existe, à cet effet, des blockchains publiques, ouvertes à tous, et des blockchains privées –destinées notamment au secteur bancaire – dont l’accès et l’utilisation sont limitées à un certain nombre d’acteurs.
Le domaine bancaire et financier pourrait aussi (mieux) exploiter l’intelligence artificielle, qui permet de remplacer l’homme dans les décisions les plus simples, et, dans l’avenir, les plus complexes. Chatbots, FAQ intelligentes, appuis d’entretien client, aide à la décision, lutte contre les fraudes, amélioration de la productivité… ce sont tous des supports fondés sur l’intelligence artificielle, ouvrant de nouveaux horizons aux banques voulant maximiser leur profit des avancées technologiques.
Ces technologies, et bien d’autres encore, pourraient être associées à de la fiction par les non-initiés, mais une grande partie ce qui a été décrit est déjà la réalité dans certains pays. Et même en Tunisie, certaines banques ont commencé à introduire ces tendances. Amen bank et Attijari bank ont, par exemple, déjà leurs banques en lignes : respectivement Amen first bank et Webank.
Attijari Bank lance Webank, la première banque en ligne en Tunisie
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